| Apprenons
à écouter la nature pour la protéger
Connaître
quoi ? Pourquoi ? Comment ? Les objectifs sont nombreux : suivre,
évaluer, (ré)agir, protéger, anticiper les
décisions, favoriser une gestion partagée, responsable
et durable de la ressource en eau, s’adapter aux changements
globaux…
Depuis
les premiers suivis réguliers de la qualité des
cours d’eau dans les années 1970, portant sur 66
paramètres, le réseau de stations de surveillance
a évolué pour concerner aujourd’hui l’ensemble
du territoire, avec près de 5 000 stations et plus de 800
paramètres couvrant la physico-chimie, la biologie, l’hydromorphologie
ou la recherche et la quantification de polluants chimiques.
Aux côtés de nombreux partenaires – État
et
administrations, Agences de l’eau et OFB, collectivités
locales, organismes de recherche, APNE... – la FNPF et le
réseau associatif de pêche de loisir contribuent
activement à l’acquisition de connaissances.
Les
cours d’eau sous étroite surveillance
Acquérir
la connaissance : l’ADN du réseau associatif de la
pêche de loisir
De
la connaissance pure permettant la caractérisation d’une
nouvelle espèce – comme le brochet aquitain ou l’alose
méditerranéenne – à la gestion en passant
par le suivi, les Structures Associatives de Pêche de Loisir
(SAPL) y consacrent des moyens humains, techniques et financiers
considérables. Elles disposent d’une expertise fine
et précieuse qui font d’elles des productrices de
données légitimes, fiables et incontournables.
Ces
dix dernières années, la FNPF a ainsi accordé
près de 4,5 millions d’euros à la réalisation
d’actions de connaissance par les structures piscicoles
: Plans Départementaux de Gestion Piscicole, Atlas de biodiversité
piscicole, listes rouges régionales, suivi d’espèces
exotiques envahissantes, études préalables et évaluation
de travaux de restauration des milieux…
Tous
organismes confondus, près de 2 000 pêches de connaissance
sont ainsi réalisées chaque année, en particulier
par les fédérations de pêche. Environ 3 000
sondes thermiques sont suivies par les SAPL en cours d’eau,
sans compter celles déployées par les autres acteurs
: syndicats, Établissements Publics Territoriaux de Bassin…
L’ensemble
des données ainsi recueillies alimentent des bases de données
offrant aux décideurs un panorama complet, fiable et actualisé
de la situation des milieux aquatiques et de leur biodiversité.
Sécuriser,
centraliser et valoriser la connaissance : la donnée au
service des écosystèmes aquatiques
Animée
par une véritable volonté de valoriser et partager
la quantité considérable de données détenues
par son réseau, la FNPF a développé le système
d’information de la pêche de loisir ou SI Pêche.
Après trois ans de travaux, une première version,
livrée à l’automne 2023, sécurise et
bancarise les précieuses informations des SAPL (1),
tout en facilitant leur exploitation et leur mise à disposition
en interne comme en externe. Les données relatives au patrimoine
piscicole – pêches d’inventaire – peuvent
dorénavant intégrer cet outil, qui sera progressivement
enrichi de toute donnée susceptible de renseigner sur l’état
permanent d’un cours d’eau : débit, poissons,
thermie, classification administrative…
Ce
nouvel outil s’inscrit dans une organisation nationale de
la connaissance de l’environnement reposant notamment sur
trois systèmes d’information fédérateurs
sur l’Eau (SIE), la Biodiversité (SIB) et le Milieu
Marin (SIMM). D’origine étatique, scientifique, associative
ou citoyenne, cet écosystème constitue le terreau
fertile de la protection. Le SI Pêche est l’un de
ses composants majeurs.
Développer
la connaissance : la pêche, un réseau exceptionnel
d’observateurs
La
nouvelle stratégie nationale biodiversité 2030 Vivre
en harmonie avec la nature, dévoilée en juillet
2023, préconise de développer et valoriser la connaissance
des données et enjeux biodiversité, rappelant ainsi
l’impérieuse nécessité de connaître
avant d’agir !
La
connaissance actuelle, bien qu’experte et dense, ne peut
suffire pour conduire une action adaptée, raisonnée
et aux effets souhaités, en particulier à l’aune
du changement climatique. Le suivi de l’évolution
thermique et hydrologique de nos cours d’eau est à
ce titre essentiel et n’en est pour l’instant qu’à
ses prémices.
Les
pêcheurs se sont ainsi portés candidats pour la mise
en place d’un véritable observatoire des milieux
aquatiques et apparaissent les plus légitimes au regard
de leur expertise reconnue, de la densité de leur maillage
et de leur présence quotidienne sur le terrain, au plus
près des écosystèmes aquatiques.
Au-delà de la température et du débit, il
conviendra d’identifier les indicateurs de cet observatoire,
afin de disposer d’une connaissance globale et en temps
réel de nos cours d’eau : pathologies diverses, actions
de renaturation entreprises, atteintes recensées...
Le
recueil de ces données et leur valorisation dans l’observatoire
revêtent un enjeu majeur au carrefour des enjeux de la Directive
Cadre Européenne sur l’Eau (DCE) et de l’ensemble
des modèles et politiques touchant l’eau de près
ou de loin – biodiversité, économie, loisirs…
–, notamment en vue de la sensibilisation des citoyens à
ces enjeux. Il ne nous est pas permis d’échouer !
(2)
Le SI Pêche contient des pêches d’inventaire
remontant pour certaines à 1972, sur la diversité
piscicole, la structure des peuplements, les évolutions
de biomasses et potentiellement les effets dans le temps du changement
climatique et des pressions subies par les milieux.
L’eau
est l’affaire de tous !
L’eau
: une ressource commune fragile
La
prise de conscience des enjeux liés à l’eau
et de la nécessité de la préserver a pris
un tournant en octobre 2000, avec l’adoption de la Directive
Cadre européenne sur l’Eau 2000/60/CE. Transposée
en droit français, elle oriente toute la politique de l’eau
vers des objectifs de résultat, parmi lesquels la non-dégradation
des ressources et des milieux, ainsi que l’atteinte du bon
état des eaux, grâce à un ensemble de mesures
fixées dans les SDAGE (2).
Malgré
une forte mobilisation, l’évaluation est sans appel
: moins de la moitié des cours d’eau et moins du
tiers des plans d’eau sont en bon état, pour des
raisons différentes – physiques, chimiques, quantitatives…
– qui parfois se cumulent. Le chemin est encore long mais
l’ambition des prochaines générations ne doit
pas être réduite.
Le
réseau associatif de pêche de loisir engagé
dans la gestion des milieux aquatiques et de leur biodiversité
Face
à ce constat, les fédérations de pêche
et leurs associations réalisent le document de référence
sur les poissons et les rivières : le Plan Départemental
de Protection du milieu aquatique et de Gestion des ressources
Piscicoles (PDPG). Construit sur la base d’une trame nationale
unique élaborée en concertation avec le ministère
de l’Écologie, et soutenue par l’Office Français
de la Biodiversité, le PDPG est réalisé avec
de nombreux acteurs du département. Il dresse un bilan
de l’état de chaque rivière et des poissons
qui y vivent, afin de proposer des solutions aux problèmes
identifiés. Pour ce faire, de nombreux outils sont mis
en œuvre : inventaires de la faune et de la flore aquatiques,
suivis physico-chimiques, recensement et caractérisation
des ouvrages, relevés topographiques... Ce document départemental
central est approuvé par le préfet.
Le
peuplement piscicole constitue un indicateur clé de l’état
de nos rivières, preuve que le travail d’acquisition
et d’analyse des connaissances effectué par les SAPL
est précieux pour éclairer la décision, mais
aussi indispensable pour la gestion et la préservation.
Partager
la connaissance pour éveiller les consciences et favoriser
l’appropriation collective
Pour
porter ses fruits et avoir la meilleure résonance, la connaissance
ne peut se cantonner à un cercle de convaincus et d’engagés.
Les actions de sensibilisation sont essentielles et doivent être
portées à toutes les échelles et par tous
les acteurs pour modifier durablement notre rapport à l’eau.
Alors
que la quasi-totalité des Français (97%) considèrent
qu’il est important de préserver les cours d’eau
et affirment y être très attachés, plus de
la moitié d’entre eux déclarent mal connaître
la flore et la faune aquatiques. (3)
Pour
combler cet écart entre lien affectif et connaissance réelle,
il est plus que nécessaire de rapprocher chaque citoyen
de sa rivière en l’éclairant davantage sur
les enjeux associés.
Il
convient notamment d’informer les citoyens des menaces qui
pèsent sur les rivières, donc indirectement sur
eux-mêmes. Plus globalement, il s’agit de les sensibiliser
aux enjeux de protection de la nature en leur proposant des actes
concrets pour y contribuer à leur mesure au quotidien :
sobriété des usages, sciences participatives, non
dégradation de l’environnement, bénévolat
associatif pour la protection des milieux… Le réseau
de la pêche de loisir s’y emploie déjà
de manière significative : en 2022, près de 15 000
interventions en milieu scolaire ou périscolaire et auprès
du grand public ont permis de sensibiliser plus de 200 000 personnes.
(2)
Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion
de l’Eau au niveau d’un bassin
hydrographique
(3) D’après le sondage FNPF / Harris Interactive
d’octobre 2023 Cours / plans d’eau et leur biodiversité
: perception et niveau de connaissance des Français et
des pêcheurs.
Et
demain, quelle ambition pour l’Eau ?
Outre le porté à connaissance, indispensable
pour éveiller les consciences, ce 3ème acte Sauvons
Nos Rivières interpelle également les institutions,
en rappelant la responsabilité et les obligations de chacun
en matière de préservation de l’environnement
et d’adaptation au réchauffement climatique.
La FNPF et son réseau associatif portent ainsi 3 revendications
essentielles pour l’avenir.
1
Créer un ministère de l’Eau
-
Défendre
l’eau et ses usages, en tant que source de vie ;
-
Définir
une nouvelle politique de l’eau circonstanciée
et ambitieuse, cohérente avec les stratégies
et planifications liées, ainsi qu’avec les autres
politiques sectorielles ;
-
Allouer des moyens humains et financiers dédiés
permettant d’amplifier les actions d’observation,
de surveillance ou de police, mais aussi de mener une politique
solide et nécessaire d’acquisition de connaissances.
2
Instaurer un nouveau rapport à l’eau
- Sensibiliser
et impliquer le citoyen sur les enjeux de l’eau, de la
protection des milieux et de la biodiversité, en encourageant
la modération des usages ;
-
Informer et accompagner les institutionnels dans une gestion
anticipée, équilibrée et équitable
du bien commun qu’est l’eau ;
-
Responsabiliser les filières économiques les plus
consommatrices en eau ;
-
Adapter la réglementation aux enjeux de l’eau et
notamment asseoir la notion de sobriété.
3
Poursuivre et mobiliser la connaissance
-
Mettre
en place techniquement et financièrement un véritable
observatoire des milieux aquatiques naturels avec des indicateurs
pérennes et partagés, dont la thermie doit constituer
un élément central ;
-
Mutualiser les compétences de l’ensemble des
acteurs dans une interdisciplinarité effective et efficace
;
-
Mettre à profit les nouvelles technologies à
l’image du SI Pêche ou de VigiEau (4)
;
-
Faire de la thermie, aux côtés du débit
notamment, un véritable outil de gestion et de décision
en matière de politique de l’eau.
(4)
Plateforme informatique du ministère de l’Écologie
renseignant les particuliers sur les éventuelles restrictions
d’eau en période de sècheresse

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