C’est un bâtiment très emblématique à
la fois d’une histoire - celle de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul
- et d’un passé commun aux générations de Parisiens
qui y ont été soignés. Le projet pérennise
ce double témoignage, tout en explorant le potentiel de reconversion
du site. L’occupation temporaire des Grands Voisins a révélé,
avant le projet, que le bâtiment pouvait recevoir une grande diversité
d’usages et les faire interagir. Le bâtiment, qui avait fermé
le cœur d’îlot dans les années 1970, est démoli
et remplacé par une construction d’un rez-de-chaussée,
avec un jardin en toiture. Ce dernier prolonge la cour de récréation,
située au même niveau, et lui offre 500 mètres carrés
en extérieur de plus que le programme le prévoyait. Autre
modification, les toits à deux pentes des ailes est et ouest, qui
étaient également des ajouts, deviennent des toitures-jardins.
Ces quelques transformations rapprochent le bâtiment de sa configuration
initiale. Elles constituent aussi un acte symbolique : toutes font place
au végétal ! Celui-ci va jusqu’à grimper sur
les murs pignon situés de part et d’autre du nouveau jardin,
dégagés par la démolition du bâtiment refermant
la cour. Pour faciliter l’installation du vivant, nous habillons
ces murs pignons de briques de réemploi disposées pour créer
aspérités, anfractuosités et débords…
L’îlot devient ainsi un support de nature et de biodiversité,
de continuités vivantes.
Pascale Dalix, fondatrice et co-gérante de l’agence
d’architecture Chartier-Dalix, chargée de la reconversion
De
la maternité Pinard au multi-équipement de quartier |
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Dans
le quartier Saint-Vincent-de-Paul, le bâtiment de la maternité
dite Adolphe Pinard, en hommage au fondateur de l’obstétrique
moderne, est conservé.
Sa mission est particulière : accueillir l’ensemble
des équipements publics municipaux, le groupe scolaire,
la crèche et le gymnase qui sont au programme du nouveau
quartier. Il doit aussi, hors temps scolaire, s’ouvrir à
d’autres usagers afin de profiter aussi à l’ensemble
des habitants du voisinage. Enfin, il abritera en son socle une
pépinière d’entreprises.
L’enjeu programmatique est évident : le regroupement
des équipements municipaux fait gagner en lisibilité,
tandis que leur ouverture hors temps scolaire permet, à
surface égale, d’offrir plus de qualité de
vie. La Ville de Paris expérimente déjà l’ouverture
des cours de récréation et de certaines salles quand
la configuration des écoles le permet. Ici, la mutualisation
est poussée un cran plus loin, puisqu’elle s’étend
à la grande majorité des locaux, impliquant aussi
une expérimentation en matière de gestion et de
ressources humaines.
Du point de vue urbain, le multi-équipement est appelé
à devenir un pôle d’animation permanent pour
le nouveau quartier Saint-Vincent-de-Paul et au-delà. Sa
programmation en fait un lieu de destination, ce qui s’accorde
bien avec sa position à l’opposé de l’entrée
du quartier située sur le boulevard Denfert-Rochereau.
Sur le plan patrimonial enfin, le multi-équipement donne
une seconde vie au beau bâtiment de briques blondes construit
il y aura bientôt un siècle, qui a vu naître
400 000 parisiens. Le projet conçu par l’agence d’architecture
ChartierDalix met en valeur - augmente ! - sa qualité originelle,
en répondant habilement aux besoins d’un programme
exigeant et ambitieux.
Perspective
générale du projet Saint-Vincent-de-Paul
© Sergio Grazia - Anyoji Beltrando |
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Adapter
pour conserver |
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Dans
les premières études du projet urbain, la maternité
Pinard est promise à la démolition. Yannick Beltrando,
urbaniste de la ZAC, plaidera pour la conservation de ce bâtiment
et l’insertion des trois équipements publics : sa
morphologie s’y prête, son gabarit dialogue bien avec
ceux des immeubles voisins de la rue Boissonnade, et il constitue
un témoin intéressant de l’architecture des
années 1930.
Deux
époques
Construit
en 1934 en brique apparente et plancher de béton armé,
le bâtiment, à l’esthétique résolument
moderne, œuvre de l’architecte Félix Debat,
présente trois ailes disposées en U autour d’une
cour centrale. Elles sont établies sur des cours anglaises
dotées de nombreux escaliers ouvrant vers l’extérieur.
Le
bâtiment Pinard en 2019
© Sergio Grazia
Le
bâtiment îlot sera fermé en 1969-1972 par la
construction d’une quatrième aile au nord, par les
architectes Marcel Desprez et André Larousse. Un parking
semi-enterré vient alors se substituer à la cour
en pleine terre.
Dialogue
compétitif
Quelque
50 ans plus tard, que conserver de cet îlot désaffecté
? Comment y loger le programme ? Au départ, ce dernier
n’est pas complètement défini. Les besoins
liés à la mutualisation, notamment, n’ont
pas tous été précisés.
Maître
d’ouvrage du projet, P&Ma pilote donc simultanément
une réflexion sur la programmation et une autre sur la
transformation du bâtiment existant, en lien étroit
avec la Ville de Paris, la Mairie du XIVe arrondissement, et les
directions concernées.
La
réflexion est élargie aux futurs usagers : des ateliers
participatifs élaborent une annexe citoyenne au
cahier des charges de maîtrise d’œuvre. Le CAUE
75 l’enrichit d’un travail effectué avec plusieurs
écoles parisiennes autour de l’aménagement
des cours de récréation.
Pour
choisir son maître d’œuvre, dans ce contexte
particulier où ni le programme ni la capacité du
bâtiment ne sont arrêtés, P&Ma organise
un dialogue compétitif. Trois équipes y participent
: Encore Heureux, Atelier O-S, et ChartierDalix. À l’issue
d’un an de travail, c’est cette dernière agence
et son projet qui seront retenus.
Retour
au bâti de 1934
ChartierDalix
supprime la quatrième aile, ce qui rouvre l’îlot
sur la Maison des Médecins, et promet aux futurs écoliers
des vues lointaines sur Paris et la Tour Montparnasse.
Le
bâtiment conservé est dédié à
l’école, à la crèche et à des
locaux associatifs. Le parc de stationnement est remplacé
par le gymnase, éclairé par des cours anglaises
; en jaune sur le dessin.
Sur
l’empreinte de l’aile démolie, un bâtiment
neuf - en bleu sur le dessin - comble un différentiel de
hauteur d’environ 3,5 m entre la cour et la rue, lié
au système des cours anglaises. Il offre au gymnase une
entrée à rez-de-chaussée et étend
par son toit la surface de la cour. Ce toit couvert d’un
jardin offre 500 m²
supplémentaires en extérieur.
Bâtiment
Pinard, en chantier
© Sergio Grazia
Sur
les ailes latérales, les toits-terrasses d’origine
sont redécouverts et transformés en toits-jardins.
Aux extrémités, deux extensions - en orange sur
le dessin - créent des locaux largement vitrés et
ouverts sur ces terrasses.
Ces
transformations rapprochent le bâtiment de sa configuration
initiale. Elles constituent aussi un acte symbolique en faisant
une large place au végétal. |
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pour offrir plus |
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Un
projet phare de la ville du quart d’heure
Le
multi-équipement est emblématique de la ville
du quart d’heure, en ce qu’il contribue à
intensifier l’offre de services publics à proximité
des lieux de vie.
Le
partage de l’espace entre trois équipements classiquement
créés dans les opérations d’aménagement
- école, crèche, gymnase - va conduire à
enrichir ces programmes de fonctionnalités en plus.
Un bon exemple est celui de la cuisine, premier cas de cuisine
de production partagée entre une crèche et une école
à Paris.
Les
accès se font par les entrées historiques du bâtiment
et leurs cages d’escalier,
réparties sur les trois ailes. La visibilité, la
verticalité et l'ornementation de ces entrées
offrent une grande lisibilité pour les futurs utilisateurs.
Par
ailleurs, posée dès le départ, l’intention
d’ouverture aux usagers tiers a stimulé la créativité
programmatique et architecturale. C’est ainsi que 2 grandes
salles de 100 m²
dédiées aux associations ont intégré
le programme ; elles seront même ouvertes toute la journée,
y compris donc pendant le temps scolaire. Un club house
est également venu compléter le gymnase, et un espace
de cuisine intégré au réfectoire permettra
de proposer des repas lors des animations de quartier.
Dédié
à la vie du quartier de 7h à 22h30
Le
multi-équipement s’ouvre presque entièrement,
à l’exception de la crèche - en majeure partie
- et de la cuisine. Son usage est accessible aux associations
pour des activités culturelles, sportives ou de formation
de type cours du soir.
Il
est important, et cela a fait l’objet d’un travail
approfondi, que les locaux soient accessibles de manière
à la fois directe et contrôlable. À cet égard,
la cour est un point de convergence facilitant les circulations
et permettant des activités dedans/dehors.
La
diversité des fonctions a conduit à multiplier les
circulations verticales et les accès. Ces derniers se répartissent
sur le pourtour de l’îlot, et animent ainsi chacune
des façades, sur une grande amplitude horaire puisqu’elle
commence à 8h le matin avec l'accueil des jeunes enfants
en crèche, pour s’achever à 22h30 avec la
fin des activités associatives.
Une
gestion mutualisée
Pour
définir les besoins, P&Ma assisté du programmiste
de l’équipe de maîtrise d’œuvre
urbaine du projet Saint-Vincent-de-Paul - Alphaville -, a animé
une réflexion collective impliquant les directions concernées
au sein de la Ville de Paris :
-
Affaires scolaires : groupe scolaire et cuisine
-
Familles
et petite enfance : crèche
-
Jeunesse
et sports : gymnase et salles de sport
-
Construction,
patrimoine et architecture
Exemple
d’utilisation de la cour pour un concert en soirée
© Chartier Dalix
La
direction des affaires scolaires a pris en charge tous les aspects
liés à la mutualisation des espaces et à
leur ouverture à des usagers tiers, avec notamment deux
questions inédites :
-
Comment
contrôler les accès et la circulation du public
hors temps scolaire au sein de l’îlot ? Cela passera
par un système d’habilitation par badges et une
seconde loge de gardien.
-
Quelle
organisation et ressources humaines mettre en place pour gérer
le multi-équipement ?
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Programme
général
Surface totale : 6 138 m² dont :
École : 2 312 m² - Crèche : 680 m² - Gymnase
: 1 655 m² - Locaux associatifs : 299 m²
Activités : 1 192 m², dont une pépinière
d’entreprises de 8 locaux de 60 à 120m²
et un commerce de 177 m². |
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Réinventer les équipements
municipaux pour qu’ils s’adaptent encore mieux aux
besoins des Parisiens et aux spécificités des
quartiers.
C’est ce que nous avons voulu faire avec le futur ensemble
Pinard, servi par une conception architecturale de grande qualité.
Ce projet incarne parfaitement l’ambition de la Ville
de Paris et de son nouveau PLUb : une ville à hauteur
d’humain, verte, proche, et attractive.
Lamia El Aaraje, adjointe à la maire de Paris chargée
de l’urbanisme, de l’architecture, du Grand Paris,
de l’accessibilité universelle et des personnes
en situation de handicap
Le
projet Pinard, unique à Paris, incarne la volonté
de l’équipe municipale d’ouvrir grandes les
portes des bâtiments publics aux habitants de tout âge,
aux associations sportives et culturelles, aux artisans, aux
commerçants. Il répond à une demande forte
des Parisiennes et des Parisiens
de disposer de lieux pour se retrouver, échanger et s’engager,
et prolonge à sa manière l’esprit coopératif
des Grands Voisins.
Carine Petit, maire du XIVe arrondissement de Paris
....
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.Le
multi-équipement Pinard
Quartier Saint-Vincent-de-Paul
............
Après l’éco-quartier
Clichy-Batignolles à Paris XVIIe, Paris &
Métropole Aménagement s’est vu
concéder d’autres opérations d’aménagement,
dont certaines sont en cours de réalisation,
comme Saint-Vincent-de-Paul (XIVe), Chapelle Charbon
(XVIIIe), Gare des Mines-Fillettes (XVIIIe).
Tous ces projets sont fondés sur une vision
prospective de l’urbanisme, et portent une grande
attention aux usages.
P&Ma a ainsi développé un forte
capacité d’innovation, dans les domaines
écologique et technique mais aussi économique,
juridique, méthodologique : participation citoyenne,
ateliers-projets…
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......

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Paris & Métropole Aménagement
(P&Ma)
Paris
& Métropole Aménagement est une
société publique locale de la Ville
de Paris et de la Métropole du Grand Paris,
pour lesquelles elle intervient en tant que :
-
Concessionnaire d’opérations d’aménagement
-
Maître d’ouvrage délégué
d’équipements ou espaces publics
-
Assistant à maîtrise d’ouvrage
: études amont ou opérationnelles
S’appuyant
sur une équipe multidisciplinaire resserrée,
P&Ma pilote ses projets en interne, tout en mobilisant
experts et partenaires dans tous les métiers de
l’aménagement et de la construction. Elle
développe ainsi une ingénierie complète
pour couvrir toutes les dimensions des projets, et ce
des premières études, à la livraison.
parisetmetropole-amenagement.fr |
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