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Les fermes de Terre de Liens en Île-de-France
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(3) Ferme de Combreux (77) : Préserver le sol en grandes cultures
en préservant la biodiversit


Présente en Île-de-France depuis 2005 sous forme d’une antenne régionale, l’association Terre de Liens Île-de-France a été créée le 3 novembre 2011. Forte de son action de terrain, de son expertise et de son maillage territorial, notre association souhaite s’imposer dans le jeu d’acteurs pour porter un changement radical du modèle agricole francilien, vers une agriculture biologique et paysanne. L’accès aux terres agricoles
est un enjeu crucial pour notre sécurité alimentaire, et notre société au sens large. Sans terre agricole, pas de paysan·nes ni d’agriculture
de proximité respectueuse de l’environnement et créatrice de liens. Pour Terre de Liens, l’effritement de notre richesse agricole,
la perte de biodiversité et le déclin des campagnes n’ont rien d’une fatalité : l’avenir peut offrir bien d’autres perspectives
aux terres et à l’agriculture paysanne. Si l’on s’en donne les moyens…

Ferme de Combreux (77) : Préserver le sol en grandes cultures  

La ferme

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Intégrer des pratiques de l’agriculture de conservation des sols à l’agriculture biologique

Agriculture de conservation des sols, agriculture biologique :
de quoi parle-t-on ?

Les pratiques essentielles de l’agriculture de conservation des sols (ACS) sont la perturbation minimale du sol avec l’abandon du labour, la couverture permanente par de la végétation et des rotations culturales adaptées. L’ACS a recours aux pesticides de synthèse, en particulier à un herbicide, le glyphosate, là où l’agriculture biologique (AB) s’interdit l’usage des engrais et phytosanitaires de synthèse, mais où le labour est souvent un outil important pour la maîtrise des adventices (mauvaises herbes).

Le contexte

Bastien est installé à Combreux comme paysan boulanger depuis 2022, aux côtés d’un collectif d’habitant·es et de paysan·nes en maraîchage, en arboriculture et petit fruits et en apiculture. Avant cela, il a passé cinq ans au Groupement des agriculteurs biologiques en Île-de-France en tant qu’animateur technique en grandes cultures, puis un an et demi en test d’activité sur la ferme collective de Toussacq (77). On lui a demandé son avis sur les enjeux de préservation des sols en grandes cultures biologiques.


Vue sur la parcelle de Bastien où trois variétés de blés ont été plantées : blé barbu, non barbu, et de hauteurs différentes. Ferme de Combreux, 2024 © Candice Lescop, Hélène Degrandpré

L’importance des dynamiques collectives

Des échanges fructueux avec les collègues

Bastien apprend beaucoup au contact des autres paysan·nes en grandes cultures biologiques, et notamment Rémi Seingier, fermier à la Fabrique Végétale de Lumigny, située à une dizaine de kilomètres. Semis simplifiés, non labour, couverts végétaux... Les paysan·nes échangent régulièrement autour de leurs pratiques, et les font évoluer ensemble !

La biodiversité comme projet collectif

En 2023, presqu’un kilomètre de haies a été planté sur la ferme, longeant la route et les parcelles de maraîchage. À terme, des haies pourraient être implantées tout autour de la ferme. D’après Bastien, une des forces de ce projet de plantation de haie, c’est qu’il concerne l’ensemble des membres du collectif de la ferme de Combreux, là où chacun·e exerce habituellement son activité séparément. Les haies ont de plus été plantées grâce à des chantiers de bénévoles coordonnés par l’association Agrof’île. Bénéfique à la fois à la biodiversité et pour sa capacité à protéger du vent, la haie devient un véritable projet collectif et créateur de liens !


Jeune haie en bordure de la parcelle de Bastien. Ferme de Combreux, 2024
© Candice Lescop, Hélène Degrandpré

 

Ces deux communautés de pratiques que sont l’ACS et l’AB répondent à deux problématiques fondamentales dans la crise environnementale et climatique actuelle : d’un côté, la nécessité de préserver les sols et de lutter contre leur érosion ; de l’autre, la toxicité des engrais et pesticides de synthèse pour le vivant (sources : Agence régionale de la biodiversité Île-de-France, Assemblée nationale).

Et à la ferme de Combreux ? Comme l’ensemble des fermier·es Terre de Liens, Bastien travaille en agriculture biologique. Mais alors, que pense-t-il de l’agriculture de conservation des sols ?

 

La ligne rouge, c’est de cultiver sans pesticides ni engrais de synthèse. À partir de là, on se pose la question : comment, dans un système bio, intégrer un maximum de pratiques issues de l’agriculture de conservation des sols ?

Bastien, paysan boulanger

© Candice Lescop, Hélène Degrandpré

 

Mise en place de couverts végétaux

D’après Bastien, la mise en place de couverts végétaux en interculture au sein de la rotation dans l’année est l’élément de l’agriculture de conservation le plus abordable techniquement en agriculture biologique. Les couverts végétaux permettent d’intégrer de la biomasse dans le système et de stocker du carbone, et ce même quand ils sont détruits par labour avant les prochains semis.

On va finir par trouver !

Avec son expérience de cinq ans en tant que salarié au Groupement des agriculteurs biologiques en Île-de-France, Bastien a eu l’occasion de rencontrer des paysan·nes inspirant·es qui n’hésitent pas à expérimenter et à faire évoluer leurs pratiques. Par exemple, la pratique de semis de trèfle au printemps, dans une céréale déjà en place, est aujourd'hui démocratisée alors qu'elle était de l'ordre de l'expérimental il y a quelques années d’après Bastien. Les pratiques de semis sous couvert, un objectif en agriculture biologique de conservation, permet d'implanter des semis sur un sol non travaillé et déjà recouvert d'une culture, ce qui renforce l'activité biologique du sol et le protège de l'érosion. Bastien conclut : On va finir par trouver [un moyen de se passer du labour en grandes cultures bio.

 
Terre de Liens Île-de-France : 5 rue Perrée, Paris (IIIe) - Représentant légal : Jean-Marc Frohard - Responsable de rédaction : Stefania Molinari
Date de parution des fiches de présentation des fermes : 30 novembre 2024
 

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Les fermes de Terre de Liens en Île-de-France

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Aujourd’hui, un·e paysan·ne sur quatre a plus de 60 ans, et cessera son activité dans les prochaines années. Ce sont plus de 5 millions d’hectares qui vont changer de main. Une formidable opportunité d’engager l’agriculture française sur la voie de la transition agroécologique. Or, aujourd’hui, un·e paysan·ne sur trois qui cesse son activité n’est pas remplacé·e. Sans une intervention volontariste des pouvoirs publics pour former et installer une nouvelle génération paysanne, les terres libérées continueront d’agrandir les fermes et de vider les campagnes. Installer des paysan·nes est un enjeu de taille pour maintenir des territoires vivants.

 

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La Fédération Terre de Liens

Base historique de Terre de Liens, l’association nationale - devenue Fédération - a été créée en 2003 pour concrétiser les idées de ses fondateurs : libérer la terre de la spéculation foncière, favoriser l’accès des paysans à la terre, promouvoir des projets citoyens pour dynamiser les territoires ruraux, et appuyer une agriculture respectueuse de l’environnement. Elle a également porté et accompagné le déploiement des structures qui composent aujourd’hui le mouvement : la Foncière, la Fondation, et les associations dans l'ensemble des régions de France. Les 19 associations territoriales qui constituent la Fédération mettent en œuvre le projet de Terre de Liens :
accompagnement des candidat·es à l’installation, des agriculteurs cédants et des propriétaires de foncier agricole
conseil aux collectivités territoriales sensibilisation du grand public et des institutions mise en réseau de partenaires.