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La
marche est un mode de déplacement universel qui représente
près du quart des déplacements quotidiens des Français.
Les projets d'aménagement pour favoriser la marche se multiplient
mais doivent prendre en compte la diversité des piétons.
Cet essentiel propose une stratégie pour rendre la ville marchable,
et donne des solutions tout en recensant les principales obligations réglementaires.
Pourquoi
encourager la marche ? |
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| Favoriser
ce mode de déplacement permet d’agir sur plusieurs
enjeux
Santé,
sécurité des déplacements et accessibilité,
mobilité plus durable et décarbonée sont
les principaux arguments cités par les plans piétons
des collectivités françaises.
La
marche est bénéfique pour la santé.
L’OMS préconise 30 minutes d’activité
physique par jour, dont la marche. Les bénéfices
sont efficaces même avec une durée plus courte de
marche quotidienne :
-
lutte contre les maladies cardio-vasculaires et le surpoids
ainsi que certains cancers et diabète ;
-
amélioration des capacités physiques et mentales,
en particulier chez les enfants ;
-
lutte contre la sédentarité et recul de l’âge
de la dépendance.
La
marche est le mode de déplacement le plus durable et bénéfique
pour adapter une ville au changement climatique. Garantir
l’accès aux équipements essentiels et commerces
dans des distances réalisables à pied – 1
à 2 km – est un moyen de diminuer la dépendance
à la voiture. Mode universel, la marche est gratuite et
accessible à tous.
La
sécurité des piétons est primordiale, tant
l’accidentalité que le sentiment de sécurité
: vitesses et gabarits des véhicules dans la rue, mais
aussi risques de chutes, encombrement des trottoirs, tensions
entre piétons et cyclistes, manque de sûreté
la nuit… Ces situations constituent des freins importants
à la marche, en particulier pour les piétons les
plus âgés.
La
présence de piétons a un impact positif sur l’économie
locale et le dynamisme d’un territoire, que ce soit
pour le tourisme ou le commerce. Dans les villes de taille moyenne,
46 % des clients des petits commerces de centre-ville viennent
à pied (Mobilité et commerces.
Quels enseignements des enquêtes-déplacements ?
Cerema, 2019). Dans les petites villes touristiques, le
nombre de piétons peut être multiplié par
dix lors des périodes d’affluence.
Les
piétons sont les acteurs de la vitalité urbaine
: leur présence et leur diversité sont synonymes
de dynamisme et de lien social. |

© Cerema
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Quelques
chiffres sur l’accidentalité
(source
: Bilan sécurité routière 2023, ONISR)
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| Environ
500 piétons par an sont tués dans un accident de
la route dont la moitié la nuit et 17 000 sont blessés.
Parmi les 439 piétons tués en 2023, 70 % étaient
en agglomération dont :
•
53
% contre un véhicule de tourisme ; •
42
% étaient sur un passage piéton, 23 % à moins
de 50 m d’un passage piéton. |
Les
personnes âgées sont sur-représentées
dans les accidents mortels : 51 % des piétons tués
ont plus de 65 ans, alors qu’ils représentent 21
% de la population. Le vieillissement de la population française
risque de faire augmenter ce chiffre, si rien n’est fait
pour sécuriser la marche.
Source : Bilan sécurité routière
2023, ONISR |
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Quelle
est la place des piétons dans les villes et les villages
? |
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| ©
We-Ge/iStock

©
EyeEm Mobile GMbH/iStock
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Mieux
prendre en considération la grande diversité des
piétons
La
marche est un mode de déplacement universel, ne serait-ce
que pour rejoindre un autre mode de transport. La prise en considération
des piétons dans toute leur diversité constitue
un enjeu transversal à la croisée de nombreuses
politiques publiques.
Nous
sommes presque tous piétons, à un moment de la journée
ou de la vie. Les enfants et les personnes âgées
marchent plus fréquemment, et il existe des disparités
en fonction des motifs de déplacement – loisir, achat,
travail, école… – ou de la temporalité
: saison, jour de la semaine, nuit. Cela implique des vitesses
très différentes – de 0,75 m/s pour les plus
vulnérables au double pour les plus rapides –, des
besoins en capacité d’attention et de concentration,
de connaissance de l’environnement piéton et en mobilier
et services.
La
marche est au centre de l’ensemble des mobilités,
notamment via l’intermodalité. Un déplacement
réalisé intégralement à pied dure
en moyenne 13 minutes, un déplacement en transports collectifs
urbains comporte 9,5 minutes de marche (Mobilités
du quotidien, Cerema, 2022).
La
marche comme pratique sportive et de randonnée est aussi
appréciée par les Français. Le plaisir de
marcher n’est pas à sous-estimer. La marche est utilisée
pour 49 % des déplacements du quotidien à destination
de loisir, et pour 36 % vers des commerces (ibid).
La
marche, un sujet transversal qui monte en puissance. Si les premières
rues piétonnes sont apparues en 1970, les projets favorisant
la marche se multiplient : rues commerçantes, centres-bourgs,
rénovations de quartiers et abords d’écoles.
Les aménagements temporaires montrent l’intérêt
de rendre concrète la ville des courtes distances, tout
en pointant les difficultés des plus vulnérables.
Pour améliorer la marchabilité, la prise en compte
des piétons est nécessaire dans tous les projets.
Le
contexte réglementaire a évolué pour améliorer
les parcours des piétons. Il impose de mettre en accessibilité
la voirie et les espaces publics, notamment lors de travaux de
rénovation, ainsi que de sécuriser les passages
piétons. La sécurité des itinéraires
piétons doit aussi être intégrée dans
les documents de planification. |
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La
marche représente près du quart des déplacements
quotidiens des Français sans compter la marche intermodale
ni la marche dans les espaces privés.
Ce chiffre augmente depuis dix ans, mais cache des disparités
selon les âges et selon les territoires.
La part modale atteint 26 % dans les agglomérations de plus
de 20 000 habitants, mais reste à 13 % en milieu rural.
Source : SDES, ministère de la Transition
écologique et de la Cohésion des territoires |
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| Quels
leviers pour aménager en faveur des piétons ? |
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| Élaborer
une stratégie piétonne s’appuant sur les diversités
urbaines
Que
ce soit dans les métropoles, les villes de taille moyenne,
ou les petites villes, tous les quartiers ont vocation à
être parcourus à pied : les rues commerçantes
d’un centre-ville, un quartier d’habitation en périphérie,
un espace vert, les ruelles d’un hameau… Face à
la multitude des espaces à traiter, il s’agit de
combiner plusieurs approches :
-
améliorer l’accessibilité en même
temps que l’apaisement de la ville ;
-
concilier des réaménagements à long terme
avec des actions temporaires ;
-
agir sur des itinéraires structurants et sur les espaces
publics de proximité.
Une
stratégie peut être formalisée à l’occasion
de l’élaboration d’un plan piéton, avec
un diagnostic et des actions qui portent à la fois sur
l’aménagement et la sensibilisation. Sa mise en œuvre
peut s’appuyer sur des projets de voirie, des projets urbains
de quartiers, mais aussi sur des documents de planification. Des
leviers indirects sont aussi à mobiliser : tourisme, loisirs,
nature en ville, place des enfants dans la ville, accompagnement
du vieillissement de la population et politique inclusive. Cela
nécessite de mobiliser à la fois divers élus
et services de la collectivité, et des acteurs concourant
à la qualité de vie : associatifs, touristiques,
économiques… |

©
Cerema
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| 214
collectivités ont une stratégie de développement
de la marche du quotidien déjà adoptée (116),
ou en cours de formalisation (98) : la prise en compte de la marche
connaît une accélération importante ces dernières
années. Source : enquête modes actifs
réalisée en 2022 par le Club des villes et territoires
cyclables et marchables et Vélo & Territoires |
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1
Connaître les piétons dans leur diversité
-
Comprendre leurs usages, besoins et ressentis : parcours commentés,
marches exploratoires, enquêtes en ligne…
-
Analyser les pratiques de mobilité, en s’appuyant
sur des enquêtes-ménages, données INSEE,
agrégations issues d’opérateurs téléphoniques,
comptages des piétons. Il s’agit notamment d’identifier
les pôles générateurs de déplacements
piétons.
-
Dresser l’état des lieux de la marchabilité
des espaces publics, sous l’angle technique et sensible.
2
Aménager de manière sécurisée
et accessible pour les piétons
-
Modérer
la vitesse et le trafic motorisé pour apaiser le quartier
et donner plus de place aux piétons : plan de circulation,
profils de voirie, cohabitation des usages…
-
S’assurer
que les cheminements piétons respectent une largeur
minimale réglementaire de 1,40 m libre de tout obstacle,
sans ressaut, et un dévers de moins de 2 %. Mais c’est
rarement suffisant : 1,80 m sont nécessaires pour que
les piétons se croisent, surtout en fauteuil roulant
ou en poussette. À cela s’ajoutent des espaces
pour installer du mobilier urbain : potelets, éclairage,
signalisation, assises. Avec une fréquentation piétonne
d’intensité modérée, le Cerema
préconise une largeur de trottoir de 2,50 m, incluant
cheminement et mobilier urbain.
Dans les rues étroites, réduire le trafic motorisé
et créer une zone de rencontre permet aux piétons
de circuler librement sur la chaussée en sécurité.
-
Sécuriser les traversées piétonnes :
bonne covisibilité des usagers, longueur inférieure
à 8 m ou avec un îlot refuge, avec abaissés
de trottoir, bandes d’éveil à la vigilance,
aide à l’orientation.
-
Améliorer l’accès à pied aux transports
en commun : accessibilité des arrêts et des cheminements
alentours, confort des lieux d’attente.
Une bonne marchabilité combine des parcours sécurisés
et accessibles
avec des espaces publics qui donnent envie de marcher.
3
Créer une ville conviviale
-
Réfléchir à un maillage d’itinéraires
piétons entre les lieux importants de la ville en résorbant
les coupures urbaines.
-
Rendre les parcours confortables : revêtements, ombrage,
éclairage, jalonnement.
-
Aménager des espaces publics agréables : bancs,
rez-de-chaussée animés, végétalisation.
-
Adapter les espaces publics au changement climatique, afin
d’assurer leur utilisation à tout moment de l’année,
mais aussi pour créer des espaces de fraîcheur.
4
Sensibiliser et communiquer pour donner envie de marcher
-
Susciter l’intérêt : jalonner, indiquer
les temps de parcours à pied, faire connaître
les itinéraires et le quartier.
-
Encourager le changement de mobilité par la pratique,
et faciliter la prolongation de la marche plaisir vers la
marche utile.
-
Sensibiliser via des temps d’animation dédiés,
fédérer autour des enjeux de la marche, en particulier
les publics scolaires.
5
Mettre en œuvre et évaluer la stratégie
en s’appuyant sur des démarches innovantes
-
Oser des outils tactiques et des aménagements transitoires
: mobilier temporaire, marquages au sol dans le cadre réglementaire.
-
Évaluer
avec les usagers et les habitants pour un bilan des actions
en vue d’améliorations éventuelles.
La
boîte à outils pour aménager en faveur des
piétons |

Une
bonne marchabilité combine des parcours sécurisés
et accessibles avec des espaces publics qui donnent envie de marcher.
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Randonnée
urbaine exploratoire organisée par la Métropole Européenne
de Lille pour sa stratégie métropolitaine en faveur
de la marche ©
Metropole de Lille |
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ci-contre
: Plan de sécurisation des traversées piétonnes
: une action phare du plan piéton de la ville de Vichy
©
Ville de Vichy |
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La
planification d’un réseau de magistrales piétonnes
: une action phare des deux plans piétons de Strasbourg
©
Ville de Strasbourg |

Réseau
de sentes piétonnes aménagées à La Chapelle-Glain
(800 habitants – Loire-Atlantique) afin de relier les zones
d’habitat, équipements et services du bourg
©
La Chapelle-Glain |
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Levier
d’action : Aménager les
abords d’écoles et la ville à hauteur d’enfants
Intervenir
sur les abords des établissements scolaires est systématique
dans les stratégies piétonnes. Cela répond
à des attentes de sécurité des enfants, de
santé, d’éco-mobilité, mais aussi d’espaces
plus ludiques et conviviaux :
-
piétonnisation qualitative avec des espaces végétalisés
et ludiques ;
-
sécurisation des itinéraires vers les écoles
et les espaces sportifs ;
-
réflexions sur l’ensemble de l’école
: cours, abords, bâtiments, et liaisons avec tout le quartier
;
-
fermeture de la rue aux heures d’entrées et de
sorties des enfants.
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Les collectivités
ont jusqu’au 31 décembre 2026 pour neutraliser le
stationnement motorisé dans les 5 mètres en amont
de tous les passages piétons. L’objectif est d’améliorer
la visibilité des piétons et donc de diminuer l’accidentalité.
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Cerema |
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Retrouvez
la réglementation et les recommandations du Cerema.
-
Séries
de fiches : Favoriser la marche, Ville accessible à
tous, Zones de circulation apaisée…
-
Rediffusion
de webinaires sur les plans piétons, rues scolaires,
cohabitation piétons/cyclistes…
-
Formations
: Développer la marche en ville, Réussir
l’accessibilité de la chaîne de déplacement.
-
Rejoignez
la Communauté Mobilités piétonnes, sur
Expertises.Territoires,
co-animée par le Cerema et le réseau vélo
et marche, en association avec l’ADEME et le ministère
des Transports, dans le cadre du programme ID-Marche. Cet
espace collaboratif ouvert à tous vise à diffuser
des actualités sur la marche et à partager des
retours d’expériences des territoires.
-
Impliquez
des associations d’usagers pour mieux comprendre les
besoins et les lieux à enjeux : associations de personnes
en situation de handicap, de quartier, de riverains, de parents
d’élèves, sportives, correspondants d’associations
nationales : Rue de l’avenir, Fédération
française de la randonnée pédestre, 60
millions de piétons…
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Focus
sur plusieurs points réglementaires
-
Obligation pour les communes de 1 000 habitants et plus, de
réaliser un plan d’accessibilité de la
voirie et des espaces publics
(PAVE : art. 45 de la loi n° 2005-102 modifiée).
-
Obligations de mise en accessibilité de la voirie et
des espaces publics lors de travaux de rénovation :
largeurs, pentes, dévers, ressauts
(arrêté du 15 janvier 2007 portant
application du décret n° 2006-1658).
-
Obligation de collecter des données sur l’accessibilité
de la voirie et des transports, en vue de fournir une information
harmonisée et interopérable sur l’accessibilité
du parcours des usagers (décrets n°
2021-836 et n° 2021-856 des 29 et 30 juin 2021).
-
Obligation d’intégrer un volet relatif à
la continuité et à la sécurisation des
itinéraires piétons dans les plans de mobilité
(article L. 1214-2-1 du Code des transports).
-
Interdiction du stationnement motorisé dans les 5 m
en amont des passages piétons (article
L. 118-5-1 du Code de la voirie routière).
D’autres points réglementaires améliorent
la sécurité des piétons et l’accessibilité.
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.....
.Développer
la marche : principaux enjeux et leviers d’action
............
Le
Cerema vous accompagne
Le
Cerema accompagne les collectivités dans leurs
démarches amont de programmation – appui
pour des schémas d’itinéraires
marchables pour des petites villes, stratégie
de réaménagement des abords d’écoles
–, des conseils pour la mise en œuvre ou
l’évaluation d’aménagements
: accessibilité, piétonnisation, marquage
d’animation. Il organise également des
journées, webinaires, formations sur la marche
et l’accessibilité de la voirie.
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......
Le
Cerema, des expertises au service des territoires
Le
Cerema est un établissement public qui apporte
son expertise pour la transition écologique, l’adaptation
au changement climatique et la cohésion des territoires.
Grâce à ses 27 implantations partout en France,
il accompagne les collectivités dans la réalisation
de leurs projets. Le Cerema agit dans 6 domaines d’activités
: Expertise & ingénierie territoriale, Bâtiment,
Mobilités, Infrastructures de transport, Environnement
& Risques, Mer & Littoral.
Achevé d’imprimer : juin 2025. Dépôt
légal : juin 2025. ISSN : 2426-5527. Éditions
du Cerema, 2 rue Antoine Charial - 69426 Lyon Cedex 03.
Imprimeur : Dupliprint - 733 rue Saint Léonard
- 53100 Mayenne – Tél : +33 (0)2 43 11 09
00. Auteur : Cerema.
Contributeurs : Cédric Boussuge, Céline
Debès, Carine Flahaut, Marion Torterotot (Cerema)
cerema.fr |
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