Depuis
2014, le Syndicat Mixte pour l’Aménagement de la Plaine de
Pierrelaye-Bessancourt - SMAPP - est totalement engagé dans une
folle
et passionnante entreprise : la création d’une nouvelle forêt
de 1340 hectares en Île-de-France. Une nouvelle forêt, au
cœur du Val-d’Oise, voit
le jour entre la vallée de Montmorency et l’agglomération
de Cergy-Pontoise, sur une vaste plaine polluée pendant un siècle
par l’épandage
des eaux usées de l’agglomération parisienne. Activement
soutenu par l’État, le projet rassemble, dans une réjouissante
unanimité, la
Région Île-de France, le Département du Val-d’Oise,
la Communauté d’agglomération Val Parisis - pour les
communes de Bessancourt,
Frépillon, Herblay-sur-Seine, Pierrelaye et Taverny - et les communes
de Méry-sur-Oise et Saint-Ouen-L’aumône.
Bernard Tailly, Président du SMAPP
Histoire
d’une renaissance |
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Au
fil des siècles
Au
dix-huitième siècle, la Plaine de Pierrelaye-Bessancourt-Méry-sur-Oise
est encore largement couverte de boisements. Sous le Second
Empire, la Ville de Paris fait l’acquisition d’importantes
surfaces de terrains sur les territoires de Méry-sur-Oise
et Pierrelaye avec l’ambition de réaliser un immense
cimetière pour inhumer ses morts et libérer du
foncier à Paris.
En
1889, une loi autorise la Ville de Paris à traiter ses
eaux d’égout par épandage. Ceci devient
une obligation à partir de 1894. Le projet de cimetière
ayant été abandonné, la Plaine est alors
transformée en zone d’épandage des eaux
usées de l’agglomération parisienne, conduisant
au déboisement et au défrichement de grands espaces.
S’en suivent près de cent années d’épandage,
à partir de l’usine élévatoire de
Pierrelaye, au moyen d’un réseau de conduites,
de bouches d’irrigation et de colonnes d’équilibre.
Ces
eaux riches en matières organiques et nutriments rendent
les terres très fertiles, favorisant le développement
d’un maraîchage particulièrement productif
et varié. En hiver, la température des eaux d’épandage
atténue les conséquences du gel. Aux cultures
traditionnelles de la pomme de terre et des asperges s’ajoutent
celles des petits pois, haricots verts, épinards, choux...
Au
vingtième siècle, l’intense activité
agricole de la Plaine contribue à alimenter les halles
de Paris. Une grande ferme maraîchère moderne,
dite modèle, voit le jour dans le hameau de
la Haute Borne, où logent aussi de nombreux ouvriers
agricoles.
Un
territoire dégradé
À
partir des années 1990, des études sanitaires
démontrent que l’épandage prolongé
d’eaux usées a introduit dans les sols de la Plaine
une teneur en Éléments Traces Métalliques
supérieure aux seuils autorisés pour les cultures
destinées à l’alimentation humaine.
Cette
pollution aux métaux lourds remet en question la pratique
de l’épandage et du maraîchage sur le territoire.
Dès 1999, le Comité supérieur d’hygiène
publique recommande l’arrêt de la production et
de la consommation des produits issus du maraîchage de
cette zone. En 2000, un arrêté préfectoral
y met un terme définitif. Seules les cultures non alimentaires
permettent de poursuivre l’activité agricole, avec
une économie plus fragile, imposant le versement d’aides
aux agriculteurs.
Quant
à la Plaine, elle subit dans cette période des
activités et installations illégales, et devient
un lieu privilégié pour les dépôts
sauvages, qui ajoutent à la pollution des sols une pollution
visuelle et environnementale, dégradant profondément
et durablement le territoire.
Vers
une renaissance de la Plaine
Faisant
le constat de la difficulté d’assurer sur ces terres
une activité agricole viable et de la dégradation
croissante du site, les collectivités territoriales,
l’État et l’ensemble des acteurs concernés
conduisent de 1999 à 2010 une réflexion visant
à donner à la Plaine un nouvel usage. Germe alors,
parmi d’autres idées, la possibilité de
redonner une vocation forestière à ce territoire
autrefois boisé.
En
2010, un séminaire scientifique, organisé par
le Préfet du Val-d’Oise, compile les résultats
de toutes les études. Les acteurs du territoire s’accordent
sur l’idée de créer une nouvelle forêt
sur la Plaine.
Le
6 avril 2011, le Conseil des Ministres inscrit le projet de
la Plaine de Pierrelaye-Bessancourt dans le Grand Paris : La
nouvelle forêt contribuera à faire du Grand Paris
un modèle de métropole durable, et participera
à la lutte contre le réchauffement climatique.
Elle constituera un maillon de la ceinture verte de l’Île-de-France
entre les forêts domaniales de Saint-Germain (Yvelines)
et de Montmorency (Val-d’Oise). Aux franges de la forêt
seront construits près de 8 000 logements. Le projet
de la Plaine de Pierrelaye-Bessancourt reçoit officiellement
le label Grand Paris en février 2012.
Les
partenaires locaux et l’État s’engagent alors
dans la réalisation de nouvelles études destinées
à définir les conditions techniques, juridiques
et financières de mise en œuvre d’un projet
d’aménagement.
Celui-ci prévoit la création d’une forêt,
le maintien d’espaces ouverts en cœur de Plaine,
la construction de logements et la protection de secteurs agricoles
en périphérie, sur des terres non polluées.
En
2015, le schéma d’aménagement forestier
de la Plaine, depuis l’Oise au Nord jusqu’à
la Seine au Sud, trace les perspectives d’un aménagement
du territoire à rayonnement régional, en tenant
compte des contraintes révélées par les
études et des aspirations de la population locale.
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Une
vocation pérenne d’espace naturel |
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Crédits
photos : Geneviève Botti et Mathieu Menand via Tela Botanica

Concernant
la flore, deux variétés ont été identifiées
comme particulièrement rares : |
En
sanctuarisant un espace naturel de 1340 hectares, en préservant
et favorisant la biodiversité, en participant à
la lutte contre le changement climatique, le projet de la Forêt
de Maubuisson est emblématique du vingt-et-unième
siècle, marqué par la prise de conscience internationale
des enjeux environnementaux.
La fragilisation de l’activité agricole, les occupations
illégales, les dépôts sauvages et la pression
foncière en Île-de-France menaçaient la Plaine
comme espace naturel. Par la plantation d’un million d’arbres
et la restauration des boisements existants, la Forêt de
Maubuisson, constitue une garantie pour la pérennité
et la requalification de la Plaine, en position stratégique
au cœur du Val-d’Oise.
La forêt permettra la restauration de plusieurs corridors
écologiques entre d’importants réservoirs
de biodiversité, identifiés par le Schéma
Directeur d’Île-de-France et par le Schéma
Régional de Cohérence Écologique d’Île-de-France.
Réguler
le climat
En
captant et en stockant le CO2, les forêts contribuent puissamment
à la régulation du climat. Comme tous les végétaux,
les arbres ont la faculté par la photosynthèse de
capter le dioxyde de carbone (CO2) et de transformer les forêts
en véritables puits de carbone : sous l'action
du soleil, les molécules d'eau et de gaz carbonique sont
transformées en molécules d'oxygène. Plus
que tous les autres végétaux, les arbres stockent
durablement le dioxyde de carbone, responsable du réchauffement
climatique.
Plus localement, l’ombrage et l’évapotranspiration
des arbres contribuent à la baisse des températures.
Les arbres agissent comme des humidificateurs géants, favorisant
le cycle de l’eau.
Fixer
la pollution des sols
Pour
éviter que la pollution des terres migre vers les nappes
phréatiques, l’un des objectifs du nouvel aménagement
forestier est la fixation dans le sol des Éléments
Traces Métalliques tels que le plomb, le cadmium, le cuivre,
l’arsenic… C’est la phytostabilisation.
Parmi les essences sélectionnées par l’ONF
pour la Forêt de Maubuisson, certaines assurent cette fonction,
notamment le chêne. En parallèle, des expérimentations
se poursuivent sur les propriétés dépolluantes
et phytoextractrices d’autres essences.
L’étude sanitaire de 2014 a confirmé que les
usages de la future forêt - activités de plein air,
promenade, détente… - sont compatibles avec l’état
actuel des sols. Les secteurs les plus pollués seront toutefois
inaccessibles au public, et utilisés pour d’autres
expérimentations.
Seules les activités en rapport avec la consommation de
produits de la forêt, comme la cueillette des champignons,
seront interdites.
L’acidification des sols pouvant causer la migration des
polluants vers les nappes phréatiques, celle-ci sera régulièrement
surveillée et, si nécessaire, un chaulage décennal
sera pratiqué.
Protéger
et développer la biodiversité
Par
la diversité des milieux, l’objectif du projet d’aménagement
forestier est de maintenir les espèces présentes,
dont certaines espèces protégées - 5 insectes,
3 reptiles -, et de créer toutes les conditions favorables
à l’implantation de nouvelles espèces faunistiques
ou floristiques.
Le
projet proposera des milieux variés, alternant boisements,
lisières et clairières. Il préservera des
pelouses sablo-calcicoles, milieu rare, support d’une riche
biodiversité, et reconstituera des espaces ouverts, nécessaires
à la nidification et à l’alimentation des
oiseaux.
La
Forêt de Maubuisson s’inscrit pleinement dans son
rôle de corridor de biodiversité, c’est-à-dire
une liaison fonctionnelle qui permet le déplacement des
espèces, en particulier par l’aménagement
de passages à faune.
Mener
des expérimentations scientifiques
Au-delà
des expérimentations sur la pollution, le SMAPP s’est
engagé dans une étude visant à créer
des conditions optimales pour la reprise et la croissance des
arbres sur la Plaine.
Réalisée sur 12 hectares caractéristiques
de plusieurs terroirs, cette étude consiste à introduire
des champignons endomycorhiziens aux pieds des plants. Ces champignons,
qui ne produisent pas de fruits, sont prélevés
sur des terrains présentant des sols similaires.
Représentatifs de la population mycorhizienne des terroirs
sains, ils favoriseront le développement des racines,
pour un meilleur apport en eau et en nutriments.
Un
nouveau souffle pour le territoire
Les
études menées par l’Atelier Parisien d’Urbanisme,
dans le cadre du Plan Vert d’Île-de-France, ont souligné
la carence en espaces verts de proximité des communes de
la Plaine, comme de nombre de communes d’Île-de-France.
Or, ces espaces naturels sont réputés offrir de
nombreuses vertus prophylactiques - réduction du stress,
bien-être psychologique… - et participent à
l’amélioration du cadre de vie.
Du
fait de sa dégradation depuis un siècle, la Plaine
est un espace peu fréquenté par les habitants des
communes riveraines. Pour inverser la tendance, le SMAPP s’applique
à pacifier le site, à éliminer les dépôts
sauvages, et à enrayer les occupations illicites.
Pour
éviter les intrusions indésirables, des barrières,
des glissières et des merlons sont installés. Les
contrevenants font l’objet de poursuites en justice. La
relocalisation des gens du voyage installés sur les terres
polluées fait l’objet d’un programme concerté
avec les services de l’État.
Espace
de loisir et de découverte, la forêt permet aux habitants
de tisser de nouveaux liens avec la nature. Elle contribue à
la qualité de vie des citadins, tant du point de vue du
paysage, des loisirs, que de la santé. La Forêt de
Maubuisson offrira des activités de plein air variées,
accessibles à tous : détente, pique-nique, promenade
à cheval, à pied ou à vélo…
Au cœur d’un territoire riche d’un remarquable
patrimoine culturel - abbaye de Maubuisson, musée du docteur
Gachet, châteaux de Méry et d’Auvers-sur-Oise
et son patrimoine impressionniste… -, elle permettra aux
visiteurs d’allier idéalement promenades nature et
découvertes culturelles.
À
proximité de Paris, idéalement desservie et aisément
accessible, la forêt profitera, comme les autres massifs
forestiers du Val-d’Oise, à l’ensemble des
Franciliens. À titre d’exemple, environ 5 millions
de promeneurs fréquentent chaque année la forêt
domaniale de Montmorency et ses 2 000 hectares ! |
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Drave
des murailles |
Cynoglosse
officinale
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L’étude pédologique a permis d’inventorier
et de décrire environ 40 types de sols, que l’on peut
regrouper en 7 groupes distincts. Ces sols se distribuent dans le
paysage en fonction de la géologie, de la morphologie, mais
aussi de la couverture végétale du territoire étudié.
Ces sols sont en grande partie caractéristiques des paysages
de l’ouest du bassin parisien : nous les qualifions par exemple
de sols lessivés, ou bien de sols calcaires,
ou encore de sols très acides, avec globalement
une tendance dominante sableuse. Dans certains cas, l’activité
humaine a largement modifié les propriétés
de ces sols, notamment dans les couches de surface, leur conférant
alors un caractère original. Laurent Rigou, Docteur
en pédologie
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Les
principales espèces d'arbres de la nouvelle forêt |
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Floraison
Fructification Crédits
photos : Quentin Lebastard, Pierre Bonnet, Liliane Roubaudi, Hugues
Tinguy, Mathieu Menand, John De Vos, Genevieve Botti, Claire Sutter,
via Tela Botanica |
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ORDRE
: FAGALES - FAMILLE : FAGACEAE - GENRE : QUERCUS |
ORDRE
: ROSALES - FAMILLE : ROSACEAE - GENRE : SORBUS |
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Quercus
cerris L. Chêne chevelu
avril-mai
automne 2e année |
Quercus
pubescens Chêne blanc
avril-mai
septembre |
Sorbus
torminalis Alisier des bois
mai
septembre-octobre |
Sorbus
domestica Cormier
avril-juin
octobre |
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ORDRE
: FAGALES - FAMILLE : FAGACEAE - GENRE : QUERCUS |
ORDRE
: SAPINDALES - FAMILLE : SAPINDACEAE - GENRE : ACER |
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Quercus
petraea Chêne rouvre
avril-mai
septembre |
Quercus
toza Bosc. Chêne tauzin
mai-juin
septembre |
Acer
platanoides Érable plane
avril-mai
septembre |
Acer
campestre Érable champêtre
mai
septembre |
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ORDRE
: MALVALES - FAMILLE : MALVACEAE
GENRE : TILIA |
ORDRE
: FAGALES - FAMILLE : BETULACEAE
GENRE : CARPINUS |
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Tilia
cordata Tilleul à feuilles en coeur
juillet
octobre |

Carpinus
betulus Charme
avril-mai
septembre-octobre |
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.....
. .Une
nouvelle forêt en Île-de-France : la forêt
de Maubuisson
...........Le
SMAPP, outil de la gouvernance du projet
.........
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Créé en 2014, le Syndicat
Mixte pour l’Aménagement de la Plaine de
Pierrelaye-Bessancourt (SMAPP) a pour mission de mettre
en œuvre le projet d’aménagement forestier.
Cette maîtrise d’ouvrage publique permet
de garantir la pérennité et la réalisation
du projet.
Le SMAPP regroupe, dès sa création, la
Région Île-de-France, le Département
du Val-d’Oise, la Communauté d’agglomération
Val Parisis - au titre des communes de Bessancourt,
Frépillon, Herblay-sur-Seine, Pierrelaye, Taverny
-, et les communes de Saint-Ouen l’Aumône
et Méry-sur-Oise.
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......
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Crédits
photos : AdobeStock,
hors
mention différente
|
Syndicat d’études à sa création,
le SMAPP s’est attaché à préciser
le périmètre de la future forêt et
les principes de son aménagement, sur la base des
études scientifiques techniques, juridiques et
financières. Devenu syndicat de réalisation
en 2017, il pilote désormais les travaux de mise
en œuvre du projet.
Ayant obtenu la déclaration d’utilité
publique en 2020, le SMAPP a pu lancer la phase opérationnelle
de création des boisements, accompagné par
l’Office National des Forêts, tant pour ses
compétences techniques que scientifiques. Après
trois saisons de plantations, 130 hectares de boisements
ont déjà vu le jour.
smapp-foret.fr |
Contact et informations
Syndicat
Mixte d’Aménagement
de la Plaine de Pierrelaye-Bessancourt
Hôtel
du département
2 avenue du Parc CS 20 201 - Cergy Pontoise (95)
01 34 25 76 39 contact |
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