C’est
au cœur de la vallée du Loing que s’est formé
le marais d’Épisy (77). Il se compose d’une mosaïque
de milieux humides : un étang,
une prairie humide, une roselière et un marais tourbeux. Le marais
a été cédé au Département de Seine-et-Marne,
pour un euro symbolique,
par le Groupement des Sablières Modernes, puis par la Mairie d’Épisy
(2005). La nature remarquable du site, notamment
la richesse et l’originalité de sa flore, est reconnue depuis
la fin du XVIIIe siècle par les botanistes…
Préambule
…
Longtemps, l’homme n’a pas eu conscience de l’intérêt
écologique majeur des zones humides. Le marais a donc
fait l’objet de dégradations importantes jusqu’à
son acquisition par le Département.
Dès la moitié du XIXe siècle, les ingénieurs
des ponts et chaussées ont entrepris de l’assécher
en créant des fossés drainants pour permettre
au bétail de pâturer. Cette volonté s’est
amplifiée pendant le XXe siècle avec le déclin
des activités pastorales traditionnelles - pâturage
des bêtes, coupe des roseaux… - et le développement
d’activités économiques nouvelles comme
la sylviculture des peupliers, grands consommateurs en eau…
Dans les années 1960, la partie nord du marais - hors
Espace Naturel Sensible (ENS) - a été remblayée
par une décharge publique, puis transformée en
terrain de sport, encore présent aujourd’hui. L’exploitation
des granulats commence à partir des années 1970
à l’ouest du marais pour s’arrêter
en 1980. Cette dernière atteinte dérègle
l’écoulement de la nappe phréatique et cause
la disparation de 80 % du marais.
Sa surface passe alors de 47 hectares en 1950 à 9 hectares
en 1998. Devant l’urgence de la situation, le Département
s’est investi rapidement dans la préservation du
site au titre de la politique ENS.
Un
marais nenacé qui a retrouvé sa spendeur
Sentier sur platelage au-dessus du marais
© Photo
: Maxime Briola
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Un
nouveau regard sur le marais tourbeux
La
prise de conscience de la valeur écologique des zones humides
aboutit à la mise en place d’une mesure de protection
du site en 1982. La réhabilitation du marais par le Département
est effective depuis 1998, avec pour objectif de restaurer ses
fonctionnalités écologiques*. (*)
: voir Glossaire en bas de page
La principale caractéristique de cet ENS est d’être
un marais tourbeux, milieu devenu rare en Île-de-France.
La tourbe se compose d’une importante épaisseur de
résidus végétaux non décomposés.
Sa formation, très lente, peut prendre des siècles.
À Épisy, elle atteint une épaisseur importante
allant de 0,5 à 1 mètre. Cette couche, qui fonctionne
à la façon d’une éponge, permet de
pondérer l’écoulement des eaux, limitant ainsi
les phénomènes de crues en aval et contribue à
l’amélioration de la qualité des eaux par
effet de filtre naturel.
Le marais d’Épisy est dit alcalin, car son pH*,
influencé par la présence des calcaires, est supérieur
à 7. En montagne, au contraire, les sols siliceux favorisent
généralement des marais acides avec un pH inférieur
à 7. Cette caractéristique a une forte influence
sur la flore présente.
Le marais joue également le rôle de zone refuge pour
des espèces dont le territoire de vie se réduit
continuellement.
Plus de 50 % des espèces d’oiseaux d’eau et
30 % des espèces végétales
remarquables et menacées en France dépendent des
zones humides.

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Le
marais s’est formé grâce aux alluvions
argileuses* imperméables, qui permettent la création
d’une petite nappe phréatique affleurante. Le sol,
ainsi gorgé d’eau, accumule lentement des résidus
végétaux - plantes, mousses ... - qui ne peuvent
pas être dégradés à l’air libre,
et forment donc la couche de tourbe.
(*)
: voir Glossaire en bas de page

Au
milieu du XXe siècle, le marais connaît un phénomène
d’assèchement : drainage, plantation de peupliers,
remblaiement puis exploitation de la gravière. L’ouverture
de la nappe phréatique augmente le débit d’écoulement
sous-terrain vers la gravière et donc la vitesse d’assèchement
du marais. Sa surface passe de 47 à 9 hectares.

Depuis
1998, des actions sont engagées pour rétablir le
niveau d’eau nécessaire à la préservation
de la zone humide. Installées en aval du marais et sur
l’étang, deux vannes contribuent à maintenir
un niveau d’eau suffisant. Sans cette gestion de l’eau,
le marais tourbeux se dégraderait faute d’eau...
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Le
marais offre à nouveau des services
Gestion par pâturage
©
Photo : Maxime Briola
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Un
site aux petits soins…
Depuis
l’acquisition du site en tant qu’ENS, le Département
réalise un entretien rigoureux pour sauvegarder la biodiversité.
Il a pour objectifs de renverser le processus de dégradation
du milieu, principalement lié à l’assèchement
du marais, et de favoriser la présence d’espèces
remarquables.
Maintenir
le niveau d’eau du marais grâce à un système
de vannage permet la conservation de ce milieu humide remarquable
contre son embroussaillement. Les ouvrages de vidange de l’étang
et du marais ont été restaurés pour maintenir
des niveaux hydriques plus hauts en période sèche.
Les actions menées visent aussi à limiter la pousse
des végétaux ligneux trop concurrents, qui participent
à la disparition naturelle des espèces typiques
du marais. La fauche de fin d’été permet le
maintien de végétaux rares, refuges pour de nombreux
insectes.
Sur la partie sud du site, un pâturage est mené tout
au long de l’année à l’aide d’espèces
rustiques, comme les chevaux camarguais. |
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L’exemplarité
de cette gestion conservatoire est reconnue mondialement : depuis
2018, le site a obtenu son inscription sur la liste verte de
l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature
(UICN). Ce label est délivré à des sites
remarquables pour leur patrimoine écologique, mais aussi
pour la qualité de leur gestion, permettant de conserver
la richesse des milieux naturels et des espèces associées.
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…
accessible à tous et à sauvegarder
Dans
le cadre de sa politique en faveur des ENS, le Département
a réalisé des aménagements pour accueillir
le public sur une partie du site.
La
nature marécageuse en place a nécessité l’installation
d’un parcours pédestre sur platelage. Accessible
aux personnes à mobilité réduite, ce sentier
joue un double rôle : il permet de visiter le site à
toutes les périodes de l’année, y compris
lorsque les sols sont inondés, et préserve les espèces
sensibles du piétinement.
Découvrez
le marais en aidant la mascotte Iris Desmarets à sauvegarder
ce site en danger ! Grâce à des panneaux interactifs,
vous pourrez soutenir Iris dans des actions de préservation
du marais. De plus, un circuit est disponible dans l’application
mobile Balade Branchée. |
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Aménagement
et gestion
Parcours
sur platelage
©
Photo
: Laure-Angélique Curtelin
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Les efforts entrepris par le Département, en collaboration
avec des associations de tourisme et des personnes porteuses
de handicaps, ont permis de faire labelliser le site Tourisme
et Handicap. Ce label garantit un accueil adapté
aux besoins des handicapés moteurs, auditifs ou mentaux.
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Pour
en savoir plus sur ce label : tourisme-handicaps.org |
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La
flore du marais…
Malgré la faible surface du site, celui-ci accueille
environ 260 espèces végétales, soit 18 %
des 1 443 espèces locales inventoriées en Seine-et-Marne.
La qualité de ces espèces est notable, puisque 6
sont protégées et 55 sont considérées
comme étant peu fréquentes. |

©
Photo : Maxime Briola |
…
et ses hôtes
Si
tous les groupes d’animaux vivent sur le site, ce sont
essentiellement les insectes et les oiseaux, avec 73 espèces
observées dont 50 nicheuses, qui représentent
le plus grand intérêt. Le site se trouve au carrefour
de zones attractives fréquentées par de nombreuses
espèces : Loing et forêt de Fontainebleau au nord-ouest,
Lunain au sud-ouest, milieu agricole bocager à l’est…
Réservoir
de vie unique, le marais abrite environ 40 espèces de
libellules, 38 espèces d’orthoptères*
ou encore 28 espèces de papillons.
Le
site accueille chaque année 2 à 3 couples de pies-grièches
écorcheurs, qui profitent des nombreux insectes pour
nourrir leurs jeunes. Elles attraperont certainement quelques
criquets palustres, ensanglantés ou conocéphales
des roseaux, qu’elles empaleront sur une branche ou un
barbelé en attendant le moment propice au festin. Les
reptiles sont également bien présents avec, entre
autre, le lézard des souches, qui prend parfois le soleil
sur les planches en bois du parcours. La couleuvre vipérine
et la vipère aspic sont occasionnellement observées,
même si elles restent très discrètes. La
première est inoffensive mais ressemble beaucoup à
la vipère, ce qui lui permet d’effrayer certains
prédateurs. On peut la distinguer grâce à
ses pupilles rondes, alors que la vipère les a fendues
verticalement comme les chats.

La bonne qualité du milieu naturel favorise la présence
d'espèces animales rares. Pie-grièche
écorcheur mâle
©
Photo : Maxime Briola
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©
Photo : Maxime Briola
L’epipactis
des marais
est une orchidée sauvage pouvant atteindre
60 cm de hauteur.
Elle fleurit entre juin
et juillet et arbore alors une longue inflorescence en grappe.
Son nom latin Epipactis palustris
est tout à fait évocateur
de son lieu de vie favori : le terme palustre faisant allusion
au marais. Autrefois commune
dans la vallée du Loing
et dans l’Orxois,
elle ne se trouve plus
que dans quelques zones surtout au sud-est
du département.
La disparition
des zones humides, notamment
des marais, en est
la principale raison.
Le
paradis… |

©
Photo : Wolffia
Le
flûteau fausse-renoncule est une petite plante possédant
plusieurs fleurs à trois pétales mauve clair et
au coeur doré. Elle peut atteindre 30 centimètres
de haut et sa floraison s’étend de mai à septembre.
Sur le site, elle occupe les zones temporairement inondées,
dans la partie nord du marais. Dans le département, elle
est surtout présente, au sud, sur quelques zones de la
Bassée. Autrefois plus fréquente en vallée
du Loing, cette espèce en forte régression est menacée
par la dégradation de la qualité des eaux et la
diminution de la taille des zones humides. |

©
Photo : Marylène Vergnol
Le
choin noirâtre
fait partie de la famille
des cypéracées,
qui comprend le célèbre papyrus égyptien.
Bien qu’assez rare
à l’échelle départementale,
ce choin est commun
sur le marais. On le trouve essentiellement
au niveau des zones
de tourbe dénudées,
où la nappe phréatique affleure, ainsi qu’à
l’emplacement
du chenal de la partie
sud du marais.
Sa présence
est typique
des tourbières âgées,
qui accueillent
de nombreuses espèces botaniques
patrimoniales.
…des
libellules |
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Pendant
les beaux jours, prenez le temps de regarder ces petits insectes
aux ailes translucides qui virevoltent au-dessus du marais. Le
site accueille une quarantaine d’espèces de libellules,
soit 70 % de celles présentes en Île-de-France, dont
8 des 20 espèces rares de la région. Cette abondance
s’explique par la diversité des milieux aquatiques
ensoleillés où elles se reproduisent et chassent
: mares plus ou moins temporaires, berges de rivière et
d’étang offrant une large gamme de végétations
aquatiques et rivulaires*. La proximité des vallées
du Loing et du Lunain à l’ouest, constituant des
continuités écologiques*, contribue probablement
à la colonisation du site par des espèces patrimoniales*. |
|

(*)
Glossaire
Alluvions
argileuses : constituées de matériaux très
fins, charriés par un cours d’eau, ces alluvions
s’accumulent dans des zones de faible courant. Elles forment
alors souvent une couche de roche imperméable.
Fonctionnalité écologique : on entend par
fonctionnalité écologique la capacité d’un
écosystème à assurer ses cycles biologiques
(reproduction, repos, nourriture, déplacement, etc) et
à fournir les services écologiques indispensables
aux populations humaines (pollinisation, épuration naturelle
des eaux, source de nourriture…
pH : le potentiel hydrogène permet de mesurer
l’acidité ou la basicité d’une solution.
Le pH de l’eau pure à 25°C, qui est égal
à 7, a été choisi comme valeur de référence
d’un milieu neutre. Si la solution possède un pH
inférieur à 7, elle est acide, au-delà elle
est basique. |
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©
Photo : Maxime Briola
La
cordulie à corps fin est
une espèce très rare dans le département
et également sur le site. Cette libellule de taille moyenne
se reconnaît facilement grâce à son abdomen
vert métallique orné de taches jaunes sur la partie
supérieure. Elle se reproduit préférentiellement
au niveau de l’étang, dans les berges pourvues de
roselières. Les mâles sont territoriaux et défendent
une portion de berge d’une dizaine de mètres, dont
ils excluent tout autre mâle tentant d’y pénétrer. |

©
Photo : Sylvestre Plancke
La
libellule à quatre taches est fréquente sur
le site. Comme l’indique son nom, chacune de ses ailes possède
une tache noire permettant de la distinguer assez facilement des
espèces ressemblantes. Les larves, qui ont passé
tout l’hiver dans l’eau, peuvent émerger de
façon synchronisée, occasionnant des regroupements
impressionnants. En général, de nombreux adultes
sont observables sur l’ensemble des pièces d’eau
de mai à août. |

©
Photo : Sébastien Siblet (OPIE)
L’agrion
délicat est une petite libellule rouge au vol doux, qui
peut être observée de juin à septembre. Elle
émerge en populations très importantes, qui se répartissent
sur l’ensemble du site, principalement dans les milieux
d’eaux stagnantes assez ensoleillés et riches en
végétaux aquatiques. On peut la confondre avec la
petite nymphe au corps de feu, seule autre petite demoiselle rouge,
dont elle se distingue cependant par l’absence de bandes
noires sur le bout de l’abdomen. |
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Orthoptères
: ensemble d’insectes regroupant les sauterelles, criquets
et grillons. |
|
Végétation rivulaire : qui est spécifique
au milieu des rives et des berges. Aussi dénommée
ripisylve, s’il s’agit d’un boisement.
Continuité écologique : de nombreuses espèces
utilisent des tracés naturels pour se déplacer :
rivière, linéaire boisé... Lorsqu’un
aménagement (barrage, route...) rend le passage infranchissable,
le tracé perd sa continuité et donc son rôle
écologique.
Espèces patrimoniales : ensemble des espèces
protégées, menacées et rares, ainsi que des
espèces ayant un intérêt scientifique ou symbolique.
Ce n’est pas un statut légal. Il s’agit d’espèces
que les scientifiques et les conservateurs estiment importantes
d’un point de vue patrimonial, que ce soient pour des raisons
écologiques, scientifiques ou culturelles. |
|
...
.....
..... .Le
marais d’Épisy : Espace Naturel Sensible
.................
................Le
département de Seine-et-Marne se développe
au rythme de la Métropole francilienne, .tout
en conservant une grande
.
.............diversité
naturelle et .paysagère.
Forêts, marais, prairies humides ou pelouses sèches
constituent un patrimoine fragile. ...............Le
Département protège et valorise ces sites
naturels
afin que tous les Seine-et-Marnais puissent en profiter.
..... |
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©
Photo : Maxime Briola
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Accès
À la sortie d’Épisy
en direction de le Genevraye (RD 40), parking à
gauche, entrée à côté du terrain
de sport.
Pour
aller plus loin :
• Sorties nature proposées par Seine-et-Marne
environnement (01 64 31 11 18)
• Sites naturels départementaux : Plaine
de Sorques, Bois des Palis
• Villages de caractère : Bourron-Marlotte,
Grez-sur-Loing
• La Scandibérique - eurovéloroute.
Rivières,
vallées, plateaux, plaines, forêts et étangs...
La Seine-et-Marne compte quantité d'espaces abritant
des niches écologiques remarquables.
Département
de Seine-et-Marne :
Hôtel du Département - CS 50377 - 77010 Melun
cedex - 01 64 14 77 77.
seine-et-marne.fr |
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