Ces
deux notions, bien qu’ayant toutes deux trait à des systèmes
dynamiques vivants, n’ont pas toujours été considérées
ensemble dans
les projets de transformation ou de création d’espaces publics,
notamment en milieu urbain. Il semble qu’aujourd’hui cela
prenne un sens culturel et symbolique particulier, et que l’urbain
soit sur le point de se reconcilier avec des aspects sauvages qui étaient
jusqu’à présent évincés. Seront présentés
huit exemples de projets exposant la complémentarité des
approches paysagères et écologiques, favorisant
la biodiversité de même que l’usage. L’enjeu
est de démontrer par l’exemple qu’un aménagement
peut répondre aux exigences
d’une biodiversité fonctionnelle, en s’intégrant
dans le paysage et inversement tout en répondant aux besoins des
populations.
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Éléments
essentiels à la biodiversité
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Biodiversité
Qu'est-ce
que la biodiversité ?
La
biodiversité, contraction de diversité biologique
représente la diversité de la vie sur terre : la
diversité génétique, la diversité
des espèces et des milieux, et leurs interactions.
C’est
l’ensemble des êtres vivants, les plantes, les animaux,
les champignons, les micro-organismes... Ce sont aussi les interactions
qui les relient entre eux et avec le milieu où ils vivent.
Nous,
humains, appartenons à l’espèce Homo sapiens,
un des éléments de la biodiversité. Nous
interagissons dans le temps et dans l’espace avec les autres
composantes de la biodiversité et notre vie même
en dépend.
Quels
bénéfices apporte-t-elle ?
La
biodiversité apporte un nombre important de bénéfices
à notre société que l’on appelle services
écosystémiques auxquels il est difficile de suppléer
: des services d’approvisionnement en matières premières,
des services de régulation, des services culturels...
La
nature en ville contribue notamment à la qualité
du cadre de vie et à l’attractivité des villes.
Elle permet de réguler les températures trop chaudes
en été, de filtrer les eaux, d’améliorer
la qualité de l’air, de limiter les risques d’inondation...
Les services rendus par la nature en ville sont sociaux, écologiques
mais aussi économiques.
Le
lien entre habitats, territoires, villes et aménagement
La
trame verte et bleue (TVB)
est
un outil d’aménagement durable du territoire qui
vise à maintenir et à reconstituer un réseau
écologique sur le territoire pour que les espèces
puissent, comme l’Homme, communiquer, circuler, s’alimenter,
se reproduire, se reposer... C’est à dire assurer
leur cycle de vie tout en facilitant leur adaptation au changement
climatique.
La
prise en compte de la trame verte et bleue au niveau local, notamment
par le biais des documents d’urbanisme réalisés
par les collectivités, mais aussi par la mobilisation d’outils
contractuels, permet d’intégrer la biodiversité
dans les projets de territoire et ainsi renforcer la valeur écologique
des aménagements.
Même
si la trame verte et bleue vise en premier lieu des objectifs
écologiques, elle permet également d’atteindre
des objectifs sociaux et économiques, à travers
le maintien des services rendus par la biodiversité, la
valorisation paysagère et culturelle des milieux supports
- amélioration du cadre de vie, accueil d’activités
de loisirs... -, et la participation des activités humaines
: activités agricoles, activités forestières...
L’approche
paysage de la trame verte et bleue
La
trame verte et bleue s’appuie sur les concepts de l’écologie
du paysage qu’elle aborde d’une manière fonctionnelle.
L’écologie du paysage est une notion nouvelle qui
met en évidence l’importance de l’organisation
des structures du paysage au regard du déplacement des
espèces et de la biodiversité.
L’approche
paysagère de la trame verte et bleue révèle
toute la multifonctionnalité d’un territoire plaçant
l’Homme et ses activités au cœur de son patrimoine.
Elle permet d’avoir une vision intégrée du
territoire dans ses diverses dimensions. |

Ruche
au cœur d’un square de Courbevoie
©
Ville de Courbevoie - Yann Rossignol |

Poumon
vert en zone urbaine,
parc départemental de la Haute-Isle
© Conseil Général de la Seine-Saint-Denis |
Définition
trame verte et bleue
(Agence Française pour la Biodiversité)
La
trame verte et bleue est un réseau formé de continuités
écologiques terrestres et aquatiques identifiées
par les schémas régionaux de cohérence écologique
ainsi que par les documents de planification de l’État,
des collectivités territoriales et de leurs groupements.
La
trame verte et bleue contribue à l’amélioration
de l’état de conservation des habitats naturels et
des espèces et au bon état écologique des
masses d’eau.
L’un
des objectifs assignés à la trame verte et bleue
est d’améliorer la qualité et la diversité
des paysages. |
Paysage
Le
paysage est une partie de territoire telle que perçue par
les populations. Cette définition renvoie à deux
principes essentiels :
© PNR Oise - Pays-de-France
Le
paysage est parcouru et vécu. Il peut prendre une valeur
culturelle, correspondre à une image affective, un caractère
typiquement local... C’est un patrimoine partagé
avec une forte dimension sociale.
Ainsi le paysage est structurant pour l’Homme en tant qu’élément
individuel faisant partie d’un tout, tant sur le plan de
l’équilibre écologique, que sur le plan social
et culturel.
L’action humaine sur le territoire, la croissance des populations
sur la planète impliquent une transformation très
rapide des paysages. Si leurs différentes composantes physiques,
sensibles et culturelles ne sont pas prises en compte, cette transformation
entraine leur dégradation, leur banalisation - perte de
caractères -, et une perte de cohérence et d’équilibre
vitaux pour l’Homme.
Le besoin de protéger les paysages et d’améliorer
le cadre de vie des populations a émergé progressivement,
notamment en espace urbain et périurbain où les
évolutions ont été brusques au cours du dernier
siècle. Les paysages deviennent une nécessité
dans le but
- de
se ressourcer : espace de promenade, de détente
- de
contempler : espace pittoresque ou composition
- de
communier : espace identifiable, évocateur, souvenir
- de
se l’approprier : lien entre le territoire et l’Homme,
identité paysagère inféodée à
son action.
Évolution
du rapport entre Jardin et Nature
L’aménagement
des espaces extérieurs fait partie intégrante de
l’action de l’Homme sur son territoire pour répondre
à des besoins vitaux et/ou sociaux : alimentation, protection,
lieu d’échange ou espaces d’agrément.
Le jardin, en tant qu’espace à usage humain accueillant
des éléments vivants, est une représentation
symbolique du rapport de l’Homme à la nature. Ce
rapport a longtemps été celui de la volonté
de domination de l’Homme sur la Nature, alors perçue
comme nourricière et protectrice, mais aussi sauvage et
dangereuse.
Le jardin régulier de Versailles (1624), symbole de la
puissance de son commanditaire, en est un des exemples les plus
connus : lignes droites, art topiaire - végétaux
taillés -, pelouses nettes, bassins maçonnés...
Le côté sauvage n’a dans ces lieux pas de place
autre que celle de son contrôle rigoureux, tandis que la
notion même de biodiversité n’existe pas encore.
Jusque dans les années 70-80, âge d’or de la
taille rigoureuse des arbres et de l’usage des produits
phytosanitaires, le principe de maintien de la nature sous contrôle
reste la pratique usuelle.
Composition
harmonieuse du parc du quartier de Croix-Bonnet
©
Jacques Coulon et Linda Leblanc
Progressivement,
dans le contexte du développement des villes, la perception
du rapport de l’Homme à la nature dont il est coupé
se transforme.
Parallèlement
à la prise de conscience de l’importance vitale des
équilibres écologiques et de la biodiversité
pour la planète, une tension apparait entre les espaces
jardinés entretenus et fréquentés,
aménagés pour la présence de l’Homme
et les espaces naturels écologiques et libres
vierges, très peu fréquentés, pour
le bon développement de la faune et de la flore.
La tendance émergente propose des jardins plus sauvages,
laissant la part belle à des espaces naturels, donc vivants
support possible pour l’expression d’une relation
plus harmonieuse et équilibrée, sortant du schéma
archaïque dominant-dominé, donnant à voir la
beauté du sauvage souvent décrié - friches,
ronciers, prairie… -, créant des habitats nécessaires
pour nombre d’espèces. Nous présentons ainsi
8 projets en quête de cet équilibre. |

©
G2C Environnement

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Définition
Loi
biodiversité (article L.110-1 du code de l’environnement)
: partie de territoire telle que perçue par les populations
;
Convention de Florence (20 octobre 2000) : Paysage désigne
une partie de territoire telle que perçue par les populations,
dont le caractère résulte de l’action de facteurs
naturels et/ou humains et de leurs interrelations ;
La notion de paysage a une dimension esthétique forte,
voire picturale ou littéraire en tant que représentation,
mais elle recouvre de nombreuses acceptions et le paysage manifeste
aussi les politiques d’aménagement du territoire,
voire la géopolitique. |
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Analyse croisée
Quelle
connexion entre paysage aménagé et biodiversité
?
La
réalisation d’aménagements paysagers à
- haute - valeur écologique nécessicite de trouver
une juste combinaison entre usages humains et nature sauvage,
notamment par une bonne organisation spatiale entre des milieux
naturels préservés et des espaces accessibles d’où
ils peuvent être perçus sans être endommagés
afin qu’ils puissent se nourrir l’un de l’autre.
La
recherche de cette imbrication représente l’élément
central dans la création de ce type d’aménagements,
qui devient vertueux à la fois pour l’Homme et pour
les espèces. Le cadre de vie de l’Homme et les milieux
naturels s’approchent au point de ne former plus qu’un,
dans l’idéal. Pour
cela, le vivant au sens large est essentiel et mis en
avant, il permet de retrouver le caractère véritable
d’un lieu au sein de son territoire. L’aspect local
des éléments constitutifs est primordial pour conforter
une identité paysagère, portée par la qualité
des milieux qui le compose. La réussite de ce type de projet
passe inéluctablement par l’observation préalable
de ce vivant, dans le but d’en extraire la richesse au travers
de son intérêt ornemental et fonctionnel.
Réfléchir
l’organisation
Un
espace peut avoir plusieurs usages qui varient en fonction du
type de lieu et de sa fréquentation humaine, en lien avec
la présence plus ou moins prépondérante de
milieux vivants : de l’espace naturel protégé
à la rue d’une grande agglomération. Pour
autant, l’organisation des éléments constitutifs
peut permettre de mettre en valeur le paysage ou de donner plus
de valeur écologique aux espaces visés quelle que
soit leur nature. Le but étant de trouver le meilleur équilibre,
afin que des lieux riches en biodiversité puissent aussi
satisfaire les différents usages des populations.
Relier
les deux dans un même espace
Les
espaces aménagés paysagés dont
l’objectif principal est la fréquentation humaine,
et les milieux naturels ou les zones à intérêt
écologique dont l’objectif principal est la préservation
et/ou le développement d’une biodiversité,
s’opposent ou se juxtaposent souvent sans que leur interrelation
soit réfléchie. De plusieurs manières, à
différentes étapes, il est pourtant possible de
créer des connexions entre eux. L’imbrication est
le niveau où paysage vécu et biodiversité
sont complémentaires.
Rechercher
le bon compromis
Pour
approcher ce consensus entre paysage vécu et biodiversité,
il n’y a pas de solution toute faite. Il est cependant possible,
vis à vis d’un site ou d’une démarche,
d’envisager une approche pour se poser les bonnes questions,
aux bons moments. Et il est proposé à la suite des
éléments permettant de renforcer la synergie paysagère
et écologique, en s’appuyant sur les points forts
de chaque situation étudiée, basée sur l’observation
des atouts et des contraintes d’un lieu, d’un territoire
:
- La
démarche de conception - ou concept - du site est centrale,
lorsque la volonté de mêler paysage et biodiversité
est traduite dans le dessin de l’espace, qui organise
les fonctions pour définir un juste équilibre,
comme, par exemple, au parc du quartier de Croix-Bonnet.
-
Le fait de prendre appui sur les usages pour valoriser l’écologie
et créer du cadre de vie a été mis en place,
par exemple, au Petit Rosne sur la question des inondations,
ou à la cavée du Gué pour imbriquer les
aspects récréatifs aux milieux naturels.
-
La création de connexions est essentielle au sein d’un
même lieu, mais aussi entre ou avec les espaces naturels
existants pour affirmer les TVB. Ces liens peuvent ainsi prendre
la forme de voies douces pour découvrir le paysage des
territoires, à l’image du chemin des parcs.
-
La mise en valeur paysagère de milieux naturels peut
prendre différentes formes en fonction des dimensions
de la zone à traiter : formaliser des zones de tranquilité
pour les espèces au niveau du parc naturel urbain, organiser
l’observation comme au parc de la Haute-île, ou
favoriser la mutation des espaces verts en nature spontanée
dans le projet de la Tégéval.
-
La pédagogie est un moyen efficace d’exposer, aux
yeux de tous, l’intérêt écologique
d’un milieu, facilitant son acceptation d’autant
plus si iié à un aménagement paysager.
Elle peut prendre la forme d’une ligne signalétique
ou d’animations telles qu’à Courbevoie.
-
La gestion d’un lieu est une composante essentielle de
la synergie, toutes les situations étudiées testent
différentes pratiques comme de l’éco-paturage
à la cavée du Gué, ou l’adaptation
aux résultats des inventaires naturalistes au parc de
Croix-Bonnet.
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La
cavée du Gué : Créer un lieu de détente
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Localisé
au sud de Plailly (60), entre le centre-bourg et la campagne,
l’aménagement de la Cavée du Gué propose
aux visiteurs d’évoluer dans un lieu alliant attraits
d’un environnement riche en biodiversité et agréable
pour les habitants.
Les
lieux d’attrait s’intègrent parfaitement au
cadre paysager ©
PNR Oise - Pays-de-France
Le
site s’organise autour d’une mare pédagogique,
espace naturel à l’articulation entre l’habitat
- fonds de jardins -, les rues, différents services publics
- cimetière, crèche... - et un secteur agricole
dont il reprend le vocabulaire : pâturage, vergers...
Constituant principalement un lieu de transit pour les habitants,
le site propose néanmoins des espaces récréatifs
- jeux, espace de loisir - et invite à des pauses contemplatives
en lien avec le paysage : vergers, belvédère, ponton...
Ainsi les composantes écologiques et paysagères
s’associent pour constituer un lieu cohérent offert
à la vue et l’agrément des usagers.
La commune de Plailly est située dans le parc naturel régional
Oise - Pays-de-France. La Cavée du Gué intègre
les orientations de développement durable - gestion douce,
pédagogie, protection des milieux... - dans l’aménagement
d’une zone de transition entre urbain et rural.
Cette
création d’aménités autour d’une
mare
vient révéler les atouts existants du territoire.
Une
balade révélant les paysages
La
Cavée du Gué est une mise en scène paysagère
dans le sens où l’aménagement révèle
le paysage existant, qu’il soit ordinaire ou patrimonial.
Ce parc offre aux habitants un paysage traditionnel en cohérence
avec l’environnement rural du village de Plailly.
Les
différentes fonctions du parc
L’espace,
très ouvert, offre un large panorama sur le paysage proche,
mettant en valeur les éléments identitaires du village
et de son territoire. De nombreux points de vue ont été
révélés, mais aussi crées :
- la
plantation du verger a été interrompue sur quelques
mètres pour préserver l’axe visuel vers
l’église du village.
-
l’entrée du parc a été déplacée
pour bénéficier d’une vue ouverte sur le
site et les grands paysages en arrivant sur le parc.
-
une butte belvédère au point le plus haut a été
construite à partir des terres extraites lors du creusement
de la mare permettant d’offrir un point de vue à
360° sur le site, la mare, le grand paysage et le village.
Ces
éléments apportent ainsi une clé de lecture
du paysage aux usagers : ils révèlent la naturalité
du territoire. De nombreux aspects pédagogiques en lien
avec la biodiversité sont aussi mis en place avec la présence
d’hôtels à insectes, par exemple. En lien avec
le contexte paysager, le mobilier permet contemplation et loisirs,
en s’inscrivant dans une démarche de développement
durable. L’aire de jeux a été réalisée
avec des éléments rustiques en bois, posés
sur des sols de copeaux, les différents mobilers sont simples
et ainsi pleinement intégrés. Les chemins sont matérialisés
par une tonte plus régulière dans les milieux ouverts
pour suggérer au public le parcours à emprunter.
Ces cheminements doux viennent se connecter à la limite
urbaine permettant aux habitants de transiter par ce site pour
rallier la crèche et l’école du village, par
exemple. Les riverains sont ainsi guidés depuis l’urbain
vers la campagne.
Aménager
des perspectives visuelles
©
PNR Oise - Pays-de-France
L’espace
est organisé pour accueillir du public, le recevoir dans
les meilleures conditions et lui permettre de véritablement
découvrir ce paysage commun mis en valeur par l’aménagement. |

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Espèce
hygrophile : Geum Rivale - Benoîte des ruisseaux
©
PNR Oise - Pays-de-France |
Un
condensé de biodiversité
Le
principal intérêt écologique du site se trouve
au niveau de la mare. Un écosystème riche en biodiversité
s’est développé spontanément, résultant
de la fluctuation de l’eau et de la microtopographie du
sol créant un gradient hydrique. C’est-à-dire
des milieux de plus en plus humides en s’approchant de la
mare, favorisant ainsi une diversité d’habitats plus
ou moins humides pour la faune et la flore.
Les relevés naturalistes montrent une diversité
de plantes aquatiques installées en d’importants
massifs ainsi que la présence d’espèces protégées
régionalement en Île-de-France comme par exemple
la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale).
La faune n’est pas en reste avec plusieurs espèces
remarquables d’insectes aquatiques et d’amphibien
comme par exemple le Triton crêté (Triturus cristatus).
La biodiversité naturelle et spontanée des milieux
humides a été préservée au niveau
du bassin par la mise en place d’une zone de refuge pour
la faune et la flore. Cette zone de refuge est un lieu interdit
d’accès au public permettant aux espèces présentes
d’accomplir leur cycle de vie sans être perturbées.
Afin de laisser la possibilité aux promeneurs d’observer
la faune et la flore sans dérangement, un ponton en bois
et un observatoire ont été installés pour
permettre aux visiteurs de contempler cet espace à haute
valeur écologique, sans le perturber.
La richesse écologique du site ne se résume pas
à celle de la mare. De nombreuses espèces sont également
présentes dans la végétation le long des
chemins, au niveau des lisières, des haies, au sein des
boisements. Les milieux prairiaux constituent par exemple un habitat
riche en espèces inféodées au caractère
ouvert de l’espace, maintenu par fauche ou pâturage.
La juxtaposition des milieux est aussi bénéfique
car ils s’influencent mutuellement. La prairie située
à l’Est présente ainsi une composition floristique
peu commune du fait de la proximité de la mare et d’un
couvert arboré.
Une
valorisation accompagnée
Initialement,
la commune de Plailly a souhaité aménager une friche
de 3 hectares afin de résoudre des problèmes de
ruissellement. Un bassin de rétention des eaux a été
construit en 2005. Le site est ensuite laissé en dynamique
naturelle, à l’abri de toute perturbation anthropique.
Une riche biodiversité typique des milieux humides s’est
développée naturellement.
Louée
dans un premier temps à des propriétaires de chevaux,
la commune décide de valoriser cette ancienne friche. L’enjeu
du projet est alors de conserver cette biodiversité et
la naturalité du site tout en offrant aux habitants un
espace de détente et de promenade intégré
à son environnement.
La
commune fait appel au Parc Naturel Régional (PNR) Oise
- Pays-de-France pour mener une étude d’aménagement.
L’étude vise à définir des orientations
en termes d’aménagement et de gestion du site qui
soient compatibles avec la préservation de la biodiversité
présente et l’accueil du public.
Un
site mis en musique
La
Cavée du Gué est notable dans la plus-value qu’elle
offre à un territoire présentant pourtant d’ores
et déjà une qualité paysagère et écologique.
En créant un lieu d’aménités et en
mettant en scène la nature du territoire, les riverains
sont plus enclins à découvrir la nature sur ce site
que celle à proximité, sur laquelle ils n’auraient
peut-être jamais porté d’intérêt.
Cette
introduction à la nature est soutenue par les aménagements
dédiés à la pédagogie et à
la contemplation. L’animation du PNR confirme également
cet accompagnement avec des stages sur la gestion différenciée
ainsi que la découverte de la faune à destination
des riverains et des professionnels.
Une
importante dimension multi-usages est présente.
La tonte des milieux ouverts pour les préserver de l’enfrichement
permet d’y pratiquer des loisirs sportifs. Le pâturage
au pied des vergers donne un caractère bucolique tout en
apportant les avantages écologiques et environnementaux.
Gestion
différenciée
La
biodiversité présente liée aux prairies,
aux friches, aux milieux forestiers, aux milieux rudéraux
- décombres, friches... - du site, est plus commune que
celle liée aux zones humides mais participe au fonctionnement
écologique global du site. Elle doit être également
préservée. Sa présence est largement inféodée
à l’application d’une gestion différenciée.
Ainsi, pour répondre aux exigences écologiques des
différents habitats du site et valoriser le paysage, 3
modes de gestion sont proposés. Ils répondent aux
spécificités des différentes zones et donc
des différents écosystèmes :
-
la tonte pour les secteurs d’activité et d’accueil
du public : jeux de ballon, promenade, zone de pique-nique,
tout en limitant le nombre de tonte par an.
-
la fauche annuelle pour les secteurs de refuge pour la faune
et d’enrichissement de la flore.
-
le pâturage par des moutons et une chèvre. Cet
écopâturage est une technique alternative
d’entretien des espaces verts par des herbivores. Il présente
de nombreux avantages écologiques, sociaux et économiques
: sauvegarde de races rustiques locales, réduction du
bilan carbone, des produits phytosanitaires et des déchets
verts, vecteur de sociabilité autour de l’animal
et de bien-être pour les usagers...
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Différents
mobiliers bois |

Les
auxilliaires de l’écopâturage ©
PNR Oise - Pays-de-France |
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La
différenciation des modes
de gestion permet de concilier
la préservation de la biodiversité présente
et l’accueil du public.
Une démarche s’est créée autour
de l’opportunité de la mare.
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Orchestrée
autour d’un milieu s’étant spontanément
doté d’une valeur écologique, la Cavée
du Gué propose aux visiteurs de passer du bon temps, en
s’instruisant.
Cette
transformation d’un bassin hydraulique en mare écologique
constitue en définitive un lieu de découverte et
de pédagogie pour les visiteurs, mais aussi un site d’expérimentation
pour les gestionnaires.
Ce
révélateur du paysage et de la nature de Plailly
peut être vécu comme une étape transitoire
permettant de guider les riverains vers l’attrait des campagnes
environnantes. |
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Brochure
Paysage et biodiversité
La
Direction Régionale et Interdépartementale
de l’Environnement et de l’Énergie
(DRIEE) d’Île-de-France souhaite sensibiliser
les élus, techniciens,
maître d’ouvrage, maître d’oeuvre,
à la protection de la biodiversité et
la valorisation du paysage dans les projets d’aménagement.
Cette
brochure présente huit exemples de projets exposant
la complémentarité des approches paysagères
et écologiques, favorisant la biodiversité
de même que l’usage. L’enjeu est de
démontrer par l’exemple qu’un aménagement
peut répondre aux exigences d’une biodiversité
fonctionnelle, en s’intégrant dans le paysage
et inversement tout en répondant aux besoins
des populations.
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Ouvrage réalisé par la DRIEE
:
Direction Régionale et Interdépartementale
de l’Environnement et de l’Énergie
d’Île-de-France
Auteurs : Antoine Abarnou, Adrien Solacroup, Marie Genêt
- G2C Territoires / Altereo
Édition Juin 2018
driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr |
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