Paysage & biodiversité

(1) Notions principales :
Biodiversité - Paysage - Analyse croisée
La cavée du Gué : Créer un lieu de détente



Ces deux notions, bien qu’ayant toutes deux trait à des systèmes dynamiques vivants, n’ont pas toujours été considérées ensemble dans
les projets de transformation ou de création d’espaces publics, notamment en milieu urbain. Il semble qu’aujourd’hui cela prenne un sens culturel et symbolique particulier, et que l’urbain soit sur le point de se reconcilier avec des aspects sauvages qui étaient jusqu’à présent évincés. Seront présentés huit exemples de projets exposant la complémentarité des approches paysagères et écologiques, favorisant
la biodiversité de même que l’usage. L’enjeu est de démontrer par l’exemple qu’un aménagement peut répondre aux exigences
d’une biodiversité fonctionnelle, en s’intégrant dans le paysage et inversement tout en répondant aux besoins des populations.

Notions principales


Éléments essentiels à la biodiversité

Biodiversité

Qu'est-ce que la biodiversité ?

La biodiversité, contraction de diversité biologique représente la diversité de la vie sur terre : la diversité génétique, la diversité des espèces et des milieux, et leurs interactions.

C’est l’ensemble des êtres vivants, les plantes, les animaux, les champignons, les micro-organismes... Ce sont aussi les interactions qui les relient entre eux et avec le milieu où ils vivent.

Nous, humains, appartenons à l’espèce Homo sapiens, un des éléments de la biodiversité. Nous interagissons dans le temps et dans l’espace avec les autres composantes de la biodiversité et notre vie même en dépend.

Quels bénéfices apporte-t-elle ?

La biodiversité apporte un nombre important de bénéfices à notre société que l’on appelle services écosystémiques auxquels il est difficile de suppléer : des services d’approvisionnement en matières premières, des services de régulation, des services culturels...

La nature en ville contribue notamment à la qualité du cadre de vie et à l’attractivité des villes. Elle permet de réguler les températures trop chaudes en été, de filtrer les eaux, d’améliorer la qualité de l’air, de limiter les risques d’inondation... Les services rendus par la nature en ville sont sociaux, écologiques mais aussi économiques.

Le lien entre habitats, territoires, villes et aménagement

La trame verte et bleue (TVB) est un outil d’aménagement durable du territoire qui vise à maintenir et à reconstituer un réseau écologique sur le territoire pour que les espèces puissent, comme l’Homme, communiquer, circuler, s’alimenter, se reproduire, se reposer... C’est à dire assurer leur cycle de vie tout en facilitant leur adaptation au changement climatique.

La prise en compte de la trame verte et bleue au niveau local, notamment par le biais des documents d’urbanisme réalisés par les collectivités, mais aussi par la mobilisation d’outils contractuels, permet d’intégrer la biodiversité dans les projets de territoire et ainsi renforcer la valeur écologique des aménagements.

Même si la trame verte et bleue vise en premier lieu des objectifs écologiques, elle permet également d’atteindre des objectifs sociaux et économiques, à travers le maintien des services rendus par la biodiversité, la valorisation paysagère et culturelle des milieux supports - amélioration du cadre de vie, accueil d’activités de loisirs... -, et la participation des activités humaines : activités agricoles, activités forestières...

L’approche paysage de la trame verte et bleue

La trame verte et bleue s’appuie sur les concepts de l’écologie du paysage qu’elle aborde d’une manière fonctionnelle. L’écologie du paysage est une notion nouvelle qui met en évidence l’importance de l’organisation des structures du paysage au regard du déplacement des espèces et de la biodiversité.

L’approche paysagère de la trame verte et bleue révèle toute la multifonctionnalité d’un territoire plaçant l’Homme et ses activités au cœur de son patrimoine. Elle permet d’avoir une vision intégrée du territoire dans ses diverses dimensions.


Ruche au cœur d’un square de Courbevoie
© Ville de Courbevoie - Yann Rossignol

Poumon vert en zone urbaine,
parc départemental de la Haute-Isle

© Conseil Général de la Seine-Saint-Denis

Définition trame verte et bleue
(Agence Française pour la Biodiversité)

La trame verte et bleue est un réseau formé de continuités écologiques terrestres et aquatiques identifiées par les schémas régionaux de cohérence écologique ainsi que par les documents de planification de l’État, des collectivités territoriales et de leurs groupements.
La trame verte et bleue contribue à l’amélioration de l’état de conservation des habitats naturels et des espèces et au bon état écologique des masses d’eau.

L’un des objectifs assignés à la trame verte et bleue
est d’améliorer la qualité et la diversité des paysages
.


Paysage

Le paysage est une partie de territoire telle que perçue par les populations. Cette définition renvoie à deux principes essentiels :

  • le territoire qui est la composante physique du paysage, soumise à l’action des éléments naturels ainsi qu’à l’action de l’Homme
  • la notion de ressenti, de perception physique, coporelle, sensible, mais aussi de projection culturelle et symbolique de la relation qu’entretient l’Homme à l’espace. Cette composante sensible du paysage lui apporte de la profondeur et forme sa dimension à la fois :
    • spatiale : en lien avec le vide - l’espace libre -, les pleins, les proportions, les dimensions, l’ouverture et la fermeture
    • matérielle : matières, textures, formes, matériaux, dimensions, couleurs, sons, parfums, lumières..., et
    • immatérielle : lien mental que l’humain entretient avec l’univers, le tout. Un même paysage peut en effet être perçu différement par plusieurs personnes, ceci en fonction de leur culture, de leur éducation...

© PNR Oise - Pays-de-France

Le paysage est parcouru et vécu. Il peut prendre une valeur culturelle, correspondre à une image affective, un caractère typiquement local... C’est un patrimoine partagé avec une forte dimension sociale.
Ainsi le paysage est structurant pour l’Homme en tant qu’élément individuel faisant partie d’un tout, tant sur le plan de l’équilibre écologique, que sur le plan social et culturel.
L’action humaine sur le territoire, la croissance des populations sur la planète impliquent une transformation très rapide des paysages. Si leurs différentes composantes physiques, sensibles et culturelles ne sont pas prises en compte, cette transformation entraine leur dégradation, leur banalisation - perte de caractères -, et une perte de cohérence et d’équilibre vitaux pour l’Homme.
Le besoin de protéger les paysages et d’améliorer le cadre de vie des populations a émergé progressivement, notamment en espace urbain et périurbain où les évolutions ont été brusques au cours du dernier siècle. Les paysages deviennent une nécessité dans le but

  • de se ressourcer : espace de promenade, de détente
  • de contempler : espace pittoresque ou composition
  • de communier : espace identifiable, évocateur, souvenir
  • de se l’approprier : lien entre le territoire et l’Homme, identité paysagère inféodée à son action.

Évolution du rapport entre Jardin et Nature

L’aménagement des espaces extérieurs fait partie intégrante de l’action de l’Homme sur son territoire pour répondre à des besoins vitaux et/ou sociaux : alimentation, protection, lieu d’échange ou espaces d’agrément. Le jardin, en tant qu’espace à usage humain accueillant des éléments vivants, est une représentation symbolique du rapport de l’Homme à la nature. Ce rapport a longtemps été celui de la volonté de domination de l’Homme sur la Nature, alors perçue comme nourricière et protectrice, mais aussi sauvage et dangereuse.
Le jardin régulier de Versailles (1624), symbole de la puissance de son commanditaire, en est un des exemples les plus connus : lignes droites, art topiaire - végétaux taillés -, pelouses nettes, bassins maçonnés... Le côté sauvage n’a dans ces lieux pas de place autre que celle de son contrôle rigoureux, tandis que la notion même de biodiversité n’existe pas encore. Jusque dans les années 70-80, âge d’or de la taille rigoureuse des arbres et de l’usage des produits phytosanitaires, le principe de maintien de la nature sous contrôle reste la pratique usuelle.

Composition harmonieuse du parc du quartier de Croix-Bonnet
© Jacques Coulon et Linda Leblanc

Progressivement, dans le contexte du développement des villes, la perception du rapport de l’Homme à la nature dont il est coupé se transforme.
Parallèlement à la prise de conscience de l’importance vitale des équilibres écologiques et de la biodiversité pour la planète, une tension apparait entre les espaces jardinés entretenus et fréquentés, aménagés pour la présence de l’Homme et les espaces naturels écologiques et libres vierges, très peu fréquentés, pour le bon développement de la faune et de la flore.
La tendance émergente propose des jardins plus sauvages, laissant la part belle à des espaces naturels, donc vivants support possible pour l’expression d’une relation plus harmonieuse et équilibrée, sortant du schéma archaïque dominant-dominé, donnant à voir la beauté du sauvage souvent décrié - friches, ronciers, prairie… -, créant des habitats nécessaires pour nombre d’espèces. Nous présentons ainsi 8 projets en quête de cet équilibre.



© G2C Environnement

Définition

Loi biodiversité (article L.110-1 du code de l’environnement) : partie de territoire telle que perçue par les populations ;
Convention de Florence (20 octobre 2000) : Paysage désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations ;
La notion de paysage a une dimension esthétique forte, voire picturale ou littéraire en tant que représentation, mais elle recouvre de nombreuses acceptions et le paysage manifeste aussi les politiques d’aménagement du territoire, voire la géopolitique.




Analyse croisée

Quelle connexion entre paysage aménagé et biodiversité ?

La réalisation d’aménagements paysagers à - haute - valeur écologique nécessicite de trouver une juste combinaison entre usages humains et nature sauvage, notamment par une bonne organisation spatiale entre des milieux naturels préservés et des espaces accessibles d’où ils peuvent être perçus sans être endommagés afin qu’ils puissent se nourrir l’un de l’autre. La recherche de cette imbrication représente l’élément central dans la création de ce type d’aménagements, qui devient vertueux à la fois pour l’Homme et pour les espèces. Le cadre de vie de l’Homme et les milieux naturels s’approchent au point de ne former plus qu’un, dans l’idéal. Pour cela, le vivant au sens large est essentiel et mis en avant, il permet de retrouver le caractère véritable d’un lieu au sein de son territoire. L’aspect local des éléments constitutifs est primordial pour conforter une identité paysagère, portée par la qualité des milieux qui le compose. La réussite de ce type de projet passe inéluctablement par l’observation préalable de ce vivant, dans le but d’en extraire la richesse au travers de son intérêt ornemental et fonctionnel.

Réfléchir l’organisation

Un espace peut avoir plusieurs usages qui varient en fonction du type de lieu et de sa fréquentation humaine, en lien avec la présence plus ou moins prépondérante de milieux vivants : de l’espace naturel protégé à la rue d’une grande agglomération. Pour autant, l’organisation des éléments constitutifs peut permettre de mettre en valeur le paysage ou de donner plus de valeur écologique aux espaces visés quelle que soit leur nature. Le but étant de trouver le meilleur équilibre, afin que des lieux riches en biodiversité puissent aussi satisfaire les différents usages des populations.

Relier les deux dans un même espace

Les espaces aménagés paysagés dont l’objectif principal est la fréquentation humaine, et les milieux naturels ou les zones à intérêt écologique dont l’objectif principal est la préservation et/ou le développement d’une biodiversité, s’opposent ou se juxtaposent souvent sans que leur interrelation soit réfléchie. De plusieurs manières, à différentes étapes, il est pourtant possible de créer des connexions entre eux. L’imbrication est le niveau où paysage vécu et biodiversité sont complémentaires.

Rechercher le bon compromis

Pour approcher ce consensus entre paysage vécu et biodiversité, il n’y a pas de solution toute faite. Il est cependant possible, vis à vis d’un site ou d’une démarche, d’envisager une approche pour se poser les bonnes questions, aux bons moments. Et il est proposé à la suite des éléments permettant de renforcer la synergie paysagère et écologique, en s’appuyant sur les points forts de chaque situation étudiée, basée sur l’observation des atouts et des contraintes d’un lieu, d’un territoire :

  • La démarche de conception - ou concept - du site est centrale, lorsque la volonté de mêler paysage et biodiversité est traduite dans le dessin de l’espace, qui organise les fonctions pour définir un juste équilibre, comme, par exemple, au parc du quartier de Croix-Bonnet.
  • Le fait de prendre appui sur les usages pour valoriser l’écologie et créer du cadre de vie a été mis en place, par exemple, au Petit Rosne sur la question des inondations, ou à la cavée du Gué pour imbriquer les aspects récréatifs aux milieux naturels.
  • La création de connexions est essentielle au sein d’un même lieu, mais aussi entre ou avec les espaces naturels existants pour affirmer les TVB. Ces liens peuvent ainsi prendre la forme de voies douces pour découvrir le paysage des territoires, à l’image du chemin des parcs.
  • La mise en valeur paysagère de milieux naturels peut prendre différentes formes en fonction des dimensions de la zone à traiter : formaliser des zones de tranquilité pour les espèces au niveau du parc naturel urbain, organiser l’observation comme au parc de la Haute-île, ou favoriser la mutation des espaces verts en nature spontanée dans le projet de la Tégéval.
  • La pédagogie est un moyen efficace d’exposer, aux yeux de tous, l’intérêt écologique d’un milieu, facilitant son acceptation d’autant plus si iié à un aménagement paysager. Elle peut prendre la forme d’une ligne signalétique ou d’animations telles qu’à Courbevoie.
  • La gestion d’un lieu est une composante essentielle de la synergie, toutes les situations étudiées testent différentes pratiques comme de l’éco-paturage à la cavée du Gué, ou l’adaptation aux résultats des inventaires naturalistes au parc de Croix-Bonnet.

La cavée du Gué : Créer un lieu de détente

Localisé au sud de Plailly (60), entre le centre-bourg et la campagne, l’aménagement de la Cavée du Gué propose aux visiteurs d’évoluer dans un lieu alliant attraits d’un environnement riche en biodiversité et agréable pour les habitants.

Les lieux d’attrait s’intègrent parfaitement au cadre paysager © PNR Oise - Pays-de-France

Le site s’organise autour d’une mare pédagogique, espace naturel à l’articulation entre l’habitat - fonds de jardins -, les rues, différents services publics - cimetière, crèche... - et un secteur agricole dont il reprend le vocabulaire : pâturage, vergers...
Constituant principalement un lieu de transit pour les habitants, le site propose néanmoins des espaces récréatifs - jeux, espace de loisir - et invite à des pauses contemplatives en lien avec le paysage : vergers, belvédère, ponton... Ainsi les composantes écologiques et paysagères s’associent pour constituer un lieu cohérent offert à la vue et l’agrément des usagers.
La commune de Plailly est située dans le parc naturel régional Oise - Pays-de-France. La Cavée du Gué intègre les orientations de développement durable - gestion douce, pédagogie, protection des milieux... - dans l’aménagement d’une zone de transition entre urbain et rural.

Cette création d’aménités autour d’une mare
vient révéler les atouts existants du territoire.

Une balade révélant les paysages

La Cavée du Gué est une mise en scène paysagère dans le sens où l’aménagement révèle le paysage existant, qu’il soit ordinaire ou patrimonial. Ce parc offre aux habitants un paysage traditionnel en cohérence avec l’environnement rural du village de Plailly.

Les différentes fonctions du parc

L’espace, très ouvert, offre un large panorama sur le paysage proche, mettant en valeur les éléments identitaires du village et de son territoire. De nombreux points de vue ont été révélés, mais aussi crées :

  • la plantation du verger a été interrompue sur quelques mètres pour préserver l’axe visuel vers l’église du village.
  • l’entrée du parc a été déplacée pour bénéficier d’une vue ouverte sur le site et les grands paysages en arrivant sur le parc.
  • une butte belvédère au point le plus haut a été construite à partir des terres extraites lors du creusement de la mare permettant d’offrir un point de vue à 360° sur le site, la mare, le grand paysage et le village.

Ces éléments apportent ainsi une clé de lecture du paysage aux usagers : ils révèlent la naturalité du territoire. De nombreux aspects pédagogiques en lien avec la biodiversité sont aussi mis en place avec la présence d’hôtels à insectes, par exemple. En lien avec le contexte paysager, le mobilier permet contemplation et loisirs, en s’inscrivant dans une démarche de développement durable. L’aire de jeux a été réalisée avec des éléments rustiques en bois, posés sur des sols de copeaux, les différents mobilers sont simples et ainsi pleinement intégrés. Les chemins sont matérialisés par une tonte plus régulière dans les milieux ouverts pour suggérer au public le parcours à emprunter. Ces cheminements doux viennent se connecter à la limite urbaine permettant aux habitants de transiter par ce site pour rallier la crèche et l’école du village, par exemple. Les riverains sont ainsi guidés depuis l’urbain vers la campagne.

Aménager des perspectives visuelles
© PNR Oise - Pays-de-France

L’espace est organisé pour accueillir du public, le recevoir dans les meilleures conditions et lui permettre de véritablement découvrir ce paysage commun mis en valeur par l’aménagement.



Espèce hygrophile : Geum Rivale - Benoîte des ruisseaux © PNR Oise - Pays-de-France

Un condensé de biodiversité

Le principal intérêt écologique du site se trouve au niveau de la mare. Un écosystème riche en biodiversité s’est développé spontanément, résultant de la fluctuation de l’eau et de la microtopographie du sol créant un gradient hydrique. C’est-à-dire des milieux de plus en plus humides en s’approchant de la mare, favorisant ainsi une diversité d’habitats plus ou moins humides pour la faune et la flore.
Les relevés naturalistes montrent une diversité de plantes aquatiques installées en d’importants massifs ainsi que la présence d’espèces protégées régionalement en Île-de-France comme par exemple la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale).
La faune n’est pas en reste avec plusieurs espèces remarquables d’insectes aquatiques et d’amphibien comme par exemple le Triton crêté (Triturus cristatus).
La biodiversité naturelle et spontanée des milieux humides a été préservée au niveau du bassin par la mise en place d’une zone de refuge pour la faune et la flore. Cette zone de refuge est un lieu interdit d’accès au public permettant aux espèces présentes d’accomplir leur cycle de vie sans être perturbées. Afin de laisser la possibilité aux promeneurs d’observer la faune et la flore sans dérangement, un ponton en bois et un observatoire ont été installés pour permettre aux visiteurs de contempler cet espace à haute valeur écologique, sans le perturber.
La richesse écologique du site ne se résume pas à celle de la mare. De nombreuses espèces sont également présentes dans la végétation le long des chemins, au niveau des lisières, des haies, au sein des boisements. Les milieux prairiaux constituent par exemple un habitat riche en espèces inféodées au caractère ouvert de l’espace, maintenu par fauche ou pâturage.
La juxtaposition des milieux est aussi bénéfique car ils s’influencent mutuellement. La prairie située à l’Est présente ainsi une composition floristique peu commune du fait de la proximité de la mare et d’un couvert arboré.

Une valorisation accompagnée

Initialement, la commune de Plailly a souhaité aménager une friche de 3 hectares afin de résoudre des problèmes de ruissellement. Un bassin de rétention des eaux a été construit en 2005. Le site est ensuite laissé en dynamique naturelle, à l’abri de toute perturbation anthropique. Une riche biodiversité typique des milieux humides s’est développée naturellement.

Louée dans un premier temps à des propriétaires de chevaux, la commune décide de valoriser cette ancienne friche. L’enjeu du projet est alors de conserver cette biodiversité et la naturalité du site tout en offrant aux habitants un espace de détente et de promenade intégré à son environnement.

La commune fait appel au Parc Naturel Régional (PNR) Oise - Pays-de-France pour mener une étude d’aménagement. L’étude vise à définir des orientations en termes d’aménagement et de gestion du site qui soient compatibles avec la préservation de la biodiversité présente et l’accueil du public.

Un site mis en musique

La Cavée du Gué est notable dans la plus-value qu’elle offre à un territoire présentant pourtant d’ores et déjà une qualité paysagère et écologique. En créant un lieu d’aménités et en mettant en scène la nature du territoire, les riverains sont plus enclins à découvrir la nature sur ce site que celle à proximité, sur laquelle ils n’auraient peut-être jamais porté d’intérêt.

Cette introduction à la nature est soutenue par les aménagements dédiés à la pédagogie et à la contemplation. L’animation du PNR confirme également cet accompagnement avec des stages sur la gestion différenciée ainsi que la découverte de la faune à destination des riverains et des professionnels.

Une importante dimension multi-usages est présente. La tonte des milieux ouverts pour les préserver de l’enfrichement permet d’y pratiquer des loisirs sportifs. Le pâturage au pied des vergers donne un caractère bucolique tout en apportant les avantages écologiques et environnementaux.

Gestion différenciée

La biodiversité présente liée aux prairies, aux friches, aux milieux forestiers, aux milieux rudéraux - décombres, friches... - du site, est plus commune que celle liée aux zones humides mais participe au fonctionnement écologique global du site. Elle doit être également préservée. Sa présence est largement inféodée à l’application d’une gestion différenciée.
Ainsi, pour répondre aux exigences écologiques des différents habitats du site et valoriser le paysage, 3 modes de gestion sont proposés. Ils répondent aux spécificités des différentes zones et donc des différents écosystèmes :

  • la tonte pour les secteurs d’activité et d’accueil du public : jeux de ballon, promenade, zone de pique-nique, tout en limitant le nombre de tonte par an.
  • la fauche annuelle pour les secteurs de refuge pour la faune et d’enrichissement de la flore.
  • le pâturage par des moutons et une chèvre. Cet écopâturage est une technique alternative d’entretien des espaces verts par des herbivores. Il présente de nombreux avantages écologiques, sociaux et économiques : sauvegarde de races rustiques locales, réduction du bilan carbone, des produits phytosanitaires et des déchets verts, vecteur de sociabilité autour de l’animal et de bien-être pour les usagers...

Différents mobiliers bois

Les auxilliaires de l’écopâturage © PNR Oise - Pays-de-France

La différenciation des modes
de gestion permet de concilier
la préservation de la biodiversité présente et l’accueil du public.

Une démarche s’est créée autour
de l’opportunité de la mare.

Orchestrée autour d’un milieu s’étant spontanément doté d’une valeur écologique, la Cavée du Gué propose aux visiteurs de passer du bon temps, en s’instruisant.
Cette transformation d’un bassin hydraulique en mare écologique constitue en définitive un lieu de découverte et de pédagogie pour les visiteurs, mais aussi un site d’expérimentation pour les gestionnaires.
Ce révélateur du paysage et de la nature de Plailly peut être vécu comme une étape transitoire permettant de guider les riverains vers l’attrait des campagnes environnantes.


Brochure Paysage et biodiversité


La Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Énergie (DRIEE) d’Île-de-France souhaite sensibiliser les élus, techniciens,
maître d’ouvrage, maître d’oeuvre, à la protection de la biodiversité et la valorisation du paysage dans les projets d’aménagement.

Cette brochure présente huit exemples de projets exposant la complémentarité des approches paysagères et écologiques, favorisant la biodiversité de même que l’usage. L’enjeu est de démontrer par l’exemple qu’un aménagement peut répondre aux exigences d’une biodiversité fonctionnelle, en s’intégrant dans le paysage et inversement tout en répondant aux besoins des populations.

 

Ouvrage réalisé par la DRIEE :
Direction Régionale et Interdépartementale de l’Environnement et de l’Énergie d’Île-de-France
Auteurs : Antoine Abarnou, Adrien Solacroup, Marie Genêt - G2C Territoires / Altereo
Édition Juin 2018

driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr