Les
mobilités urbaines ont profondément évolué
en peu d’années, offrant une plus grande diversité
de services. Au diptyque voiture personnelle-transports en commun,
se substitue désormais un riche panel de propositions de déplacements
permettant de réaliser
des gains de temps significatifs pour parcourir de courtes distances.
Avec une mobilité très forte - 8,8 millions de déplacements
internes
à Paris en 2018 - et des portées courtes - 72 % des déplacements
font moins de 2 kilomètres, 92 % moins de 5 kilomètres -,
Paris représente
un espace d’expérimentations de premier ordre pour les nouvelles
mobilités. Les premiers résultats de l’Enquête
Globale de Transport
de 2018 viennent d’ailleurs renforcer cette observation en soulignant
l’intensification des déplacements internes à Paris
depuis 2010 :
+ 10 %. Forts de ces constats, les opérateurs privés ont
ainsi déployé dès 2016, avec Cityscoot d’abord,
une offre en mobilités
alternatives et surtout en free-floating, sans station d’attache.
Qui
sont les usagers ?
Free-floateur,
qui es-tu ?
58
% des usagers ont moins de 35 ans, la proportion de femmes atteint
36 %. Ces ratios sont comparables aux moyennes observées
pour Vélib’ : 32 % de femmes et 56 % de moins de
35 ans. Ils ne sont pas très éloignés non
plus du dernier bilan établi pour Autolib’, qui
comptait 38 % de femmes parmi ses abonnés longue durée
et une moyenne d’âge toutefois supérieure,
établie à 38 ans. Cette moyenne d’âge
plus élevée qui s’explique par la nécessité
de détenir un permis de conduire pour les usagers d’Autolib’.
L’emprunt de véhicules partagés, qu’ils
soient en free-floating ou attachés à un emplacement,
montre globalement une homogénéité de genre,
d’âge et de statut social des utilisateurs.
Des
nuances importantes sont malgré tout repérables
selon les modes :
-
Les scooters et trottinettes sont beaucoup plus empruntés
par les hommes que par les femmes, alors que le recours au
vélo est plus mixte.
-
La population qui recourt aux trottinettes est plus jeune
que celle utilisant des vélos et surtout des scooters
en free-floating. Pour Vélib’, l’âge
minimum requis est de 14 ans et pour les engins de déplacements
personnels motorisés, de 18 ans pour les services en
free-floating.
-
Les personnes en emploi, ainsi que les étudiants et
lycéens, sont surreprésentés parmi les
usagers, les premiers ayant plus souvent recours aux vélos
et surtout aux scooters en free-floating, les seconds étant
plus représentés sur les trottinettes et les
vélos.
-
Les cadres sont plus nombreux sur les trottinettes, les employés
plus nombreux sur les vélos et les artisans, commerçants
et chefs d’entreprises, sur les scooters.
Ces
éléments mis bout à bout constituent des
marqueurs sociaux intéressants. Ils valident l’hypothèse
de pratiques distinctes selon les groupes sociaux et les genres.
Néanmoins, les nouveaux entrants, apparus à l’occasion
des grèves de transports, ont modifié substantiellement
le profil habituel des utilisateurs. L’intrant grèves
sera analysé plus loin et permettra de distinguer les
usagers habituels dont la pratique est choisie, des utilisateurs
qui ont été contraints par la grève de
trouver des solutions pour se déplacer. Le vélo
en flotte libre a conquis rapidement les grandes métropoles,
rencontrant un besoin non comblé d’offres en déplacements
alliant le libre-service, l’absence de contingences liées
à l’entretien, au risque de vols et de dégradations,
la non-nécessité de disposer d’un local
dédié à l’accueil de l’engin.
Autant d’atouts qui ont démontré leur importance
dans les grandes métropoles en séduisant un public
plutôt composé de jeunes actifs ou d’étudiants,
provenant majoritairement, mais pas toujours, de milieux sociaux
aisés et diplômés du supérieur.
Précautions
liminaires
Une
attention particulière est attirée sur le calendrier
de diffusion de cette enquête. Au moment de son lancement,
les premiers mouvements de grève liés au projet
de réforme des retraites s’engageaient. Ils ont
duré pendant toute la période de mise en ligne
du questionnaire et ont pu perturber certaines pratiques habituelles.
Pour limiter les biais dans l’interprétation des
résultats, deux questions supplémentaires ont
été introduites. Elles sont relatives aux grèves
qui ont impacté les transports en commun, et permettent
de séparer la clientèle habituelle des usagers
fraîchement convertis à ces services en raison
de la grève. Ces circonstances exceptionnelles ont conduit
deux opérateurs sur les 12 contactés à
ne pas diffuser l’enquête : CIRC et B-Mobility.
L’Apur
considère que ces évènements introduisent
certes une perturbation, mais qu’ils permettent également
de mesurer un facteur que nous n’avions pas initialement
envisagé d’expertiser : le taux de recours à
ces engins pendant les périodes de dysfonctionnement
des modes de transports majoritaires. Ces résultats permettent
de révéler le profil du public qui pourrait être
vulnérable à ces dispositifs de déplacement.
|

©
JeanLuclchard/Shutterstock.com
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 |
Des
usagers
au profil spécifique :
une majorité d’hommes,
de moins de 35 ans,
de catégories socio-professionnelles supérieures.
Scooter
Cityscoot, Paris, avril 2018
©
Cityscoot, Stéphane Félicité |

Trottinette
Bird, octobre 2019, Paris ©
Bird |
Menée
pendant le mouvement social contre la réforme des retraites,
l’enquête a permis de distinguer les profils
entre utilisateurs habituels et nouveaux entrants.
|
Un
lien étroit entre zone opérationnelle des services
et lieux de résidence des répondants
72
% des usagers ayant indiqué leur lieu de résidence
sont domiciliés à Paris. Cette polarisation très
forte est corrélée aux périmètres
géographiques de ces services, quasiment tous limités
à l’intérieur du périphérique.
Aujourd’hui, seuls Lime, CityScoot et Vélib’
ont une zone opérationnelle plus large.
Néanmoins, 28 % des répondants résident hors
Paris : 20 % en petite couronne, 5 % en grande couronne et 3 %
hors Île-de-France.
Parmi
les répondants, 3 usagers sur 10 résident hors Paris,
dont une bonne partie dans les Hauts-de-Seine. La représentation
brute du nombre de répondants à la commune illustre
un centre de gravité de la demande plutôt centré
vers l’ouest.
Trottinette
Tier, Pont Alexandre III, 2019, Paris (VIIIe) ©
Tier Mobility
Si
l’on ramène cette demande brute au poids de la population,
le gradient évolue vers le centre de la capitale et vers
les arrondissements les plus dotés en termes de capital
économique, avec une surreprésentation des 4 premiers
arrondissements parisiens ainsi que des VIIe, VIIIe, et surtout
IXe et Xe arrondissements. Cette observation rejoint celle issue
de l’étude Observatoire des mobilités
émergentes réalisée en 2019 par l’ObSoCo,
qui montrait que les résidents des arrondissements centraux
- du Ier au XIe arrondissements - avaient un recours plus élevé
aux objets de glisse urbaine que ceux des autres groupes d’arrondissements.
Les
spécificités spatiales de la pratique permettent
de nuancer les performances brutes des territoires - nombre de
répondants à la commune -, en rapportant la part
de répondants au poids démographique du territoire.
Elle permet d’offrir une lecture indiciaire des usages,
montrant les communes les plus vulnérables à ces
modes de déplacement. Appelé ici indice de représentation,
il montre par exemple que si le XVe arrondissement regroupe le
maximum de répondants au questionnaire, ce score brut ne
le place pas pour autant parmi les arrondissements à forte
réceptivité en matière d’usage de ces
modes partagés en free-floating au regard du poids de la
population.
En élargissant l’exercice à l’ensemble
de l’Île-de-France, on note que le poids des usagers
de la petite couronne est inférieur à leur poids
dans la population régionale, avec des niveaux de sous-représentation
qui varient du simple au double entre les Hauts-de-Seine
- indice = 0,8 - et la Seine-Saint-Denis - indice = 0,4 -, le
Val-de-Marne se plaçant dans une position intermédiaire
: indice = 0,5. Les usagers résidant en grande couronne
sont très sous-représentés parmi les répondants.
En
petite couronne, une vingtaine de communes se détachent
par le nombre de répondants. Ensemble, elles totalisent
1 060 utilisateurs, ce qui correspond à 57 % du total des
répondants de la petite couronne, pour 28 % de la population
totale de ce territoire. Un usager de petite couronne sur cinq
réside dans l’une des quatre communes suivantes :
Boulogne-Billancourt, Levallois- Perret, Issy-les-Moulineaux ou
encore Clichy-sur-Seine.
Parmi ces 20 communes, certaines ne sont pas couvertes par l’un
ou l’autre des services en free-floating.
Elles
forment un anneau autour de Paris dans lequel le recours aux modes
partagés en free-floating est 2 fois supérieur à
ce qui serait attendu du fait de son poids démographique.
La polarisation de la pratique est donc forte, la dissymétrie
spatiale est marquée, et les contributions relatives des
territoires très clivées. Hors Paris, les communes
les plus surreprésentées dans l’usage des
engins en free-floating sont les communes directement limitrophes
à Paris, et tout particulièrement l’arc allant
de Clichy-sur-Seine à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine.
Le deuxième rideau de communes de la métropole du
Grand Paris est sous-représenté parmi les répondants,
à l’exception d’Asnières-sur-Seine,
de Romainville ou encore d’Alfortville. |

Nombre
de répondants par commune / arrondissement
Source
: enquête Apur menée du 29 novembre 2019 au 20 janvier
2020 base répondants : 9 296,
Recensement de la population (Insee) - 2016
 |
Hors
Paris, l’arc ouest, allant de Clichy à Montrouge,
est surreprésenté parmi les répondants. |
Quels
déplacements sont couverts ? |
Au
cours de la journée d'enquête, pour chacun des
déplacements, indiquez le motif à l'origine -
domicile, travail... - et le motif à destination : travail,
loisirs...
 
|
Les
déplacements liés au travail, clé de voûte
de la demande
Le
travail reste le premier motif de recours aux engins en free-floating,
avec 50 % des répondants signalant l’utiliser le
plus fréquemment sur un parcours domicile-travail ou travail-autres.
Par rapport à l’Enquête Globale des Transports
menée à l’échelle régionale,
la hiérarchie des motifs de déplacements est similaire.
En revanche, les proportions diffèrent largement, ce qui
s’explique en grande partie par les modes de transports
examinés, par la couverture géographique et par
des méthodes différentes.
…
avec cependant des nuances importantes selon le mode choisi
Au
vu des résultats, le scooter en free-floating est un véritable
mode de déplacement lié au travail : 67 %. Si la
composante travail est également forte pour le vélo
en free-floating - 56 % -, la composante loisirs n’est
pas négligeable dans son recours : 19 %.
Les motifs sont plus partagés pour l’usage de la
trottinette, avec une dimension travail et une dimension
loisirs très proches en volume et en structure.
Le potentiel ludique de ce type d’engins s’exprime
pleinement au travers de ces résultats et rejoint ainsi
l’une des observations de l’étude sur les pratiques
de groupe autour de ces engins.
Source
: enquête Apur, menée du 29 novembre 2019 au 20 janvier
2020, base répondants : 10 957
Un
recours régulier ou occasionnel…
L’usage
quotidien est plutôt faible puisqu’ils sont 19 % à
indiquer avoir recours tous les jours à des engins en partage.
En revanche, 27 % des répondants déclarent y avoir
recours régulièrement - plus de 3 fois par semaine
- et 29 % occasionnellement : moins de 3 fois par semaine mais
plus de 4 fois par mois.
Il s’agit donc de moyens de transport qui ont très
vite modifié les pratiques chez 75 % des répondants
et ont été intégrés dans leur carte
mentale des transports.
Présents
depuis plusieurs années dans la capitale, les vélos
et les scooters partagés ont fidélisé une
clientèle qui utilise quotidiennement ces engins - respectivement
30 % et 32 % -, malgré un coût qui pourrait être
jugé prohibitif pour les scooters.
D’implantation plus récente, les trottinettes ont
conquis un marché d’usagers aux recours plus modérés,
partagés entre une pratique occasionnelle - 31 % - ou rare
: 22 %. Ces valeurs convergent d’ailleurs avec la modalité
depuis quand utilisez-vous ce moyen de transports ? :
54 % et 44 % des usagers de vélos et trottinettes l’empruntent
depuis plus d’un an, contre 28 % pour les trottinettes.
Source
: enquête Apur, menée du 29 novembre 2019 au 20 janvier
2020, base répondants : 11 109
…qui
intervient en complément des offres proposées
Pour
5 580 répondants, l’usage de ces engins est associé
à d’autres modes de déplacements.
Pour 75 % des utilisateurs multipliant les modes, le métro
reste le recours majoritaire, loin devant le bus et le RER. Il
constitue donc, pour la moitié des usagers, une modalité
permettant de finaliser une chaîne de déplacement,
les transports en commun en constituant la matrice principale.
Pour
l’autre moitié des enquêtés, c’est
le seul mode de transport utilisé pour les motifs de déplacements
les plus fréquents.
Le
travail reste le premier motif de recours aux engins en free-floating.
Près d’1/3 des déplacements en trottinettes
motivés par la dimension loisirs.
Un
free-floateur optimise son temps de parcours et
utilise régulièrement au moins 3 modes de transports.
Quand vous utilisez ce mode de transport, vous arrive-t-il
de le combiner à d'autres moyens de déplacement
? Si oui, lequel, ou lesquels ?
Source
: enquête Apur menée du 29 novembre 2019 au 20 janvier
2020, base répondants : 5 575
|
À
quelle fréquence utilisez-vous ce mode de transport ?


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Quels
sont les motivations et les freins ? |
Les principales motivations citées
À
la question de savoir ce qui a incité le répondant
à utiliser l’engin en free-floating, les réponses,
à choix multiples, font émerger, en premier lieu,
les gains de temps obtenus ou attendus du fait de cette utilisation.
C’est la rubrique qui remporte le plus grand nombre de suffrages,
loin devant les autres raisons évoquées.
La quête de l’optimisation des déplacements,
de l’efficacité du dernier kilomètre,
du sur-mesure, sont ici pointés en creux et rappellent
que le temps constitue un enjeu précieux pour les citadins.
Plus d’un tiers des réponses se sont portées
sur la congestion des transports en commun comme incitation à
recourir aux engins en free-floating. La saturation des réseaux
routiers arrive loin derrière, avec 8 % de répondants.
En lien avec l’item gain de temps, la rubrique
free-floating - prise et dépose au plus près de
mon lieu de départ-destination - recueille 26 % de réponses.
Les aspects liés au caractère individuel, à
la liberté, au plaisir sont également largement
plébiscités.
Réalisée au moment des grèves dans les transports
collectifs, la collecte a permis de souligner que ces dernières
ont constitué un élément incitatif pour 25
% des répondants. Les aspects considérés
comme bénéfiques pour la santé et pour l’environnement
sont moins valorisés.
Campagne
publicitaire Cityscoot
©
Cityscoot, Guillaume Kurkdjian
Parmi
les 172 réponses rattachées à la catégorie
autre et nécessitant des précisions, les
résultats les plus fréquents portent sur :
- Le
fait de ne pas avoir besoin d’espace pour stocker l’engin,
-
Le fait de se sentir plus en sécurité pendant
les déplacements nocturnes que dans les transports collectifs,
-
Le fait de pouvoir couvrir des zones mal desservies en transports
en commun,
-
Le fait de pouvoir être flexible par rapport à
un engin possédé qui contraint les retours quand
on a fait un trajet aller.
Ces
formules répondent aussi à un besoin de désaliénation
face à la possession et aux contraintes qui lui sont associées
: bénéficier d’une place ou d’un local
à proximité de son domicile, entretenir l’engin,
organiser le retour quand on a fait l’aller, disposer d’une
place de stationnement, s’occuper de l’avitaillement
de l’engin.
Le plaisir d’utilisation - liberté, griserie,
indépendance - constitue une composante essentielle des
réponses formulées. Il montre que free-floating
et solo riding se rejoignent dans cette quête.
La dissociation des réponses selon le mode de transport
apporte des touches de nuance à ce tableau général.
En relativisant les réponses au regard des poids moyens,
on dégage des spécificités propres aux usagers
de chaque mode.
On renforce la sensibilité au détriment des valeurs
brutes, toutes centrées sur le même trio temps-liberté-congestion
des transports en commun. Ce ne sont donc pas les facteurs
dominants en nombre de réponses, mais caractéristiques
par rapport aux autres usages.
Les
valeurs surinvesties par les usagers d’engins en free-floating
par rapport à la moyenne, varient selon le mode choisi
:
- Du
côté des usagers de trottinettes en free-floating,
les préoccupations liées au plaisir occupent une
bonne place parmi les éléments mentionnés
: la maniabilité, l’absence de stations d’attache,
le plaisir d’utilisation figurent en bonne place dans
la hiérarchie des valeurs plébiscitées.
Une augmentation de l’offre serait considérée
comme un plus par une bonne partie des répondants.
-
Les cyclistes interrogés ont des aspirations distinctes.
Au centre de leurs préoccupations, les bénéfices
individuels - santé - et collectifs - impact environnemental
- sont couplés. Le faible coût ainsi que la gestion
et l’entretien externalisés occupent
également des positions essentielles parmi leurs motivations.
-
Chez les usagers de scooters en free-floating, la finalité
est toute autre. Les principales incitations sont liées
à la saturation des réseaux - routiers et de transports
collectifs -, à l’absence d’entretien personnel,
à l’absence de stations d’attache, et au
gain de temps. Bref, la recherche d’efficacité
est ici mise en avant.
Les
principaux freins cités
Les
pratiques de déplacement en plein air sont bien sûr
très vulnérables aux conditions météorologiques.
C’est donc le critère qui recueille le plus grand
nombre de réponses de la part des personnes enquêtées.
Deux autres modalités rassemblent plus d’un tiers
des répondants : le risque d’accident et le coût
d’accès à l’engin.
Le facteur de risque accidentel est conforté par d’autres
variables proposées également dans le questionnaire
: la cohabitation avec des véhicules motorisés,
avec un quart des réponses, illustre l’appréhension
liée au partage de la chaussée avec des véhicules
plus rapides et plus massifs.
L’absence
de voies dédiées est signalée par 24 % des
répondants comme un frein. Si les conditions climatiques
constituent un facteur non réductible, le risque d’accident
et le coût sont des leviers sur lesquels les acteurs, publics
comme privés, peuvent en revanche agir.
Tous
ces critères sont également perméables au
type d’engin sollicité. C’est ce que nous rappellent
les extractions ci-dessous, qui hiérarchisent les critères
les plus contraignants selon les modes. Calculés selon
un indice de surreprésentation, ils permettent d’échapper
à une simple lecture en structure des réponses pour
se préoccuper des écarts les plus forts à
la moyenne.
Certaines
catégories ont été construites a posteriori,
en raison du grand nombre d’occurrences analogues survenant
dans les questions ouvertes. C’est par exemple le cas pour
le mauvais état des engins et pour l’offre
de stationnement.
Comme pour les facteurs considérés comme pouvant
encourager la pratique, la proximité du groupe trottinettes-scooters
se retrouve dans les réponses formulées à
la question des freins.
Enfin,
notons qu’une catégorie autre regroupe toutes
les réponses qui n’ont pas pu être ventilées
dans les catégories proposées. Parmi les 175 réponses
qu’elle regroupe, les éléments les plus fréquemment
cités sont :
-
L’impact écologique des engins,
-
La cohabitation avec d’autres engins en free-floating,
-
La privatisation des engins : visibles sur l’application,
mais inaccessibles parce qu’enfermés dans un hall
d’immeubles ou une cour,
-
L’absence d’offre d’abonnement.
Ces
résultats témoignent à la fois d’une
demande forte adressée aux opérateurs dans les champs
du bilan carbone, de la politique tarifaire et de la régulation
des flottes, et en direction des usagers, avec la dénonciation
de pratiques peu vertueuses de privatisation d’engins, qui
viennent rompre la règle du jeu du partage.
Vélo
abandonné, enlèvement demandé, mars 2020,
près de la Tour Eiffel ©
Apur |

Déverrouillage
de trottinettes, Paris 2019
©
Lime
Conductrice
de scooter Cityscoot dans Paris, 2020
©
Cityscoot, Baptiste Meygret

Saturation
d’un espace de stationnement dédié, rue de
l’Université, Paris VIIe, 2020
© Apur
|
 |
Le
gain de temps constitue le principal ressort de
l’usage des engins.
Conditions
météo,
risque d’accident et
coût : des facteurs
qui réduisent
la pratique. |
Quel
mode de déplacements aurait été utilisé
? |
|
Globalement,
les usagers interrogés indiquent qu’ils recourraient
en majeure partie aux transports en commun - 69 % -, à
la marche à pied - 59 % -, aux vélos - 30 % -,
aux modes motorisés - VTC/Taxis –10 %, voitures
individuelles –10 %, deux-roues motorisés –10
% - et aux trottinettes –2 % - en l’absence de ces
offres de déplacement partagées. Le poids du multimodal
en Île-de-France étant élevé, les
personnes enquêtées pouvaient choisir jusqu’à
3 possibilités. Le total est donc supérieur à
100 %. Toutefois, les réponses sont très clivées
selon le type d’engin pour lequel l’enquêté
a été interrogé au moment de la consultation.
Les écarts à la moyenne sont très prononcés
selon les modes pratiqués. D’une manière
générale, les résultats montrent une forte
réceptivité des conducteurs de scooters aux modes
motorisés : 67 % des répondants indiquent qu’ils
recourraient à ces modes en l’absence d’offre
de scooter en free-floating, dont 17 % à une voiture,
27 % à un taxi ou un VTC, 23 % à un scooter ou
une moto personnels.
Trottinettes
et vélos stationnés, Paris XIIIe
©
Apur
Les
cyclistes en free-floating se montrent plus enclins à
utiliser les transports en commun et également la marche
à pied. Marche à pied et vélo sont plus
cités que la moyenne de l’échantillon par
les usagers de trottinettes.
Les réponses réparties selon les catégories
d’engins utilisés montrent que les scooters sont
plus perméables que la moyenne aux transports motorisés
: VP, Taxis/VTC, 2RM. Les usagers de trottinettes le sont également,
mais à un degré moindre.
En revanche, les cyclistes auraient plus que les autres emprunté
des modes doux ou collectifs ou encore des trottinettes.
|
Sans
ces offres, les usagers interrogés se reporteraient majoritairement
vers les transports en commun,
la marche à pied et le vélo. |
La
mobilité partagée sans station d’attache :
émergence de nouveaux services qui réinterroge l’organisation
habituelle
11
000 usagers livrent une cartographie spatiale, sociale et fonctionnelle
de la micro-mobilité
Paris
regroupe tous les critères d’attraction pour ces
nouveaux usages
Un
facteur 3 pour les coûts d’utilisation
Un
usage qui pose de nombreuses questions aux villes
Une
offre de services qui comble un besoin et des opérateurs
qui s’adaptent |
Une
vitesse moyenne qui rend ces engins très concurrentiels
des modes motorisés à Paris.
À
la question Comment vous déplaceriez-vous en l’absence
de ce moyen de transport ?, 69 % des répondants ont
cité
les transports en commun, 59 % la marche à pied, 30 % le
vélo, et 38 % les modes motorisés en agrégeant
Taxi/VTC/Voiture/2RM.
Un
succès réel avec toutefois deux principaux freins
cités : le coût et le risque d’accident.

Source
: calculs Apur à partir des informations publiées
par les opérateurs
Près
d’un tiers des usagers de vélos Jump (31 %) déclarent
qu’ils utilisent ces vélos électriques au
détriment de la voiture.
En
matière de recours, le risque d’accident et les coûts
d’usage sont les principaux facteurs d’arbitrage.
Une
homogénéité sociale doublée d’une
polarisation spatiale des usagers.
|
Étude
Les mobilités émergentes,
trottinettes, scooters et vélos en partage
Profils, pratiques, attentes à
partir d'une enquête réalisée auprès
d'utilisateurs
|
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Cette étude est composée de
deux grands chapitres. La première partie documente
les pratiques en s’appuyant sur les travaux d’experts
et les résultats d’enquêtes conduites
par des bureaux d’études. La deuxième
partie présente l’analyse de l’enquête
menée par l’Apur auprès de plus de 11
000 usagers pour mieux documenter leur profil, les freins
et les attentes associés à ces offres. Elle
livre ainsi une cartographie spatiale, sociale et fonctionnelle
de la micro-mobilité. Cette enquête a été
menée en lien avec 10 opérateurs, la Ville
de Paris et Île-de-France Mobilités.
Directrice
de la publication : Dominique ALBA
Étude réalisée par : Sophie RENOUVEL
Sous la direction de : Patricia PELLOUX
Avec le concours de : Marie MOLINIER
Cartographie et traitement statistique : Anne SERVAIS
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