Pour
faire face aux défis environnementaux et sociétaux que nous
connaissons, des solutions originales existent, que la nature a développées
pour elle-même. Encore faut-il les comprendre. C’est à
ce champ méconnu de recherche que l’exposition permanente
Bio-inspirée, une autre
approche s’intéresse. Production originale de la Cité
des sciences et de l’industrie, elle poursuit l’exploration
du monde contemporain
engagée avec Robots en 2019. L’ambition de ce deuxième
chapitre, incarné non seulement par l’exposition mais aussi
par le Biolab,
espace de médiation logé en son sein, est de présenter
au public les voies multiples et prometteuses de la bioinspiration : elles
travaillent à assurer l’alimentation des humains, sortir
des énergies fossiles, inventer une nouvelle chimie, repenser notre
habitat,
prévoir la résilience de nos outils numériques, reconsidérer
nos modes de vie, voire remodeler nos sociétés. Un vaste
domaine,
dans lequel chercheurs et industriels s’investissent de manière
fructueuse et prometteuse.
Introduction
Le
monde vivant est une immense source d’enseignements. Les
organismes qui le composent ont développé des
savoir-faire pour se protéger, s’adapter à
leur environnement, résister aux changements. Face aux
défis environnementaux du XXIe siècle, le vivant
est une source d’inspiration essentielle.
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Nouvelle
exposition permanente présentée dans la serre de
la Cité des sciences et de l’industrie, Bio-inspirée,
une autre approche en témoigne. Immergé dans
trois écosystèmes naturels différents, le
visiteur y découvre le biomimétisme, une démarche
scientifique respectueuse du vivant et qui s’en inspire
pour imaginer un monde plus durable et harmonieux.
Aux
origines du biomimétisme
Le
terme de biomimétisme apparaît pour la première
fois en 1969 sous l’influence du chercheur américain
Otto Schmitt. Presque trente ans plus tard, il revient sous la
plume de la biologiste américaine Janine Benyus qui publie
en 1997 : Biomimétisme, quand la nature inspire des
innovations durables. Dans cet ouvrage qui a fait date, elle
envisage le biomimétisme comme étant l’émulation
consciente du génie de la vie, l’innovation inspirée
par la nature. Selon l’auteure, en respectant les cycles
de la vie et les équilibres du vivant, le biomimétisme
offre des alternatives écologiques à de nombreuses
problématiques, notamment technologiques, industrielles
et environnementales. La diminution du nombre d’exploitations
maraîchères en Île-de-France est le résultat
de deux dynamiques concomittantes : d’une part la raréfaction
du foncier agricole francilien et d’autre part la spécialisation
de l’agriculture en faveur des grandes cultures céréalières.
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getty images
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Le
parcours de l’exposition
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Le
parcours, volontairement sensitif, propose une exploration du
vivant. S’appuyant sur des sujets d’actualité,
l’exposition permet une meilleure compréhension de
la nature et de ses mécanismes, source d’inspiration
de la pensée biomimétique.
Réveiller
les sens et la curiosité
Dès
l’entrée, le visiteur a tous les sens en alerte.
Il est placé au cœur du vivant, sur un chemin de végétaux
et de sons qui réagissent à sa présence.
Durant la montée des escaliers qui mènent à
la serre, il est alerté sur les enjeux environnementaux.
S’émerveiller
dans un écrin de nature
Dans
la serre - ouvrage architectural réalisé par Dominique
Perrault en 1997 - cohabitent trois écosystèmes
: un récif corallien et son bioréacteur à
macro-algues, une mangrove, un sol forestier et son jardin en
permaculture. Pour chacun d’eux, une planche illustrée
par une dessinatrice naturaliste présente 8 à 10
espèces associées. D’une visite à l’autre,
au gré des saisons, les visiteurs y voient se développer
les écosystèmes. Ils y découvrent également
les différents mécanismes du vivant et les voies
de la bioinspiration.
La
vie, fonctionnements choisis
L’observation
du vivant permet d’identifier des fonctionnements communs
à tous les animaux, végétaux ou micro-organismes.
Les connaître et les comprendre révèle à
quel point les êtres vivants, humains compris, sont interdépendants
et liés aux conditions de vie sur Terre. Neuf entrées
sont ici proposées : photosynthèse, coopération,
CHNOP*, cycle, variabilité, local, sobriété,
biosphère et interdépendances. Mis en exergue, ces
fonctionnements du vivant permettent d’établir le
cahier des charges qui guide la démarche bio-inspirée.
La
voie de la bioinspiration
Apprenez
de la nature, vous y trouverez votre futur préconisait
Léonard de Vinci, il y a cinq siècles. Depuis, la
pensée biomimétique a fait du chemin et permet aujourd’hui
d’imaginer des modèles de développement plus
durables. Le public accède dans l’exposition à
des dispositifs ludiques et interactifs - jeux, quiz, maquette,
films... - et des pistes de solutions bio-inspirées. De
l’agroécologie pour une utilisation vertueuse de
la terre, au stockage de données par l’ADN pour économiser
l’énergie, les visiteurs découvrent un large
éventail de domaines d’application de la bio-inspiration.
*
acronyme mnémotechnique désignant les six éléments
chimiques principaux qui constituent les êtres vivants :
le carbone C, l’hydrogène H, l’azote N, l’oxygène
O, le phosphore P.
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Le
récif corallien
Dans
un aquarium de près de 4 000 litres d’eau de mer,
environ 40 espèces de poissons et de coraux différents
cohabitent. Les coraux sont issus d’élevage pour
limiter le prélèvement dans le milieu naturel.
Un réacteur à macro-algue est mis en place en
plus de la filtration mécanique et biologique. Tout comme
la mangrove, le système fonctionne sur le principe de
la phyto-épuration. Les poissons par leur déjection
nourrissent les algues, les algues nettoient l’eau.
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*
voir glossaire
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Les
différents fonctionnements du vivant
La
coopération, une autre loi de la jungle
Œuvrer
en commun est un des fonctionnements fondamentaux des êtres
vivants pour lutter contre la compétition. Se nourrir,
se reproduire, se protéger… dépendent de la
coopération. Créer des symbioses, stimuler les échanges
entre les individus est une solution pour survivre. En observant
le récif corallien, le visiteur constate que le corail
– animal de l’embranchement des cnidaires* –
s’associe naturellement par symbiose aux zooxanthelles -
un type d’algue unicellulaire - et aux bactéries
fixatrices d’azote. D’autres relations de coopération
existent comme le mutualisme, la coexistence ou le commensalisme*.
Le visiteur en découvre certaines, impliquant également
l’humain, à travers un jeu d’association.
Les
éléments CHNOP : quelques atomes pour une infinité
de molécules
Sur
Terre, plus de 96 % de la matière vivante est issue de
l’assemblage de six atomes : le carbone, l’hydrogène,
l’oxygène, l’azote, le soufre et le phosphore.
Quatorze autres s’ajoutent pour couvrir tous les besoins
des êtres vivants. Combinés entre eux, ils se transforment
pour devenir des molécules complexes, des organes ou encore
des organismes. Ces éléments de base sont
abondants dans la nature, pas ou peu toxiques, récupérables
et donc recyclables, contrairement à de nombreux atomes
composant nos produits manufacturés, rares et/ou toxiques
pour beaucoup. Le visiteur découvre ces éléments
qui constituent des matières organiques inertes comme le
bois, le cuir, la nacre ou la laine… Il constate également
la variété des éléments qui compose
son corps et les compare avec ceux d’un objet du quotidien
: le téléphone portable.
La
biosphère et les interdépendances entre les êtres
vivants
Les
êtres vivants qui peuplent la Terre interagissent perpétuellement
avec leur environnement et influencent les conditions biogéochimiques
terrestres. Si un équilibre de la biosphère est
perturbé, d’autres sont automatiquement impactés.
Un dispositif interactif permet aux visiteurs de constater cet
effet de ricochet. En plaçant leur main sur des empreintes
qui symbolisent une hausse de CO2, une augmentation de la déforestation
et de l’artificialisation des terres, ils agissent sur un
paysage fictif. Ils constatent ainsi les répercussions
sur l’ensemble de la biosphère. Plus loin dans la
serre, cinq histoires d’interdépendances faites de
protection mutuelle ou de prédation, d’équilibre
ou de changement, de vie et de mort, complètent le dispositif.
La
voie de la bio-inspiration
Matières
d‘avenir
Verre,
céramique, métaux, ciment ou encore plastique, la
fabrication de ces objets ou matières repose sur un processus
chimique. À haute température et/ou à haute
pression, la chimie classique industrielle requiert l’utilisation
de catalyseurs ou de solvants pour augmenter son efficacité.
Ces substances, parfois issues de ressources rares, deviennent
alors toxiques et non recyclables. Autres problématiques
: la surconsommation d’énergie et la pollution induites
par ces procédés. Trouver des alternatives à
la chimie classique est donc un véritable enjeu écologique.
Une fois encore, la nature est un réservoir d’idées.
Les organismes vivants créent des matériaux à
température et pression ambiante - verre, soie, colle…
- à l’aide d’enzymes spécifiques sans
création de déchet toxique. C’est le cas des
diatomées. Ces micro-organismes unicellulaires vivant dans
le plancton marin se protègent des agressions extérieures
en fabricant autour d’eux une coque en verre. En s’inspirant
des diatomées, les industriels sont parvenus à mettre
au point le procédé sol/gel* leur permettant d’économiser
de l’énergie et de fabriquer un verre à température
et pression ambiante, qui s’adapte à de multiples
usages. Ici, le visiteur associe le moulage d’un organisme
au matériau qui s’en inspire. Une fois l’association
réussie, il découvre un film d’animation révélant
les dessous des processus de fabrication. |
La
mangrove
Le
deuxième écosystème de Bio-inspirée
est composé de palétuviers*, poissons et crabes.
Il fonctionne comme un circuit en aquaponie* : un système
qui unit la culture des plantes et l’élevage de
poissons. Deux cuves - un aquarium de 4 mètres de longueur
et 1 mètre 50 de profondeur et une vasière* de
8 mètres de longueur et 2 mètres de large - sont
liées par un système de marée. L’eau
des poissons, chargée de leurs excréments, déborde
dans la vasière où se trouvent les palétuviers
avant de revenir dans l’aquarium initial. Les déjections
des poissons nourrissent les palétuviers et ceux-ci filtrent
l’eau pour les poissons, un véritable cercle vertueux.
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Les
différents fonctionnements du vivant
La
variabilité de la vie sur Terre et ses multiples formes
d’adaptations
La
biodiversité - génétique, spécifique
et écosystémique - est un atout pour la résilience
des êtres vivants, elle leur permet de récupérer
leurs fonctions vitales et de continuer à se développer
même après le choc d’un traumatisme. Ici, le
visiteur appréhende l’avantage de la diversité
à l’échelle d’une population, en comparant
la résilience de deux familles d’escargots, l’une
variée, l’autre peu variée. En actionnant
successivement deux types de stress environnementaux - vague de
froid et déforestation - subis par ces deux populations,
le visiteur constate que la plus résiliente - celle qui
conserve le plus d’individus - est la population la plus
variée.
La
photosynthèse ou comment le vivant se branche
sur l’énergie du soleil
La
photosynthèse est le processus par lequel les plantes convertissent
l’énergie solaire en énergie chimique. Afin
d’observer ce phénomène, deux plantes sont
mises sous cloches, chacune soumise à des temps d’éclairement
différents. Des capteurs enregistrent les quantités
de CO2 et d’O2 qu’elles produisent suivant leurs conditions
d’éclairement. Un système de time lapse
mesure la production de matière végétale.
Les données sont transmises en direct sur écran
et enregistrées. Le visiteur peut voir les différences
jour / nuit et l’évolution de la croissance de chacune
des plantes au cours du temps.
La
voie de la bio-inspiration
La
sobriété ou l’optimisation pour le juste nécessaire
N’utiliser
que l’énergie et les matériaux indispensables,
éviter le gaspillage, adapter la forme à la fonction,
privilégier des structures multifonctionnelles, sont autant
d’actions du monde vivant qui permettent aux organismes
une utilisation optimale de l’énergie et des ressources.
Ici, deux manipulations invitent à explorer différents
types de stratégies. La première vise à comparer
la solidité entre une feuille plane et une feuille pliée.
Le visiteur constate que la seule pliure médiane de la
feuille assure sa solidité sans qu’il y ait besoin
d’ajout de matière. Une feuille mince pliée
est plus résistante qu’une feuille plane. La seconde
manipulation propose au visiteur de découvrir les structures
étonnantes de l’aile du papillon vues au microscope.
À chaque grossissement, il associe l’image à
l’une des multiples fonctions de l’aile et apprend
ainsi qu’une seule molécule : la chitine,
par sa multifonctionnalité, permet à l’aile
du papillon Morpho d’être imperméable, antibactérienne,
résistante et colorée.
Augmenter
la résilience de nos ordinateurs
L’envoi
d’un mail de 1 mégaoctet produit aujourd’hui
en moyenne 15 g de CO2. La fabrication d’ordinateurs consomme
également beaucoup d’énergie et utilise de
nombreux métaux de plus en plus rares et difficiles à
recycler. Cet épuisement des ressources menace les outils
numériques. Pour un stockage et une circulation plus durable
et écologique des données, une solution pourrait
tenir en 3 lettres : ADN. Selon la chercheuse Dina Zielinski,
quelques grammes d’ADN peuvent contenir tous les films et
vidéos réalisés depuis l’invention
du cinéma. Dans l’exposition, le public compare les
capacités de stockage d’une fiole d’ADN à
22 disques durs contemporains. Le constat est sans appel ! 22
téraoctets de données sur disques durs peuvent être
stockés sur 0,1 milligrammes d’ADN. Encore trop coûteuses
et complexes à mettre en place, les techniques de lecture
de l’ADN pourraient demain révolutionner nos usages
informatiques. En attendant, pour économiser l’énergie,
la sobriété reste la première solution bio-inspirée
à adopter. Pour en témoigner, un dispositif multimédia
propose au visiteur de choisir entre : stocker des fichiers sur
un cloud, traiter des données via des outils utilisant
l’intelligence artificielle - traduction automatique, traitement
d’image... - et regarder une vidéo en streaming.
Il obtient ensuite une notification lui donnant des informations
sur la quantité de CO2 émis et la quantité
d’énergie nécessaire pour l’action qu’il
vient d’effectuer. L’occasion de s’interroger
sur une plus grande sobriété dans les usages informatiques.
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Le
sol forestier et son jardin en permaculture
L’écosystème
forestier représente ici environ 45 m², dont 15
m³ d’humus échantillonnés en forêt
d’Île-de-France, sur une dizaine de parcelles différentes.
Sur ce sol composé de feuillage et de bois en décomposition,
une soixantaine de plantes et mousses se développent
et évoluent au fil du temps. Enrichi naturellement, l’écosystème
est sans apport d’engrais ou pesticide, des insectes tels
que les coccinelles seront lâchés dans la serre
afin de lutter contre les maladies et parasites.
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Les
différents fonctionnements du vivant
Le
cycle ou la rotation de matière
Les
atomes constituant les êtres vivants sont recyclables, la
mort nourrit la vie par un effet de rotation de matière.
Lors du processus chimique de la décomposition, la matière
organique morte se dégrade. Les molécules se cassent
pour permettre aux atomes de prendre d’autres formes, devenant
la matière première d’un nouvel être
vivant. La notion de déchet n’existe donc pas dans
la nature. Un extrait de l’écosystème forestier,
disposé dans un bac vitré, laisse apparaitre des
éléments en décomposition. Un système
de time lapse associé à un appareil photo
permet au public de visualiser sur un écran l’évolution
du végétal mort passant de l’humus* au substrat*
jusqu’à la germination*. Sur le même écran,
un schéma résume les processus de décomposition
observables.
Le
local
Les
êtres vivants sont présents partout sur la planète
et occupent des habitats variés voire extrêmes :
océan, glacier, air, désert… Participant à
maintenir un équilibre dynamique et délicat, à
l’échelle planétaire comme local, ils s’adaptent
aux circonstances de pression, luminosité, chaleur…
Hormis l’humain, aucune espèce vivante ne requiert
de matière première non disponible localement. Les
végétaux en sont la démonstration parfaite.
La
voie de la bio-inspiration
Assurer
l’alimentation des humains
Et
si cultiver la terre consistait à mieux coopérer
avec elle ? Aujourd’hui, les exploitations en monoculture
industrielle, les engins motorisés et intrants chimiques,
usent et appauvrissent des milliers d’hectares de sols.
Il est urgent de continuer à assurer la sécurité
alimentaire de chacun, tout en préservant la terre, cette
précieuse ressource. C’est l’ambition de l’agroécologie
qui tient compte des équilibres de la nature et vise à
plus de coopération entre les cultivateurs, les êtres
vivants et la biosphère. En apprentis agro-écologistes,
les visiteurs examinent par eux-mêmes les bénéfices
de cette pratique. Virtuellement, ils transforment une exploitation
agricole en y intégrant de nouvelles cultures - céréales,
légumineuses, arbres fruitiers, verger maraîcher…
-, chacune symbolisée par une pièce. Sur un écran,
apparait le nouveau design de l’exploitation ainsi que le
niveau de trois jauges représentant la biodiversité,
la résilience économique de l’exploitation
et l’optimisation des sols. Quand la partie s’achève,
s’ils ont été de bons agro-écologistes,
les meilleures combinaisons ont été trouvées.
Les participants constatent qu’une exploitation agricole
peut préserver les sols, augmenter la biodiversité
et être économiquement viable et résiliente.
Une autre agriculture est possible.
Sortir
des énergies fossiles ou toxiques ?
La
question est complexe tant le pétrole, le charbon et le
gaz se sont imposés dans les transports, l’industrie,
la pétrochimie, le chauffage et nos biens de consommation.
En plus d’émettre du CO2 dans l’atmosphère
et d’accroître le risque climatique, leurs combustions
polluent l’air. Quant à l’électricité
nucléaire, elle engendre une pollution radioactive des
sols et augmente les risques d’accidents graves. Pour tenter
de produire une énergie plus verte, la bioinspiration est
une piste intéressante. Actuellement à l’étude,
la photosynthèse artificielle pourrait permettre dans le
futur de transformer l’énergie du soleil en hydrogène.
D’ores et déjà, d’autres projets sont
mis en œuvre et portent leurs fruits. Pour découvrir
ces projets, les visiteurs éprouvent les méthodes
des biomiméticiens en coopérant pour répondre
à un quiz fondé sur les deux piliers de la démarche
scientifique : le problem driven et le solution based.
Dans le premier cas, ils partent d’un problème énergétique
et sont amenés à découvrir un organisme vivant
pouvant inspirer une solution. Dans le second cas, c’est
un organisme vivant qui les aide à résoudre une
problématique énergétique. Grâce à
cette méthode, les visiteurs constatent par exemple, que
pour trouver une nouvelle source d’énergie, le système
de propulsion de l’anguille peut être une inspiration.
Un projet d’hydroliennes qui miment le mouvement d’ondulation
de ce poisson et produit une énergie plus respectueuse
de l’environnement, existe d’ailleurs en France.
Construire
un habitat écologique
Et
si biomimétisme et architecture faisaient la paire ? La
construction d’édifices accapare aujourd’hui
des ressources parfois rares ou toxiques et provoque une artificialisation
des terres qui fragilise la biodiversité et les équilibres
planétaires.
À l’inverse, l’habitat bio-inspiré qui
fonctionnerait tel un système vivant, subviendrait à
ses besoins, produirait sa propre énergie, s’intègrerait
harmonieusement dans son environnement naturel et rendrait à
l’environnement ce qu’il lui emprunte. Les constructions
bioclimatiques comme celles qui bénéficient du label
Living Building Challenge (LBC), tendent vers l’autonomie
en eau et en énergie grâce à des matériaux
locaux qui stockent du carbone : paille, chanvre, ou bois. Ici,
les visiteurs observent une maquette du Biomimetic Office
Building (BOB) de l’architecte Michael Pawlyn. Véritable
laboratoire de recherche en architecture bioinspirée, l’immeuble
possède des entrées de lumière naturelle
qui s’inspirent du poisson revenant, petit spécimen
aux yeux énormes capables de voir dans l’obscurité
des abysses. La grande voûte vitrée s’inspire
du squelette de l’oursin, aussi solide que léger.
Le bâtiment au design biomimétique, économe
en énergie et en chauffage, isole, protège et garanti
une température agréable et modérée. |
Une
fresque graphique amène le public à s’interroger
sur la manière dont l’organisation du vivant, peut
inspirer - de façon métaphorique - l’organisation
des sociétés humaines. L’exemple de la sociocratie,
qui prône une gouvernance partagée et met en oeuvre
des règles simples pour entendre l’avis de tous et
distribuer les prises de décision, est évoqué.
Un film, intitulé La voie est ouverte, donne quant à
lui la parole à différents acteurs de la bio-inspiration
dont Claude Grison, chimiste ; Jean-Baptiste Drevet, inventeur
; Michael Pawlin, architecte et Julian Vincent, biologiste, qui
présentent leurs approches, motivations et passions. |
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Glossaire
Humus
Couche supérieure du sol créée, entretenue
et modifiée par la décomposition de la matière
organique, principalement par l’action combinée des
animaux, des bactéries et des champignons du sol.
Germination
Début du développement d’un nouvel individu,
d’une nouvelle plante, à partir d’une graine
ou d’une spore. La germination désigne plus spécifiquement
la reprise du développement et du métabolisme :
absorption d’eau, respiration, activité enzymatique...
Substrat
En botanique, le substrat est un matériau qui sert de support
à un végétal, plante ou algue. Il peut prendre
la forme d’une roche, bois, racine, vase, boue, sédiment,
sable, terre, terreau, humus, tourbe...
Aquaponie
Système qui unit la culture de plante et l’élevage
de poissons ; les plantes sont parfois cultivées sur des
billes d’argile, pouvant être irriguées en
circuit fermé par de l’eau provenant d’aquarium
où sont élevés les poissons. Des bactéries
aérobies issues du substrat transforment l’ammoniaque
contenue dans les urines et déjections des poissons en
nutriments - nitrates notamment -, directement assimilables par
la végétation. L’eau purifiée retourne
ensuite dans l’aquarium.
Vasière
Habitat littoral, estuarien ou sous-marin ou d’eau douce
constitué de matériaux sédimentés
fins non sableux. Pour installer la vasière de l’exposition,
il a été nécessaire d’apporter cinq
tonnes de sable spécifique.
Palétuvier
Arbres ou arbustes tropicaux appartenant à diverses espèces
d’angiospermes, capables de prospérer le long des
rivages marins dans la zone de balancement des marées.
Ils se caractérisent par des racines aériennes formant
des arceaux ou des racines pneumatophores sortant de la vase,
et par des graines qui germent sur l’arbre en donnant une
radicule en forme de flèche qui se fiche fortement dans
la vase.
Cnidaires
Groupe d’animaux marins à 99 %, possédant
une symétrie radiale et des nematocystes : cellules capables
de lancer un harpon urticant pour attraper des proies. Il regroupe
les anémones de mer, les méduses et les coraux.
Commensalisme
Interaction biologique naturelle entre deux espèces, une
des deux se nourrissant des débris ou parasites de l’autre,
sans lui causer de tort.
Procédé sol-gel
Le sol-gel renvoie à la contraction des termes solution
et gélification. C’est un procédé qui
permet la synthèse de verres dans des conditions dites
de chimie douce, à des températures largement
inférieures à celles des voies classiques de synthèse.
Son application principale se trouve dans la réalisation
de couches minces. |
...
Atterrir
- L’espace Dialogues
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Atterrir
Tel
un cocon, cette salle de spectacle, située sous la serre,
offre aux visiteurs un temps de pause qui leur permet d’interroger
le discours de l’exposition et leurs propres perceptions.
Dans un décor évolutif qui invite au voyage - forêt
amazonienne, désert australien, savane... -, Atterrir,
film en vidéo mapping, présente différents
points de vue qui permettent au public de confronter son rapport
à la nature, à d’autres modes de pensées
provenant du monde entier.
L’espace
Dialogues
Un
espace documentaire doté d’ouvrages et d’objets
met en avant l’essor que connait le biomimétisme
ces dernières années et sa reconnaissance scientifique.
Une veille accessible depuis un ordinateur et actualisée
régulièrement par le Ceebios - Centre d’études
et d’expertises en biomimétisme - répertorie
des projets bio-inspirés. Plus loin, une borne permet aux
visiteurs de prendre contact avec des chercheurs pour obtenir
une réponse personnalisée sur une question liée
à l’exposition ou au biomimétisme. L’ensemble
de ces questions/réponses, disponibles sur la borne de
consultation et sur le site internet de l’exposition, contribuent
à faire évoluer son contenu. Enfin, un espace créatif
de coloriage permet, quant à lui, la réalisation
d’une fresque naturaliste et évolutive au gré
des contributions des visiteurs. Rassemblés, les dessins
écrivent le mot VIVANT.
Le
Biolab, nouvel espace de médiation
Un
lieu expérimental et collaboratif au service de la biologie
et de l’environnement
Installé
au sein même de l’exposition Bio-inspirée,
une autre approche, le Biolab est un lieu ouvert d’échange
et d’expérimentation autour de l’environnement
et des organismes microscopiques. Il suscite la participation
active du public par le biais du questionnement, de l’observation,
de la démarche scientifique et du partage des données.
Ici, les visiteurs sont acteurs et contribuent à des projets
de science participative pour la sensibilisation de tous aux enjeux
de la transition écologique.
Les
ateliers du Biolab
Lieu
de médiation scientifique, le Biolab s’inscrit
naturellement dans une dynamique de participation. Sa programmation
évolue en fonction des observations et des investigations
menées par les visiteurs, comme de leurs préoccupations
et souhaits. Les thématiques suivantes sont de premières
pistes d’exploration pour des projets qui vont se tisser
au fil du temps, des rencontres et des collaborations.
Nuances
végétales
Les
visiteurs fabriquent des bio-encres et des bio-teintures à
partir d’organismes vivants : végétaux, champignons,
micro-organismes…
Ateliers publics individuels : samedi, dimanche
et tous les jours sauf lundi et vendredi pendant les vacances
scolaires.
Sol
vivant, un monde insoupçonné
Le
public identifie la biodiversité microscopique pour mieux
connaître et caractériser les sols. Il contribue
aux projets de sciences participatives INRAE, tels que BISES*
et Jardibiodiv*.
Ateliers publics individuels : samedi, dimanche
et tous les jours sauf lundi et vendredi pendant les vacances
scolaires. Ateliers publics scolaires : dans le cadre d’accompagnement
de projet.
Microplongée
en eaux douces
Les
visiteurs observent et réalisent des analyses microbiologiques
en eaux douces, suivant l’évolution de la biodiversité.
Ateliers scolaires sur réservation.
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* ANR Bises a pour objectif de mieux connaître
la biodiversité des sols urbains
et leur influence sur les fonctions et services écosystémiques
rendus.
* Jardibiodiv est né en 2017, avec pour objectif d’inventorier
et de dénombrer de manière ludique et grâce
à la participation du plus grand nombre, les invertébrés
vivant en surface du sol. Jardibiodiv vise à sensibiliser
le grand public sur l’importance des êtres vivants
du sol, par le biais d’un outil numérique et ludique
: observer, inventorier, dénombrer. |
Exposition
permanente bio-inspirée
une autre approche
En
partenariat avec le Centre national de la recherche
scientifique (CNRS) et l’Institut national de recherche
pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
(INRAE). Avec le soutien de l’Agence de
la transition écologique (ADEME), l’Agence
des espaces verts de la Région Île-de-France
(AEV), le centre d’études et d’expertises
en biomimétisme (Ceebios), la Fondation BNP Paribas
et l’Office français de la biodiversité
(OFB). Avec la participation de :
Afnor Développement, Eel Energy, l’Institut
Supérieur des Arts Appliqués (Lisaa), Interface,
le Fonds Afnor pour la normalisation et LCIE Bureau Veritas.
Cette exposition s’inscrit dans la ligne éditoriale
Attention, science fraîche ! qui regroupe
des expositions présentant des avancées
scientifiques récentes.
Commissariat de l’exposition
Commissaire : MARIE-CHRISTINE HERGAULT
Muséographes : FRANÇOISE VALLAS-NOUGARET,
VINCENT BLECH, CHRISTELLE GUIRAUD
Responsable de l’unité du vivant :
ADRIEN FALZON, avec la participation de AGATHE LAUTIER,
Stagiaire
Et l’expertise de GAUTHIER CHAPELLE, Ingénieur
agronome, docteur en biologie et chercheur in(Terre)
dépendant, auteur de Le vivant comme modèle
Scénographie : Conception
scénographique : AWP ARCHITECTES ; Conception
paysage : AXIO-PALUDES - Conception lumière
: 8’18’’
Graphisme : Conception
graphique : VILLARVERA DESIGN ; Dessins naturalistes :
VICTORIA
DENYS
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Doc Levin Studio /
J. Triboul, L. Quetglas
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Cité des sciences et de l’industrie
30 avenue Corentin-Cariou, Paris (XIXe)
Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 10h à 18h,
et jusqu’à 19h le dimanche.
À partir du 18 septembre
- 01 40 05 80 00 - RÉSERVATION IMPÉRATIVE
Trilingue - français, anglais, espagnol.
À partir de 11 ans.
cite-sciences.fr |
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