Premier
réseau français, le réseau de chaleur parisien couvre
20% des besoins de chaleur des bâtiments parisiens.
À l’occasion de l’élaboration du schéma
directeur de la chaleur urbaine par la Ville de Paris, l’Apur présente
des enjeux d’évolution de
cette infrastructure stratégique vis-à-vis des objectifs
de neutralité carbone portés par le plan climat. Premier
réseau français et 11e réseau mondial, le réseau
de chaleur parisien compte 506 km de canalisations qui acheminent de la
chaleur vers les bâtiments parisiens. Avec un mix énergétique
composé à 51,3% d’origine renouvelable ou de récupération
(2019) et la distribution de 4,4 TWh de chaleur (2017), le réseau
de chaleur couvre 22% de la consommation d’énergie liée
au chauffage et à l’eau chaude sanitaire de l’ensemble
des bâtiments parisiens.
Prospective
et leviers d’optimisation du réseau de chaleur
parisien
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Le
cadre souhaitable d’évolution du réseau de
chaleur repose sur l’atteinte de trois objectifs majeurs
que sont la maîtrise du coût de la chaleur sur la
durée pour être concurrentiel avec le gaz, la captation
des énergies renouvelable et de récupération
pour réaliser les objectifs du Plan Climat et la résilience
de l’infrastructure. Le schéma directeur dotera la
ville d’une vision stratégique de l’évolution
du réseau pour atteindre ces objectifs. Cet exercice prospectif
fait appel à des enjeux de deux natures, les axes d’amélioration
directement liés à la concession et les paramètres
extérieurs ayant une incidence sur l’équilibre
du réseau comme la réhabilitation des bâtiments
ou encore l’évolution du prix des énergies
fossiles. Trois grandes orientations se dégagent pour la
future concession. |
Optimiser
la performance du réseau
Les
axes d’amélioration de la performance du réseau
représentent des leviers de développement, à
production constante, ils permettent de livrer plus de chaleur
et donc de desservir plus de clients le long du réseau
existant. Plusieurs pistes ressortent pour améliorer le
rendement global du réseau :
- Une
amélioration du taux de retour des condensats qui est
seulement de 44 % en 2019 - eau chaude renvoyée aux centrales
- avec :
- L’amélioration
de la gestion des sous-stations au travers d’une meilleure
coordination entre réseau primaire et réseau
secondaire. Un tiers des non-retours de condensats
sont liés aux sous-stations - hors périmètre
de la concession - avec de nombreux cas de vannes de retour
fermées ;
- La
poursuite de la fiabilisation des 450 km du réseau
des retours d’eau
sur lesquels on observe environ 100 fuites pour près
de 5 millions de m³
d’eau perdu par an. Le plan de renouvellement en cours
ambitionne
d’atteindre 60 % de retour d’eau d’ici
la fin de la concession en 2024.
- Une
amélioration de la régulation au niveau des sous-stations
pour optimiser l’adéquation entre la puissance
souscrite et les besoins des bâtiments.
- L’évolution
vers des régimes basse température pour réduire
les pertes de distribution du réseau avec la mutation
de tout ou partie du réseau de
distribution vapeur. Pour le réseau parisien, les pertes
de distribution sont de 26 % sur le réseau vapeur et
de 10 % sur les boucles d’eau chaude.
Exemple
d’une sous-station mal entretenue, renvoyant les condensats
directement à l’égout
©
Apur |
Exploiter
le potentiel de densification important au pied du réseau |
Une
des questions qui sera posée dans le cadre du schéma
directeur concerne la desserte future du réseau pour continuer
de livrer une quantité de chaleur stable a minima. À
l’avenir, le réseau devra-t-il s’étendre
pour desservir plus de quartiers parisiens ou bien devrat-il rechercher
ses nouveaux clients le long des tracés existants ? Dans
le cadre du développement des boucles d’eau chaude,
certains tronçons vapeur pourront-ils être abandonnés
?
Dans sa forme actuelle, le réseau de chaleur est présent
dans les 20 arrondissements parisiens. Le taux de pénétration
du réseau est très variable au sein des arrondissements.
Le réseau est très développé dans
les VIIe, XIIIe et XVe arrondissements avec plus de 30 % des surfaces
de logements et d’activités raccordées. Il
l’est beaucoup moins dans les XIe, XVIIe et XXe arrondissements
avec 10 % ou moins de surfaces de logements et d’activités
qui sont raccordées.
L’implantation physique du réseau au sein de ces
arrondissements varie fortement mais l’importante couverture
géographique fait ressortir la densification comme le premier
potentiel de développement.
Pour
quantifier le potentiel de densification, l’Apur a réalisé
un travail de repérage des parcelles réellement
situées au pied du réseau existant. Cet exercice
vise à quantifier le potentiel de développement
du réseau qui limite au maximum l’investissement
lié à la création des nouveaux linéaires.
L’ensemble des parcelles situées le long du réseau
représente une surface supérieure à celle
déjà alimentée par le réseau, avec
un total de 30,9 millions de m² de logements et d’activités
non raccordés situés au pied du réseau dont
7,7 millions de m² dotés de chauffage collectif pour
25 millions de m² raccordés à ce jour. En effet
on retrouve des bâtiments équipés de systèmes
de chauffage collectif qui représentent des cibles crédibles
pour le réseau de chaleur mais aussi des bâtiments
dotés de systèmes individuels pour lesquels un raccordement
au réseau est plus complexe. Ces 30,9 millions de m²
se décomposent en :
- 18,9
millions de m² de logements dont 222 953 logements en copropriétés
et 75 920 logements sociaux ;
- 12
millions de m² d’activités dont 4,7 millions
de m² de bureaux de plus de 1 000 m² et 995 équipements.
En
considérant des niveaux de consommation par clients divisés
par deux par rapport à ceux observés aujourd’hui
dans l’optique de l’atteinte des objectifs du Plan
Climat, le raccordement des parcelles situées le long du
réseau permettrait de contribuer significativement au maintien
d’une quantité de chaleur livrée suffisante
pour assurer le bon fonctionnement de l’infrastructure mais
aussi maîtriser le coût de la chaleur.
Avertissement
: Considérer les systèmes de chauffage pour affiner
le potentiel
Pour
préciser le potentiel lié à la densification
au pied du réseau, il est nécessaire d’intégrer
la connaissance des systèmes de chauffage et d’eau
chaude sanitaire des bâtiments situés dans ces parcelles
afin de prendre en considération la faisabilité
technique et économique de ces éventuels raccordements.
Faute de données exploitables à ce jour, il est
possible de donner un ordre de grandeur de la surface de logements
et d’activités équipés de systèmes
de chauffage collectifs gaz ou fioul au sein de ces parcelles
à partir de la répartition des systèmes de
chauffage pour l’ensemble des résidences principales
parisiennes. La part de chauffage collectif gaz et fioul étant
de 25 % - chauffage urbain exclu -, on estime ce gisement à
environ 7,7 millions de m² de logements et d’activités,
équipés de systèmes de chauffage collectifs
gaz ou fioul et situés au pied du réseau qui représentent
des cibles crédibles.
Potentiel
de densification le long du réseau existant :
parcelles raccordées et parcelles non raccordées
- 2018 |
Tableau
de synthèse des logements à l'arrondissement, 2018
Sources
: Apur, DGFiP, RPLS
Tableau
de synthèse des activités à l'arrondissement,
2018 Sources
: Apur, DGFiP, HBS Research
Potentiel
de densification le long du réseau existant
selon la nature des consommateurs
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Retour d’expérience de la Direction des Constructions
Publiques et de l’Architecture (DCPA)
L’Apur
a sollicité la DCPA afin de recueillir son retour d’expérience
sur le raccordement des équipements parisien au réseau
de chaleur. La DCPA indique avoir défini une stratégie
d’orientation énergétique bâtiments
qui fixe les principes suivants :
- priorité
au raccordement au réseau de chaleur pour toute réalisation
d’un équipement neuf ;
- mise
en place d’un programme de modernisation des centres thermiques
:
- sans
changement de mode de production - gaz vers gaz/ réseau
de chaleur vers réseau de chaleur - d’énergie
primaire lorsqu’il s’agit de gaz ou de chaleur
urbaine,
- avec
à l’exception de conversions de systèmes
électriques vers du gaz ou vers un raccordement au
réseau de chaleur.
Du point de vue de la DCPA, il existe aujourd’hui deux freins
majeurs au raccordement d’équipements existants au
réseau de chaleur parisien :
- Un
coût de raccordement élevé. De l’ordre
de 50 000 à 60 000 euros pour raccorder un équipement
situé le long du réseau contre 500 à 600
euros pour un branchement au réseau de gaz. Soit un rapport
de 100. La normalisation du coût de raccordement avec
la mise en place d’un catalogue des prix semble être
un élément indispensable à inscrire dans
la nouvelle concession ;
- Un
prix du kWh deux fois et demie plus important que le gaz : 4
centimes / kWh pour le gaz contre 10 centimes pour la vapeur.
Cet écart de prix explique le non-raccordement de privés
dans le cadre du renouvellement de leurs installations : copros,
commerces, bureaux.
La
densification le long du réseau existant ne se réalisera
qu’une fois ces freins levés.
Parmi
les points positifs, le coût d’exploitation des sous-stations
- équivalent voire un peu moins cher qu’une solution
gaz - et la qualité du service rendu par le concessionnaire
d’un point de vue technique sont mis en avant. La DCPA gère
directement les sous-stations, le sujet de la régulation
étant une priorité pour les équipements :
entre 15 et 20 % de gains. |
Les chiffres clés du potentiel de densification
le long du réseau existant
-
331 941 logements non alimentés par le réseau
de chaleur
(24 % des logements parisiens)
Soit 18,9 millions de m² de logements
(25 % de la surface de logements de Paris)
- 22
% des logements de copropriétés sont alimentés
- 31
% des logements sociaux sont alimentés
-
12 millions de m² de surface d’activités tertiaires
(27 % des surfaces d’activités
de Paris)
-
28 % des surfaces de bureaux de plus de 1 000 m2 sont alimentées.
- 25
% des équipements parisiens sont alimentés
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Vers un réseau mixte vapeur-eau chaude pour accueillir les
productions ÉnR&R |

Projet
de mutation vers un réseau mixte vapeur/eau chaude -
Illustration
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Le
réseau de chaleur parisien, comme les réseaux de
New York et Moscou, se distingue par une distribution de chaleur
par l’intermédiaire de canalisations vapeur. Ce choix
technique, pertinent au début du XXe siècle, permet
de transporter une grande quantité de chaleur sur de grandes
distances depuis les usines d’incinération et de
production situées hors Paris jusqu’au centre de
Paris. Le Plan Climat fait du réseau de chaleur l’outil
incontournable pour atteindre les objectifs de production d’énergies
renouvelable et de récupération sur le territoire
parisien. Cela passera par l’évolution vers un réseau
mixte vapeur-eau chaude que cela soit au travers de la mutation
du réseau vapeur existant et/ou de la création de
nouvelles boucles d’eau chaude (BEC). Cette évolution
permettra :
- De
mobiliser massivement et de mutualiser les capacités
de production locales d’énergies renouvelables
et de récupération pour contribuer à l’atteinte
des 20 % de production d’ÉnR&R locales à
Paris en 2050 fixés dans le Plan Climat. Par exemple,
en surdimensionnant les installations de panneaux solaires thermiques
sur les tissus des Habitations à Bon Marché (HBM)
et en injectant la production sur le réseau pour bénéficier
à des bâtiments haussmanniens où leur installation
est plus difficile. Ou encore en rendant possible la mise en
œuvre concrète de la mutualisation énergétique
entre bâtiments aux usages complémentaires.
Les sources d’énergie renouvelables et de récupération
basse température qui peuvent être captées
par le réseau de chaleur sur le territoire parisien sont
nombreuses et représentent des potentiels variables.
Sont ainsi envisageables : la géothermie - profonde ou
de surface -, le solaire, la biomasse, la synergie avec le réseau
de froid, la valorisation des condensats sans retour au niveau
des sous-stations et la récupération de chaleur
fatale sur les data centers, les réseaux d’assainissement
et d’eau non potable.
Pour une partie de ces ressources, il existe des travaux d’estimation
et de localisation des potentiels comme le cadastre solaire
réalisé par l’Apur, l’étude
des potentiels de production et de valorisation de chaleur fatale
en Île-de-France de l’Ademe, l’étude
du Brgm sur la géothermie - une étude d’approfondissement
est en cours à la demande de la MGP - ou encore l’étude
du potentiel de valorisation de chaleur fatale sur le réseau
d’assainissement du SAAP réalisé à
la demande de la Ville de Paris.
- d’améliorer
le rendement global en réduisant les pertes de distribution.
Pour le réseau parisien, les pertes de distribution sont
de 26 % sur le réseau vapeur et de 10 % sur les boucles
d’eau chaude.
- de
faciliter l’exploitation de l’infrastructure aussi
bien au niveau du réseau de distribution qu’en
sous-station.
Certaines
opérations existantes constituent de bons retours d’expériences
et militent pour le développement de boucles d’eau
chaude. On peut citer l’opération Paris Nord-Est,
le mini-réseau de la DCPA pour alimenter la mairie du XIe,
et une école à partir d’un échangeur
sur le réseau d’eaux usées de la Section de
l’Assainissement de Paris (SAP) ou encore l’opération
privée avenue Victor Hugo, dans XVIe arrondissement, avec
une combinaison réseau de chaleur et récupération
de calories sur le réseau d’eau non potable pour
assurer les besoins de chauffage et de climatisation d’un
immeuble tertiaire. Néanmoins le passage de la vapeur vers
l’eau chaude présente aussi des freins importants
qui ont été révélés par le
retour d’expérience de conversion réalisée
dans le XIXe sur la boucle d’eau chaude (BEC) Ardenne :
coût très élevé de ce type de travaux
- ~12 millions d’euros pour 4 km dans ce cas -, complexité
du chantier qui a occasionné de nombreuses gênes
pour les riverains avec la nécessité d’ouvrir
l’ensemble des chaussées dans le quartier. Rendre
possible la massification de ce type de travaux implique de travailler
sur la réduction des coûts et des nuisances générées,
mais aussi de sensibiliser les riverains quant à leur intérêt.
©
Apur |
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Note
de lecture
La
carte ci-dessus vise à illustrer la mutation du réseau
vapeur au travers d’un scénario théorique
qui consisterait à conserver une armature de transport
vapeur pour continuer d’acheminer la chaleur depuis
les centrales situées hors de Paris et qui alimenterait
un réseau de distribution eau chaude. Cette représentation
très synthétique ne prétend pas être
une proposition de mutation du réseau. Sources
: CPCU, Apur |
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Rénovation
d’un immeuble construit en 1912 situé au 67/69 Avenue
Victor Hugo, 75016 Paris. Local technique – machine à
absorption
Installation d’un système de chauffage et climatisation
reposant sur une stratégie multi-réseaux. Cette technologie,
baptisée i-vert, a été développée
en partenariat avec la CPCU et Eau de Paris, dont les réseaux
respectifs sont partie intégrante du dispositif, et permet
d’assurer le chauffage et le rafraîchissement des 11
000 m² de bureaux, logements et du centre d’analyses
médicales présents dans l’immeuble. |
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©
Ville de Paris
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Retour d’expérience de la Direction des Constructions
Publiques
et de l’Architecture (DCPA)
Selon
la DCPA, une mutation du réseau vapeur - ou d’une
partie - vers un réseau eau chaude semble indispensable
pour coller aux besoins mais aussi pour faciliter l’exploitation
et la maintenance des centres thermiques. Pour gérer en
propre certaines sous-stations eau chaude des nouvelles
boucles d’eau chaude (BEC) du réseau de chaleur,
la DCPA insiste sur leur robustesse et facilité d’entretien
en comparaison à des solutions vapeur ou gaz.
La
DCPA mène aussi quelques expérimentations de mini
boucles d’eau chaude. La réalisation de ce type d’opération
se heurte aujourd’hui à des freins d’ordres
juridiques et pose la question de la pertinence de la situation
actuelle avec un opérateur unique pour la distribution
de chaleur à Paris. Parmi les opérations présentées,
on retrouve :
- la
réalisation en propre d’une mini-boucle d’eau
chaude pour alimenter la mairie du XIe et une école voisine
avec récupération de chaleur sur le réseau
d’eaux usées du SAAP. Ce qui permet un taux de
couverture de 50 % des besoins de chaleur. Le seul point faible
est le prix élevé de l’opération
- 1 M d’euros - notamment du fait de son caractère
expérimental. Pour le reste, il s’agit d’une
solution low-tech facilement reproductible qui représente
selon la DCPA un potentiel important. Le développement
de Boucles d’eau chaude (BEC) dans le réseau d’égouts
avec récupération de calories sur les eaux usées
est une piste à creuser ;
- une
opération de géothermie sur sonde à Rungis
pour chauffer et rafraîchir le centre horticole ;
- une
opération de géothermie sur nappe dans le XIVe.
Le coût de réalisation des forages est encore trop
élevé avec un seul foreur qui souhaite travailler
sur le territoire parisien. La question de la gestion de la
ressource est aussi centrale, l’exemple du Louxor où
une mauvaise gestion a conduit à un épuisement
de nappe illustre bien cette problématique.
|
À
gauche : principe de fonctionnement du dispositif Suez Degrés
Bleus
La solution développée par Suez comprend un échangeur
de chaleur placé dans le réseau d’assainissement
qui est couplé à une pompe à chaleur. Constitué
d’un circuit de canalisation en boucle fermée, l’échangeur
transporte une eau qui va être chauffée par la chaleur
des eaux usées. Elle parvient ensuite à la pompe
qui assure la transition entre le réseau d’assainissement
et le circuit de chauffage. Le passage de l’eau par l’échangeur
puis la pompe à chaleur permet de rehausser sa température
afin de la rendre exploitable pour les systèmes de chauffage
et d’eau chaude sanitaire. |
À
droite : mini boucle d’eau chaude avec récupération
de chaleur sur le réseau d’eaux usées (XIe)
La Direction des Constructions Publiques et de l’Architecture
de la Ville de Paris (DCPA) expérimente différentes
solutions pour assurer les besoins énergétiques
des équipements parisiens. La réalisation en propre,
sans passer par le concessionnaire du réseau de chaleur
de Paris mais avec son accord, d’une boucle d’eau
chaude empruntant le domaine public pour alimenter la mairie du
XIe et l’école voisine à partir de la récupération
de chaleur sur le réseau d’eaux usées du SAAP
en est un parfait exemple. Le dispositif mis en place - Degrés
Bleus développé par Suez - permet un taux de
couverture de 50 % des besoins de chaleur. Si l’on met de
côté le coût élevé de l’opération
notamment du fait de son caractère expérimental,
il s’agit d’une solution low-tech facilement
reproductible qui représente selon la DCPA un potentiel
important pour le développement de boucles d’eau
chaude (BEC). |
Conclusion
Le
Plan climat de Paris vise 100 % d’ÉnR&R dans
sa consommation en 2050 dont 20 % produites localement. Il fait
du réseau de chaleur l’un de ses outils principaux,
avec comme objectifs un verdissement rapide de son mix énergétique
amont - 75 % d’ÉnR&R en 2030, 100 % en 2050
-, ainsi qu’une densification et un développement
du réseau. Le renouvellement de la concession portant
sur le réseau de chaleur en 2024 est l’occasion
d’identifier les atouts et faiblesses de ce réseau
et de définir une feuille de route concrète à
l’atteinte des objectifs du Plan Climat à travers
l’élaboration d’un schéma directeur.
L’atteinte de 100 % ÉnR&R dans le mix énergétique
du réseau est un objectif qui passe nécessairement
par une plus grande sobriété de l’usage
de l’énergie. Cette sobriété devra
être particulièrement poussée car la récupération
de l’énergie fatale de l’incinération
des déchets qui représente aujourd’hui la
source d’énergie principale devrait être
amenée à baisser conformément à
la trajectoire zéro déchet non valorisé
de la Ville. La sobriété devra donc être
comprise comme une meilleure utilisation et une évolution
possible de l’infrastructure existante avec plusieurs
pistes qui se profilent :
-
un
déclassement progressif d’une partie du réseau
vapeur au profit de l’eau chaude et des développements
futurs exclusivement en eau chaude. La vapeur pourrait devenir
à l’avenir le fluide exclusif de la partie transport
de l’énergie, et l’eau chaude celui de
la distribution locale. Ce changement de modèle est
indispensable pour permettre au réseau de capter massivement
et mutualiser les ressources ÉnR&R basse température
du territoire comme le solaire thermique, la géothermie
ou encore la récupération de chaleur fatale.
-
une
modification du périmètre de la concession pour
rendre possible un élargissement du panel de producteurs
de chaleur afin de favoriser l’essor des ÉnR&R
locales mais aussi permettre de réintégrer les
sous-stations à la concession afin d’améliorer
la performance globale du réseau ;
-
une
densification au pied du réseau : les travaux
menés par l’Apur montrent que le réseau
actuel possède un linéaire sous exploité,
ainsi la surface de logements et d’activités
desservies pourrait passer de 25 millions à près
de 33 millions sans extension en raccordant les bâtiments
équipés de chauffage collectif à volume
de chaleur constant. Les possibilités de réduction
des consommations sont nombreuses : résorption des
fuites de distribution vapeur, de retour des condensats, et
politiques d’amélioration énergétique
des bâtiments desservis. Le réseau possède
également des opportunités d’extensions
importantes, notamment dans les XIe, XVIIIe et XXe arrondissements.
-
le
maintien et la mutation vers les ÉnR&R des sites
de production existants, voire la recherche de nouvelles emprises
en fonction des choix de développement actés
par la collectivité.
La
trajectoire choisie en matière d’évolution
de l’infrastructure existante et de son périmètre
de concession déterminera le rôle plus ou moins
important que jouera le réseau dans l’atteinte
de l’objectif de neutralité carbone en 2050, mais
aussi l’étendue des chantiers nécessaires.
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Profiter de la mise en place du Service Public de la Donnée
Énergétique (SPDE) pour aller plus loin
Réalisée
par l’APC, la Ville de Paris et l’Apur, la mise
en place du SPDE représente une opportunité pour
aller plus loin en précisant les secteurs d’activité
et les modes de chauffage pour isoler le chauffage collectif.
Le travail de cartographie et de quantification réalisé
dans le cadre de la présente étude pourra faire
l’objet de focus spécifiques sur certains secteurs
d’activité avec l’introduction de la connaissance
des systèmes de chauffage et de l’énergie
utilisée. Les données disponibles sur le territoire
parisien permettent d’envisager trois focus pour approfondir
la connaissance fine des bâtiments parisiens et de leurs
besoins énergétiques et préciser/prioriser
les opportunités de développement du réseau
de chaleur :
-
un
premier sur les copropriétés parisiennes avec
l’utilisation du registre national des copropriétés
qui renseigne les modes de chauffage mais aussi le croisement
avec les travaux de l’APC sur le repérage du
chauffage au fioul à Paris ;
-
un
deuxième sur les équipements de la Ville avec
l’aide des données transmises par la DCPA. Deux
pistes de travail peuvent être envisagées : le
repérage d’équipements ou groupes d’équipements
très consommateurs éloignés du réseau
qui pourraient justifier de nouveaux développements
en boucles d’eau chaude et l’identification des
équipements avec des chaudières collectives
gaz situés au pied du réseau ;
-
et
enfin un dernier sur les logements sociaux avec les données
transmises par la Direction du Logement et de l’Habitat
(DLH) sur sa connaissance du parc social parisien en matière
d’équipement de chauffage et d’eau chaude
sanitaire et de consommation énergétique.
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Étude
Quelles perspectives pour le réseau de chaleur
de Paris ?
Septembre
2020
Le Plan climat de Paris fait du réseau
de chaleur l’un des outils essentiels de la politique
de réduction des émissions de gaz à
effet de serre du territoire,
avec comme objectif un verdissement rapide de son mix
énergétique amont - 75 % d’ÉnR&R
en 2030, 100 % en 2050 -, ainsi qu’une densification
et un développement du réseau. Le renouvellement
de la concession portant sur le réseau de chaleur
en 2024 est l’occasion d’identifier les atouts
et faiblesses
de ce réseau et de définir une feuille de
route concrète à l’atteinte des objectifs
du Plan Climat à travers l’élaboration
d’un schéma directeur. La
présente étude vise à livrer des
éléments, notamment cartographiques, pour
alimenter les réflexions sur l’évolution
du réseau de chaleur parisien
qui bien que révolutionnaire à sa création,
se retrouve aujourd’hui confronté à
de nombreux enjeux de mutation et d’optimisation
qu’il devra prendre en compte pour être à
la hauteur des ambitions qu’on lui porte.
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L’Apur,
Atelier parisien d’urbanisme,
a pour missions
de documenter, analyser
et développer des stratégies prospectives
concernant les évolutions urbaines et sociétales
à Paris et dans la Métropole du Grand Paris. |
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Quelles perspectives pour le réseau de chaleur de
Paris ?
Directrices
de la publication : Dominique ALBA, Patricia PELLOUX
Étude réalisée par : Gabriel
SÉNÉGAS, Julien BIGORGNE
Sous la direction de : Olivier RICHARD
Cartographie et traitement statistique : Marcelin
BOUDEAU, Gabriel SÉNÉGAS
Photos et illustrations : Apur, sauf mention contraire
apur.org |
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