Il
y a un quart de siècle naissait le réseau Natura 2000, instauré
par la Directive européenne Habitats-Faune-Flore du 21
mai 1992.
La même année était lancé l’Instrument
Financier pour l’Environnement - LIFE - destiné à
cofinancer des actions européennes pour
la protection de l’environnement, de la biodiversité et du
climat. Ces moyens réglementaires et financiers se sont inscrits
dans la durée
pour préserver la riche biodiversité du territoire européen.
Ce réseau est constitué en Île-de-France de 35 sites
Natura 2000, 25 sites
désignés au titre de la directive Habitats, et 10 sites
désignés au titre de la directive Oiseaux, dont un partagé
avec la région Picardie.
Les sites Natura 2000 représentent au total une superficie de près
de 97 000 hectares soit environ 8% du territoire d’Île-de-France.
285 communes sont concernées, au moins en partie, soit environ
20% de l’ensemble des communes franciliennes.
Qu’est-ce
que Natura 2000 ?
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Natura
2000 est un réseau européen d’espaces naturels
identifiés pour la qualité, la rareté ou
la fragilité des espèces animales ou végétales
et de leurs habitats naturels.
Il vise à maintenir la diversité biologique
à l’échelle de l’Union européenne.
La conservation des espèces et des habitats reconnus
d’intérêt communautaire passe notamment par
le maintien des activités humaines et des pratiques qui
ont participé à forger l’intérêt
écologique de ces territoires.
La
politique européenne en matière de protection
de la nature locale repose actuellement sur deux directives
Oiseaux et Habitats.
Complémentaires, elles ont un objectif commun : la construction
d’un réseau qui regroupe les sites naturels les
plus remarquables de l’Union européenne, le réseau
Natura 2000.
La
directive Oiseaux
Adoptée en 1979 et codifiée en 2009, elle
concerne la conservation de toutes les espèces d’oiseaux
vivant naturellement à l’état sauvage sur
le territoire européen des États membres.
Elle a pour objet la protection, la gestion et la régulation
de ces espèces et en réglemente l’exploitation.
Les espèces mentionnées dans l’annexe I
de la directive Oiseaux - oiseaux sauvages plus particulièrement
menacés - font l’objet de mesures de conservation
afin d’assurer leur survie et leur reproduction. Pour
ce faire, des Zones de Protection Spéciales ont été
désignées.
Pour les espèces migratrices non visées à
l’annexe I de la directive Oiseaux dont la venue est régulière,
les États membres doivent prendre des mesures de protection
similaires.
La
directive Habitats / Faune / Flore
Adoptée
en 1992, elle a pour objet de contribuer à préserver
la biodiversité par la conservation des habitats naturels,
de la faune et de la flore sauvages sur le territoire européen
des États membres.
Des Zones Spéciales de Conservation ont été
désignées pour les habitats et les espèces
de flore et de faune d’intérêt communautaire.
Elles doivent assurer le maintien ou, le cas échéant,
le rétablissement dans un état de conservation
favorable, des habitats concernés, qui sont de deux types
:
-
les habitats naturels : milieux naturels dans lesquels vivent
des espèces ou des groupes d’espèces,
animales et végétales.
-
les habitats d’espèces : habitat correspondant
au milieu de vie d’une espèce (sites de reproduction,
d’alimentation et de repos).
L’entretien
des pelouses calcaires par le pâturage d’ovins
Les
pelouses calcaires : des habitats naturels riches en faune
et en flore (lépidoptères, orchidées…)
Le pâturage : une mesure de gestion favorable
à la conservation et à la restauration des pelouses
calcaires
Progression des ligneux : une menace pour les pelouses
calcaires, limitée par le pâturage des jeunes pousses
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Pâturage
sur les coteaux de Seine

Visiteurs
sur le site Natura 2000 du massif de Fontainebleau

Mare
à Fontainebleau
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La
démarche Natura 2000 en France
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Désignation
des sites
Après une phase préalable d’identification
par chaque Conseil Scientifique Régional du Patrimoine
Naturel puis consultation des communes concernées, les
propositions de sites Natura 2000 sont élaborées
par l’État et transmises à la Commission européenne.
Les
sites désignés au titre de la directive Habitats
figurent dans un premier temps sur la liste des Sites d’Importance
Communautaire arrêtée par la Commission européenne.
Ils sont ensuite désignés par l’État
en Zones Spéciales de Conservation.
Les
sites désignés au titre de la directive Oiseaux
sont des Zones de Protection Spéciale.
Pilotage
et mise en oeuvre
L’État français a choisi de mettre en oeuvre
cet objectif de développement durable par des outils contractuels
avec les acteurs du territoire.
La
gestion pour la conservation de chaque site Natura 2000 fait l’objet
d’un diagnostic scientifique et d’un dialogue avec
les collectivités : le document d’objectifs (DOCOB).
Pour cela, l’État désigne (1, ci-contre)
un comité de pilotage, organe de concertation
et de débat pour chaque site, qui réunit l’ensemble
des acteurs concernés sous l’égide d’un
président, l'État ou une collectivité territoriale
(2-4). L’élaboration du DOCOB du site Natura 2000
est réalisée par un opérateur (3) au sein
d’une structure porteuse.
Un
arrêté préfectoral approuve le DOCOB (5).
Sa mise en oeuvre est assurée par l’animateur (6)
par des moyens de communication et actions pédagogiques.
Chaque
propriétaire peut alors signer des contrats Natura 2000
et/ou adhérer à une charte afin d’agir pour
la conservation du réseau. L’animateur doit rendre
compte par des bilans et peut proposer la mise à jour du
DOCOB (7). La structure porteuse de l’animation du site
peut être différente de celle qui a élaboré
le DOCOB. |
Le
réseau
Natura 2000
en Île-de-France |
En
Île-de-france, les sites Natura 2000 font partie des réservoirs
de biodiversité à préserver du Schéma
Régional de Cohérence Écologique, adopté
le 21 octobre 2013, et sont à ce titre pris en compte
dans le Schéma Directeur de la Région d’Île-de-France,
approuvé par décret en Conseil d’État
le 27 décembre 2013. La stratégie de création
d’aires protégées en cours d’élaboration
s’appuie également sur les espèces et habitats
des directives Oiseaux et Habitats pour définir les projets
potentiellement éligibles à une protection forte.
L’Île-de-France
se trouve à la croisée de plusieurs influences
biogéographiques : l’ouest du territoire - Vexin
occidental, Rambouillet - subit une influence atlantique, le
sud de la Seine-et-Marne et de l’Essonne, une influence
méridionale, et la Bassée une influence médio-européenne.
Les milieux naturels d’Île-de-France sont concentrés
essentiellement dans la grande couronne. La petite couronne
n’héberge qu’un seul site Natura 2000, en
Seine-Saint-Denis.
Malgré
les pressions environnementales que connaît la région,
près de 40% des oiseaux inscrits à la directive
Oiseaux - et observés en France - ainsi que plus d’un
quart des espèces animales et des habitats inscrits à
la directive Habitats - et répertoriés en France
- sont présents en Île-de-France.
Seules
3 espèces végétales inscrites à
la directive Habitats sont présentes en Île-de-France.
Ceci s’explique peut-être par le fait que parmi
les 63 espèces végétales d’intérêt
communautaire recensées en France, la majorité
d’entre elles sont endémiques et principalement
rencontrées en région méditerranéenne
et dans une moindre mesure, en montagne ou sur le littoral atlantique.
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*
Arrêté du 16 novembre 2001 relatif à la liste
des espèces d’oiseaux qui peuvent justifier la désignation
de Zones de Protection Spéciale au titre du réseau
écologique européen Natura 2000.
** Arrêté du 16 novembre 2001 relatif à la
liste des types d’habitats naturels et des espèces
de faune et de flore sauvages qui peuvent justifier la désignation
de Zones Spéciales de Conservation au titre du réseau
écologique européen Natura 2000. |
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Les
principaux milieux présents sur les sites Natura 2000
d’Île-de-France
Pic
noir
Vieille
chênaie acidiphile à Quercus robur |
Grand
capricorne
Forêt
de ravin |
Massifs
forestiers
Les
forêts recouvrent plus de 80% des territoires Natura
2000 en Île-de-France. La forêt francilienne
est essentiellement composée de feuillus avec une
prédominance de chênes.
Les vieux peuplements forestiers, qui constituent des
habitats privilégiés de tout un cortège
d’espèces - essentiellement insectes et oiseaux
- sont rares. Ils persistent néanmoins dans certains
secteurs, par exemple sur le massif de Fontainebleau :
Sites Natura 2000 - Oiseaux et Habitats - de 28 000 hectares.
Différents
habitats de hêtraies sont localisés en Île-de-France
comme sur la forêt de Rambouillet qui occupe un
plateau d’altitude élevé pour la région
- 100 à 190 mètres - et sur le massif de
Fontainebleau.
On
note également la présence de forêts
alluviales à aulnaies et frênaies caractéristiques
du site Natura 2000 de la Bassée situé dans
le sud de la Seine-et-Marne. Cet habitat a fortement régressé
du fait de la pression humaine : défrichement à
des fins agricoles, exploitation de granulats, plantation
de peupleraies.
Espèces
caractéristiques :
Mousses : Dicrane vert
Insectes : Lucane cerf-volant, Grand capricorne, Pique-prune
Mammifères : Grand murin, Murin de Bechstein (chauves-souris
forestières)
Amphibiens : Sonneur à ventre jaune
Oiseaux : Pic mar, Pic noir, Bondrée apivore |

Pelouses
calcaires
de la haute vallée de la Juine
Pie-grièche
écorcheur |
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Pelouses
sèches
Les
pelouses recouvrent 3% du territoire Natura 2000 d’Île-de-France.
Ce sont des formations herbacées sèches,
basses et moins denses que les prairies.
Ce
milieu d’intérêt écologique
majeur demande une attention particulière car ce
sont des habitats riches en faune - exemples : papillons,
criquets, sauterelles - et en flore - exemple : orchidées
-.
Des
actions de gestion par fauche ou pâturage peuvent
être nécessaires pour maintenir les milieux
ouverts.
Les
principales pelouses calcaires d’Île-de-France
sont localisées sur les coteaux du Vexin et dans
le sud de l’Essonne.
Espèces
caractéristiques :
Insectes : Laineuse du prunellier
Oiseaux : Oedicnème criard, Pie-grièche
écorcheur |
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Lande
sèche sur le massif de Fontainebleau
Fauvette
pitchou |
Landes
On
recense 4% de landes sur le territoire Natura 2000 en
Île-de-France.
Deux types se distinguent :
- les
landes humides dominées par les bruyères
dont la Bruyère à quatre angles et la
Molinie ;
- les
landes sèches dominées par la Callune
et la Bruyère cendrée.
Des
actions de suppression de bouleaux et de pins peuvent
être nécessaires pour restaurer ces milieux
ouverts.
Les grands ensembles de landes se rencontrent essentiellement
dans les massifs de Rambouillet et de Fontainebleau.
Espèces
caractéristiques :
Oiseaux : Engoulevent d’Europe, Alouette
lulu, Fauvette pitchou |

Tourbière
acide

Martin
pêcheur
|
Agrion
de Mercure |
Zones
humides
Les
zones humides, milieux habituellement inondés ou
gorgés d’eau de façon permanente ou
temporaire - tourbières, marais, ripisylves...
-, sont des lieux riches en biodiversité. Elles
occupent 4% du territoire Natura 2000 en Île-de-France
et hébergent des espèces végétales
et animales - oiseaux, amphibiens et poissons - remarquables.
Ces zones se sont considérablement réduites
depuis le début du XXe siècle car la région
francilienne est soumise à une agriculture intensive
et à l’urbanisation le long des vallées.
Une
grande vallée alluviale est localisée sur
le site de la Bassée. Cet habitat naturel est également
bien caractérisé sur les Boucles de la Marne.
Des zones humides sont présentes dans le secteur
de Rambouillet jusqu’à l’étang
de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Espèces
caractéristiques :
Flore : Flûteau nageant
Amphibiens : Triton crêté
Mollusques : Vertigo de Desmoulins, Vertigo étroit
Oiseaux : Blongios nain, Busard des roseaux, Martin pêcheur,
Gorgebleue à miroir |
Le
Petit Morin |
Chabot
Lamproie
de Planer |
Cours
d’eau
Quelques
cours d’eau de bonne qualité ont été
retenus au titre de la directive Habitats en
Île-de-France. Ils représentent 1% du territoire
Natura 2000 et sont localisés en majorité
dans le département de la Seine-et-Marne : l’Yerres,
le Petit Morin, la rivière du Dragon...
On notera également la vallée de l’Epte,
située à l’ouest du Val-d’Oise,
et qui héberge l’Écrevisse à
pattes blanches, témoin d’une eau d’excellente
qualité.
Espèces
caractéristiques :
Mollusques : Mulette épaisse
Crustacés : Écrevisse à pattes blanches
Poissons : Chabot, Bouvière, Loche de rivière,
Lamproie de Planer,
Lamproie marine |

Grand
murin
Carrière
en exploitation
|

Grands
rhinolophes  |
Carrières
Issus
pour la plupart d’anciennes carrières d’exploitation
- exemple : carrière de Mocpoix au sud de la Seine-et-Marne
-, seuls 2% des gîtes à chiroptères
sont des milieux naturels.
L’Île-de-France comprend un nombre restreint
de sites d’hibernation de chauves-souris localisés
dans le Vexin français, le sud de l’Essonne
et de la Seine-et-Marne. Ces sites hébergent des
effectifs de chiroptères importants au regard de
ceux connus dans la région. C’est pourquoi
ont été mises en place des mesures permettant
la conservation d’un réseau de cavités
en Île-de-France.
Concernant
la flore, les carrières calcaires peuvent être
un refuge pour le Sisymbre couché, espèce
végétale pionnière disparue de son
biotope d’origine : berges exondées de la
Seine. Cette espèce est notamment présente
sur le site de la carrière de Guerville dans le
nord des Yvelines.
Espèces
caractéristiques :
Flore : Sisymbre couché (en carrière
ouverte)
Mammifères (chiroptères) : Grand rhinolophe,
Grand murin,
Murin à oreilles échancrées, Murin
de Bechstein,
Petit rhinolophe |
Parc
Georges Valbon |

Blongios
nain Pic mar
|
Site
urbain
L‘originalité
de l’Île-de-France est soulignée par
la présence d’une unique zone Natura 2000
en milieu urbain, sites de la Seine-Saint-Denis
dans la petite couronne francilienne. Il représente
1,5% du territoire Natura 2000 en Île-de-France.
La Seine-Saint-Denis, un des départements franciliens
les plus habités, est caractérisé
par la présence de 15 parcs et espaces naturels
compris dans le périmètre Natura 2000. Des
espèces d’oiseaux remarquables s’y
sont adaptées. Elles l’utilisent comme lieu
de nidification et de repos.
Espèces
caractéristiques :
Oiseaux : Blongios nain, Pic mar, Pic noir,
Martin pêcheur
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Sites
Natura 2000 en région Île-de-France |
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La
biodiversité en Île-de-France |
La région Île-de-France accueille 11,6 millions d’habitants,
soit près de 20% de la population française métropolitaine,
alors qu’elle ne représente que 2% du territoire
national. Cette forte densité fait peser de fortes pressions
sur les espaces naturels.
Les communes de la petite couronne ont une très forte densité
d’habitants - 2 500 habitants/km2
- alors que certaines communes rurales en périphérie
de la région ont moins de 20 habitants au km2.
Toutefois, si le territoire francilien est très urbanisé,
les espaces naturels, agricoles et forestiers, couvrent 80% de
l’espace francilien : 52% pour les espaces agricoles, 24%
pour la forêt et 4% des espaces naturels non forestiers
tels que les pelouses sèches et les zones humides. Mais
ils tendent à régresser et à se banaliser
!
La biodiversité régionale de l’Île-de-France
reste malgré tout très intéressante ; il
est impératif de la conserver et de la protéger
à l’aide de moyens de gestion adaptés, conciliant
exigences environnementales et socio-économiques.
Natura 2000 vise à répondre à cet enjeu.
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NATURA
2000 EN ÎLE-DE-FRANCE
PRÉSERVONS
LA BIODIVERSITÉ
Décembre
2016
Direction régionale et interdépartementale
de l’environnement et de l’énergie
d’Île-de-France
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NATURA
2000
EN ÎLE-DE-FRANCE
PRÉSERVONS
LA BIODIVERSITÉ |
|
Rédaction
: DRIEE/SNPR
Révisions 2015 et 2016 : S. Forteaux
Crédits photos : L.Baliteau (OPIE), J. Bardat
(MNHN), G. Baudoin, JD. Bergemer (Fdc 77), J. Birard (LPO),
N. Bock (PNR Gâtinais français), F. Cahez (LPO),
D. Chapot (ONF), L. Charbonnier, S. Coste (MNHN),
E. Coudert (DRIEE), T. Fernez (CBNBP), L. Ferriot (NaturEssonne),
S. Forteaux (DRIEE), C. Guihard (LPO),
B. Lelaure (AEV), S. Lucet, S. Mahuzier (Fdc 77), E. Mautret
(PNR Vexin français), L.Mignaux (ONF),
F. Olivereau, A. Perthuis (ONF), E. Royer (ONF), L. Sarteau,
JP. Siblet (MNHN), S. Siblet,
P. Treillard (DRIEE), V. Vignon (OGE), ANVL,
NaturEssonne,
PNR Vexin français,
Fédération départementale de pêche
et de protection des milieux aquatiques (FDPPMA) 77.
driee.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr |
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