Face à l’envolée de la vente d’appareils de
climatisation en France, l’Apur propose un premier diagnostic de
la présence de la climatisation à Paris. Étant donné
sa densité bâtie, Paris connaît un îlot de chaleur
qui amplifie localement les effets du changement climatique. La climatisation
est vue pour beaucoup comme une solution technique face à l’inhabilité
croissante des bâtiments à Paris. Ce premier volet de l’étude
de l’Apur dresse un panorama de la présence de la climatisation
à Paris, il rappelle les différentes technologies employées
et recense les modes d’intégration aux bâtiments. Les
nuisances associées à la climatisation sont également
analysées, en particulier les rejets de chaleur.
Les
nuisances liées à la climatisation à Paris |
|
L’usage
de la climatisation engendre des nuisances qui sont perceptibles
localement, comme le bruit ou les rejets de chaleur, mais il participe
également au changement climatique, à cause des
gaz frigorigènes des systèmes de réfrigération
qui sont de puissants gaz à effet de serre.
Le développement de la climatisation a également
un impact sur le paysage de Paris, puisque nombre d’installations
viennent se greffer à des bâtiments existants dans
des rez-de-chaussée, sur des façades ou des toitures,
et cela, bien souvent, sans autorisation d’urbanisme.
Les
plaintes liées à la climatisation à Paris
À
Paris, l’une des principales causes des plaintes reçue
par la Police Municipale (8)
correspond
au bruit des installations d’extraction de l’air et
de climatisation. Les statistiques mensuelles des plaintes reçues
par la police municipale en 2023 confirment le rôle de ces
installations, puisqu’une corrélation est observée
entre les mois les plus chauds et le nombre de plaintes reçues
(9).
Parmi les nuisances qui font l’objet de plaintes, les nuisances
sonores et les nuisances olfactives peuvent faire l’objet
d’une intervention de la Police Municipale, qui peut donner
lieu à une verbalisation :
-
le bruit est réglementé par le Code de la Santé
; les émergences des installations ne doivent pas être
supérieures à 3dB(A) le jour, et 5dB(A) la nuit
(10)
;
-
les
odeurs sont réglementées par le Règlement
Sanitaire Départemental ; et pour qu’elles soient
évitées, les rejets d’air vicié
doivent se faire à plus de 8 m des ouvrants d’un
bâtiment.
(8)
Source : entretien réalisé avec le Bureau d’Actions
contre les Nuisances Professionnelles de la Ville de Paris le
5 mars 2024
(9) L’absence de corrélation en juillet et août
est vraisemblablement liée au départ en vacances
des résidents.
(10) Ces valeurs sont à pondérer par la fréquence
de la nuisance sonore et son occurrence.
Les
plaintes relevées par la Police Municipale sont fortement
liées à la densité commerciale à rez-de-chaussée
des immeubles parisiens. Ces plaintes rendent vraisemblablement
compte des problèmes d’intégration de systèmes
décentralisés de climatisation ou d’extraction
d’air, c’est-à-dire de systèmes souvent
installés par les commerces eux-mêmes, dans des bâtiments
qui n’en comportaient pas à l’origine, ce qui
est le cas de nombreux bâtiments datant d’avant la
2ème guerre mondiale. Inversement il est probable que ces
plaintes concernent moins les bâtiments aux systèmes
de climatisation centralisés, comme les bâtiments
de bureau, pour lesquels les installations sont situées
en toiture et fonctionnent préférentiellement en
journée.
Dans
le Code de la Santé ou dans le Règlement Sanitaire
Départemental, il n’est pas prévu de règles
encadrant les rejets de chaleur qui pourraient affecter le confort
climatique, notamment quand ils ont lieu sur l’espace public
ou dans les cours. Les rejets de chaleur sont pourtant une forme
de pollution à part entière, capable d’accentuer
l’îlot de chaleur urbain, et d’affecter la santé
des usagers des espaces publics et des occupants des logements,
notamment quand les rejets se font dans les cours des immeubles.
Enclos
avec jouées acoustiques sur les toits d’un hôtel
- rue du Roi de Sicile (IVe)
Ce dispositif permet de limiter la diffusion du bruit des climatiseurs.
©
Christophe Jacquet – Ville de Paris |

Plaintes* mensuelles reçues par la police municipale
de Paris et relevés de température** en 2023 ©
Sources : Marie de Paris (DPMP), Météo-France -
*Les plaintes, relevées par le Bureau d’Actions contre
les Nuisances Professionnelles de la Police Municipale, concernent
les nuisances sonores et olfactives des activités professionnelles,
comme les extractions d’air ou les climatisations. Les nuisances
sonores émanant de la voie publique, des sons amplifiés,
et les troubles de voisinage sont exclus de ces statistiques.
**Température maximale moyenne

Densité de plaintes* à l'hectare auprès
de la police municipale par arrondissement en 2023
© Source : Mairie de Paris (DPMP), Météo
France - *Les plaintes, relevées par le Bureau d’Actions
contre les Nuisances Professionnelles de la Police Municipale,
concernent les nuisances sonores et olfactives des activités
professionnelles comme les extractions d’air ou les climatisations.
Les nuisances sonores émanant de la voie publique, des
sons amplifiés, et les troubles de voisinage sont exclus
de ces statistiques.
Les
nuisances liées au bruit et aux odeurs sont réglementées,
et font l'objet de contrôles de la part de la police municipale
de Paris
 |
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...
La
climatisation dans le PLU bioclimatique de Paris
en application depuis novembre 2024 :
- Article
UG.2.2.3 Couronnement et couverture :
[…] Les accessoires à caractère technique
(extracteurs, gaines, caissons de climatisation…) doivent
être intégrés au volume bâti ou regroupés,
et bénéficier d’un traitement de qualité
destiné à en limiter l’impact visuel et
à prévenir toute gêne sonore pour le voisinage
[…].
- Article
UG.5.1.3 Confort d’été :
[…] Le confort d’été doit être
recherché prioritairement au moyen de dispositifs passifs.
Le cas échéant, le recours complémentaire
à un système de production de froid doit intervenir
prioritairement par raccordement au réseau de froid urbain.
En cas d’impossibilité technique, il est possible
de recourir à d’autres systèmes de climatisation
collectifs. Les systèmes de climatisation non collectifs
ne peuvent être retenus qu’en dernier recours, en
cas d’impossibilité technique de recourir aux systèmes
indiqués ci-dessus ou pour le rafraîchissement
de locaux nécessitant une atmosphère contrôlée
[…].
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Confinement
de la chaleur émise par un climatiseur
arrimé à la façade d'un bâtiment parisien
Dispersion
de la chaleur émise par un climatiseur arrimé à
la façade d’un bâtiment à mi-hauteur.
Cas d’un vent en altitude de 10 km/h. Source
: extrapolation d’après Wind-tunnel measurements
and LES simulations of air pollutant dispersion caused by fire-induced
buoyancy plume inside two parallel street canyons - Peng-Yi
Cui, Jin-Hao Zhang, Yi-Ping Wu, Yan Zhang, Jia-Zheng Zhou, Yang
Luo, Yuan-Dong Huang © Apur |
Illustrations
des rejets de chaleur des climatiseurs et insertion paysagère
Les
rejets de chaleur des systèmes de climatisation ont un
impact sur le climat urbain, ils participent à l’îlot
de chaleur urbain, tout comme les autres sources de chaleur anthropique
(11).
En ville, durant les épisodes caniculaires, le brassage
de l’air est généralement faible, en particulier
la nuit. Nombre d’espaces urbains sont étroits et
particulièrement enclavés comme les cours d’immeubles
ou les rues canyons.
Dans ces espaces, les émissions de chaleur dues à
la climatisation peinent à s’évacuer, et peuvent
fortement dégrader le confort climatique. Dans une rue
où il ferait 30 °C, un climatiseur d’un local
à rez-de-chaussée peut rejeter de l’air à
50 °C voire plus.
Cette émission de chaleur a un impact direct sur le confort
climatique des piétons, mais également sur celui
des habitants des étages supérieurs. Ces habitants
peuvent être contraints de renoncer à ventiler leurs
logements la nuit, à cause de l’excès d’air
chaud en provenance des climatiseurs situés à rez-de-chaussée.
Inversement, les rejets de chaleur qui existent lorsque des climatiseurs
sont installés en toiture ont un impact moindre. Bien que
participants également à l’îlot de chaleur
urbain (ICU), ils ont l’avantage de ne pas exposer directement
les habitants à des niveaux excessifs de chaleur.
Enfin, la climatisation participe à l’effet d’aggravation
locale de l’ICU. Plus il fait chaud, plus on climatise,
et plus on climatise plus les rejets de chaleur incitent à
utiliser la climatisation. On parle de phénomène
à rétroaction positive, c’est-à-dire
que les effets de la climatisation amplifient les causes qui lui
donnent naissance.
(11)
Chaleur émise par les moteurs des véhicules thermiques,
chaleur émise par les
canalisations du réseau de chaleur urbain…
Rez-de-chaussée
commerciaux
La
climatisation des rez-de-chaussée commerciaux est courante
à Paris. L’un des problèmes posés par
ce type de climatisation est le rejet de chaleur qui se fait souvent
à proximité des piétons.
L’autre question posée par ces climatisations est
leur impact sur le paysage de la rue. Les installations de climatisations
sont parfois invisibles à l’œil nu, notamment
lorsqu’elles sont intégrées à des devantures
commerciales.
Lorsque les commerces ont des tailles importantes, comme les supérettes,
les espaces de stockage des magasins peuvent servir à abriter
des installations de climatisations, qui sont généralement
invisibilisées par des grilles donnant sur l’espace
public, seuls le bruit d’une soufflerie et les rejets de
chaleur permettent d’identifier la présence de climatiseurs.
Dans le cas de commerces à rez-de-chaussée possédant
un entresol réservé à des locaux techniques
ou de stockage, alors des splits de climatisation peuvent trouver
leur place à la place des baies.
Dans le cas de commerces possédant des terrasses fermées,
des climatiseurs peuvent trouver leur place sur les toitures de
ces terrasses, ce qui les rend généralement peu
visibles depuis l’espace public. On constate ainsi, dans
Paris, une grande diversité des modes d’intégration
des climatiseurs aux rez-de-chaussée commerciaux. Si dans
certains cas les climatiseurs splits sont totalement invisibilisés,
dans d’autres les splits viennent se greffer directement
sur les devantures ou les enseignes des commerces.
Étages
courants
La
présence de splits sur les façades d’immeubles
se constate à Paris, même si elle est moins fréquente
que la climatisation des rez-de-chaussée commerciaux.
Lorsque des splits sont constatés sur toute la façade
d’un immeuble, alors il peut s’agir d’activités
tertiaires. Lorsqu’il s’agit de logement, les splits
sont plus rares, ils sont alors installés de façon
ponctuelle, sur les rebords de fenêtres ou les balcons,
mais ils ne sont jamais systématisés à tous
les étages.
Les climatiseurs mobiles sont beaucoup plus présents que
les splits, ils sont manifestement la solution de climatisation
privilégiée pour les logements en étages
courants à Paris.
Toits
: logements
La
climatisation des logements situés sous les toitures en
zinc parisiennes est aujourd’hui très développée.
Elle concerne tous les quartiers de Paris, y compris les quartiers
centraux. Ces climatiseurs sont généralement invisibles
depuis l’espace public. L’inconfort climatique des
habitations des derniers étages va en s’amplifiant
avec le changement climatique. Mais il est également lié
aux modes de transformation des derniers étages, comme
l’agrandissement du volume habitable, avec la récupération
des combles inhabités, et dont on améliore la luminosité
par la création de fenêtres de toits, généralement
non dotées d’occultations solaires. Ces transformations
ont créé de l’inconfort estival auquel l’isolation
thermique répond difficilement (12).
Enfin, concernant en particulier les quartiers centraux, le développement
des locations touristiques des appartements sous les toits implique
nécessairement la climatisation pour répondre aux
attentes d’une clientèle internationale.
Les climatiseurs présents sur les toitures en zinc sont
généralement adossés aux conduits de cheminées
auxquels ils sont arrimés. Les câbles d’alimentation
électrique et de circulation des fluides passent par les
chatières
(13)
des couvertures en zinc, ou par les fenêtres de toits, ou
encore par les conduits de cheminées, quand ils sont désaffectés.
L’installation des climatiseurs se fait bien souvent de
manière illégale, c’est-à-dire sans
autorisation d’urbanisme ni aval de la copropriété.
Les installations présentes sur les toits à destination
des logements sont généralement des installations
de faible puissance, destinées au rafraîchissement
du logement du dernier étage uniquement ; ce sont des climatisations
dites centralisées.
(12)
Voir à ce propos une étude de l’Apur traitant
du confort estival dans la MGP : apur.org
(13) Qui servent normalement à la ventilation naturelle
des combles.
Toits
: tertiaire
La
climatisation des bâtiments d’activité tertiaire
est devenue la norme dans de nombreux secteurs d’activité
: bureaux, hôtels, centres commerciaux, hôpitaux…
Les installations requises doivent être suffisamment puissantes
pour climatiser des bâtiments entiers ; ce sont des climatisations
dites décentralisées. Dans les bâtiments
avec toits terrasses, notamment ceux de l’après-guerre,
les installations de climatisation trouvent naturellement leur
place sur les toits. Mais les climatiseurs sont également
présents dans des bâtiments anciens aux toitures
en zinc, dans ce cas des adaptations ont été nécessaires
: comblement des courettes afin d’accueillir les installations
sur la couverture de l’extension - cette extension permet
aussi d’agrandir les surfaces d’activité dans
les étages courants - ou construction d’une structure
permettant de supporter les installations sur le toit sans porter
atteinte à la couverture. |
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En
ville, la chaleur émise par les unités de climatisation
qui sont arrimées aux façades des bâtiments
peut avoir du mal à s’évacuer correctement.
Dans le cas le plus défavorable où la circulation
générale de l’air - celle qui est présente
en altitude, c’est-à-dire au-dessus du velum parisien
- n’est pas orientée dans l’axe de la rue,
alors la chaleur se retrouve piégée entre les façades,
tout comme les polluants atmosphériques émis dans
la rue.
Le schéma ci-dessus illustre ce phénomène
pour une circulation de l’air d’environ 10 km/h. De
façon contre-intuitive, lorsque la vitesse du vent augmente
- au-delà de 20 km/h -, le phénomène de confinement
est renforcé. La circulation verticale de l’air dans
la rue est alors totalement bloquée par le flux d’air
en altitude, qui se comporte comme un couvercle atmosphérique. |
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Rejetant
de l’air chaud sur l’espace public
©
Apur – Julien Bigorgne

Les installations d'un EHPAD rejettent de l’air chaud sur
l’espace public
©
Apur – Julien Bigorgne
Sur des toits en zinc parisiens
©
Christophe Jacquet – Ville de Paris

Sur des toits en zinc parisiens
©
Christophe Jacquet – Ville de Paris

Sur des bâtiments d’activité tertiaire
©
Christophe Jacquet – Ville de Paris
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Sur le
toit d’une terrasse d’un restaurant
©
Apur – Julien Bigorgne

Climatiseur d’un immeuble de bureau servant à refroidir
des locaux au 3e étage
©
Apur – Julien Bigorgne

Sur des toits en zinc parisiens
©
Christophe Jacquet – Ville de Paris

Sur des toits en zinc parisiens
©
Christophe Jacquet – Ville de Paris

Sur des bâtiments d’activité tertiaire
©
Christophe Jacquet – Ville de Paris
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Synthèse
des nuisances liées à la climatisation à
Paris
La
climatisation des bâtiments prend diverses formes à
Paris, et les nuisances qui en découlent dépendent
des technologies employées, de la façon d’intégrer
les installations aux bâtiments, et de la proximité
des installations avec l’espace public. Les installations
individuelles sont généralement celles qui cumulent
le plus d’inconvénients :
-
elles sont généralement d’une moindre
efficacité énergétique, en particulier
les climatiseurs mobiles ;
-
quand les installations sont situées à rez-de-chaussée,
elles impactent directement le confort thermique des espaces
publics ;
-
elles sont dans de nombreux cas sommairement intégrées
aux bâtiments ;
-
inversement, les technologies de climatisation décentralisées,
c’est-à-dire celles dédiées à
la climatisation d’immeubles entiers, sont généralement
plus efficaces énergétiquement et mieux insérées
du point de vue paysager.
La
solution technique qui est la plus avantageuse globalement du
point de vue des nuisances précédemment citées
est celle du réseau de froid urbain parisien.
Les nuisances liées à la climatisation ne peuvent
pas être directement traduites par une cartographie à
l’échelle de tout Paris, car il n’existe pas
de recensement exhaustif des types de climatisation des bâtiments
ni de leur localisation. La seule nuisance qui peut être
approchée à l’échelle globale est celle
des rejets de chaleur. Cette problématique est importante
puisque l’îlot de chaleur urbain est directement modifié
par ces rejets de chaleur (14),
qui
pénalisent certains quartiers plutôt que d’autres.
Pour réaliser cette cartographie, certaines hypothèses
ont été retenues : comme l’absence de climatisation
des logements, et une climatisation du parc de bâtiments
tertiaire généralisée et dépendante
de la surface des bâtiments ; hormis ceux reliés
au réseau de froid urbain. Avec ces hypothèses,
la carte des rejets de chaleur fait ressortir les grands pôles
tertiaires avec, en premier lieu, le quartier central des affaires,
qui s’étend de la porte Maillot à l’ouest
au Louvre à l’est, mais aussi des pôles tertiaires
plus restreints comme Montparnasse, Balard, Gare de l’Est,
Porte des Lilas… Le réseau de froid urbain parisien
- Fraîcheur de Paris - permet d’effacer une partie
des rejets de chaleur dans les quartiers qu’il dessert (15).
C’est en particulier notable dans le secteur de l’avenue
de France, qui ressort peu sur la carte, alors que la densité
de bureaux y est très forte. Un enjeu complexe pour le
réseau de froid représente le raccordement de polarités
excentrées, et particulièrement émettrices
de chaleur, comme Montparnasse ou Balard. Notons enfin que cette
carte des rejets de chaleur révèle seulement les
rejets anthropiques liés à la climatisation des
bâtiments, elle ne couvre pas les autres rejets que sont
par exemple les climatisations des transports, comme les autocars,
les bus, les tramways, les souffleries des métros et RER… |
Nuisances
associées aux différentes modalités de climatisation
Source
: Apur
(14)
Voir à ce propos : CNRM, CNAM, Climespace. Projet CLIM²,
Climat urbain et climatisation - Rapport scientifique, 2010.
(15) ibid. |
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Conclusion |
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Avec
le changement climatique et les pics de température observés
durant les périodes de canicule à Paris, des systèmes
de rafraîchissement apparaissent dans de nombreux bâtiments.
Au XXe siècle on considérait, à Paris,
que seuls les bâtiments tertiaires fortement vitrés
justifiaient l’emploi de climatisation, ces climatisations
étaient alors conçues en même temps que
les bâtiments.
Au XXIe siècle, l’apparition d’une demande
de froid à grande échelle pose la question de
l’usage et de l’insertion de la climatisation dans
des typologies bâties n’ayant pas été
conçues pour ; cette climatisation a posteriori se fait
à l’échelle du local grâce à
des équipements que l’on vient souvent greffer
sur les habitations, on parle alors de climatisation centralisée.
Ce type de climatisation est d’abord apparu dans les rez-de-chaussée
commerciaux, qui avec leurs baies vitrées et leurs éclairages
intérieurs, sont demandeurs de froid plusieurs mois de
l’année ; et non pas uniquement durant les périodes
de canicule. L’inconvénient majeur de ces modes
de climatisation tient dans le rejet de chaleur se faisant souvent
à même l’espace public, et donc avec un impact
direct sur le confort climatique des usagers de la rue.
Hypothèses
de calcul pour l'évaluation des puissances des installations
de climatisation :
les logements ne sont pas climatisés / les bâtiments
tertiaires sont climatisés à 100 % quand leurs
surfaces excèdent 1000m² à l'échelle
d'une parcelle urbaine, ce ratio est de 40 % sinon (hypothèse
ENEDIS) / lorsque les bâtiments sont climatisés,
la puissance unitaire de climatisation est de 10kW/100m².
Source
: Apur / © Apur - 2024
Viennent ensuite les logements. L’inconfort climatique
des logements sous toitures, souvent perçu comme insoluble
par leurs occupants, a fait apparaître la climatisation
comme une solution nécessaire au maintien de leur habitabilité.
Hormis la question des toits, la climatisation reste encore
peu répandue dans l’habitat collectif parisien,
mais les ventes exponentielles de climatiseurs constatées
ces dernières années signifient bien la généralisation
de cet équipement pour les logements en étages
courants.
Paris n’a pas encore le visage de certaines villes dans
lesquelles un climatiseur split est accroché
à chaque fenêtre. S’il paraît d’illusoire
d’empêcher l’usage de la climatisation dans
les années à venir, il semble nécessaire
de modérer son usage quand cela est possible, et de privilégier
la climatisation décentralisée quand elle est
inévitable :
-
modérer l’usage de la climatisation revient à
intervenir sur les situations d’inconfort thermique
estival liées à des défauts de conception
des bâtiments : réinstaller des volets quand
ceux-ci ont été déposés, ou les
installer quand ils n’avaient pas été
prévus par les concepteurs, éviter la fermeture
des cours et courettes afin de préserver la ventilation
naturelle, préserver les cheminées pour la même
raison, privilégier l’isolation thermique extérieure
quand elle est possible. Tous ces principes sont abordés
dans le PLU bioclimatique de Paris, qui s’applique depuis
novembre 2024 ;
-
privilégier la climatisation décentralisée,
c’est avant tout privilégier le raccord au réseau
de froid lorsque cela est possible. Depuis quelques années,
ce réseau permet le raccordement à de faibles
puissances, ce qui permet notamment le raccordement de rez-de-chaussée
commerciaux. Le
raccordement aux bâtiments d’habitation est aujourd’hui
théoriquement possible, mais il nécessite l’existence
d’un réseau hydraulique interne, généralement
absent des bâtiments existants, sa création est
en revanche possible lorsque ces bâtiments font l’objet
d’une rénovation énergétique.
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Modélisation
des rejets de chaleur
liés à l'usage de la climatisation des bâtiments
à Paris
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©
Apur – Julien Bigorgne |
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.....
.Étude
La climatisation à Paris
Formes,
insertions, nuances
............
Avec le changement climatique,
la hausse des températures observée
à la période estivale et les pics durant
les canicules, la demande de froid se déploie
en France à grande échelle. Dans les
métropoles, cette diffusion massive et rapide
pose plusieurs questions dont l’enjeu des systèmes
de production, leurs différentes formes, leurs
insertions et les nuisances qui découlent de
leurs usages.
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Directeur
et directrice de la publication : Alexandre LABASSE
- Patricia PELLOUX
Étude réalisée par : Julien
BIGORGNE - Sous la direction de : Olivier RICHARD
Avec le concours de : Pauline ALFARO, Maud CHARASSON,
Gabriel SENEGAS
Cartographie et traitement statistique : Apur
L’Apur,
Atelier parisien d’urbanisme, est une association
loi 1901 qui réunit autour de ses membres fondateurs,
la Ville de Paris et l’État, les acteurs
de la Métropole du Grand Paris. Ses partenaires
sont : |
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