Les
bois de Boulogne et de Vincennes sont deux espaces de respiration uniques,
situés au cœur du Grand Paris. Représentant à
eux deux près du quart de la surface du Paris urbanisé,
les deux bois occupent un espace équivalent aux huit premiers arrondissements.
Ils sont fréquentés par des habitués mais sont encore
méconnus par beaucoup d’habitants. Une grande diversité
d’usages existe : pour certains, ils représentent des axes
de circulation rapide, pour d’autres le plaisir du footing dans
les allées, de la promenade et pique-nique sous les arbres, du
canotage sur les plans d’eau… Les Charte du bois de Vincennes
et de Boulogne, signées en 2003, ont constitué un cadre
précieux, en définissant quatre axes majeurs pour structurer
un projet ambitieux d’aménagement durable des bois : réhabiliter
les paysages et restaurer les milieux naturels ;
réduire fortement la circulation automobile pour une promenade
tranquille ; reconquérir l’espace public des bois et gérer
les activités
dans la cohérence et la transparence ; et enfin innover dans les
modes de gestion et de gouvernance.
Les
lisières du bois |
Les
lisières forment une transition entre le bois et la ville.
Elles se caractérisent par des proximités marquées
par les parcelles plus ou moins bâties ou plantées,
et des espaces publics de natures différentes : avenue,
route, périphérique, autoroute. Selon les situations,
la porosité de ces lisières pourrait être
renforcée, notamment avenue de la Belle Gabrielle, de
Vincennes à Nogent-sur-Marne, et avenue de Gravelle à
Charenton-le-Pont. La situation de corniche de l’avenue
de Gravelle en limite avec Saint-Maurice invite à préserver
et renforcer les vues vers le sud de la métropole.
Les
lisières sont aussi caractérisées par des
profondeurs liées aux grandes continuités piétonnes
et paysagères des portes du bois. Ces entrées,
qu’elles soient principales - porte Dorée, esplanade
Saint-Louis, carrefour de l’avenue de Nogent et de l’avenue
de la Belle Gabrielle - ou secondaires - porte de Charenton,
avenue du Bel Air à Saint-Mandé, avenues de Fontenay
et de la Belle Gabrielle, carrefour de Beauté, avenues
de Gravelle et de Saint-Maurice -, pourraient faire l’objet
d’aménagements invitant à la promenade et
à la découverte du site : qualité des espaces
publics, services de mobilités, kiosques et pavillons,
signalétique.
Les
profondeurs sont aussi celles des vues en lien avec le territoire
- plateau de Gravelle, pelouse sud du lac Daumesnil, carrefour
de Beauté - ou avec les points de repère au sein
du bois : la Cipale, le rocher du Zoo, le rond-point de l’allée
Royale en lien avec le château de Vincennes et le sud
de Paris, le lac de Gravelle et l’hippodrome, et le front
nord de la métropole. Ces vues sont déterminantes
dans les relations du bois à la ville, un nouveau velum,
voire un seul édifice, peut en altérer la beauté.
Les
lisières sont aussi marquées par des seuils aux
qualités et potentiels différents. C’est
le cas du triangle dominé par le lac de Saint-Mandé
et bordé par l’avenue Daumesnil, dont l’accroche
au bois doit être préservée et renforcée.
C’est aussi celui des clairières de Fontenay, dont
l’ampleur est à retrouver. Au sud, des liens avec
le site des hôpitaux de Saint-Maurice pourraient contribuer
à mettre en valeur les qualités paysagères
d’une limite avec la Marne.
Plus
ponctuellement, des secteurs d’entrée dans le bois
mériteraient d’être requalifiés. C’est
le cas dans Paris de la séquence de la porte Dorée
à la pointe du lac Daumesnil. À proximité,
une grande emprise articule Paris, Charenton- le-Pont et le
lac. Dominée par la pelouse de Reuilly, elle comprend
la Cipale qui reste à valoriser. Ce secteur pourrait
être favorable à la création de nouvelles
ZIEP, et à des programmations en lien avec le bois, liées
à la nature, l’agriculture, le sport, la culture…
Au
nord, l’accroche du bois avec Vincennes est fortement
liée à l’évolution du cours des Maréchaux
et de la gare multimodale. De nouveaux paysages - découverte
des douves du château - et organisations des mobilités
- piéton, vélo, navette - pourraient mieux qualifier
les futurs liens avec des emprises récemment aménagées
: esplanade Saint-Louis, avenue des Minimes.
À l’est, le Jardin
d’Agronomie Tropicale
et sa proximité avec une entrée principale du
bois avenue de Fontenay offrent la possibilité de traiter
une séquence avec Nogent-sur-Marne. Outre la lisière
de l’avenue de la Belle Gabrielle, il pourrait être
traversé et ainsi plus ouvert sur le bois et sur la ville.
Au sud-est, les infrastructures routières - A4, carrefours…
- pourraient être apaisées en travaillant les accès
au bois depuis Joinville-le-Pont et Saint-Maurice - carrefour
de Beauté, route de la Pyramide/avenue des Canadiens
-, les grandes perspectives vers et depuis le bois, la continuité
des promenades depuis la Marne et le développement de
la biodiversité : ZIEP pour les emprises inaccessibles,
trame d’eau du lac des Minimes et du JAT au lac de Gravelle.
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Des
lisières à valoriser et à réaménager |
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Saint-Mandé
et Vincennes
© Jacques Leroy - Ville de Paris
Vincennes, Fontenay-sous-Bois et avenue de Nogent
©
ph.guignard@air-images.net
Cimetière
Ancien de Charenton-le-Pont
©
Apur - Benoît Grimbert |
Fontenay-sous-Bois et Nogent-sur-Marne
© ph.guignard@air-images.net
Autoroute A4, Joinville-le-Pont et
Saint-Maurice ©
ph.guignard@air-images.net
Avenue
Daumesnil, Saint-Mandé/Paris XIIe
©
Apur - Vincent Nouailhat |
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Les
hauts lieux du bois |
Des
hauts lieux d’excellence, nature, sport, patrimoine…
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Les
hauts lieux prennent en compte les sites remarquables et reconnus,
ainsi que ceux dont les qualités mériteraient
d’être davantage préservées et mises
en valeur. Ils relèvent souvent de programmes spécifiques
et de patrimoine architectural et paysager.
Aux
côtés d’édifices de grande ampleur
en limite du bois - château de Vincennes, palais de la
Porte Dorée et hôpital de Saint-Maurice -, plusieurs
bâtiments de qualités, bien identifiés et
entretenus, servent à la fois de repères dans
le bois et de lieux de pratiques diversifiées : chalets
des îles, Grande Pagode, pyramide, rocher…
D’autres,
plus confidentiels, gagneraient à être préservés
et valorisés, tant pour leurs qualités architecturale
et paysagère que pour leur potentiel d’usages en
lien avec le bois : la Cipale, la caserne Carnot, le Jardin
d’Agronomie Tropicale, l’hippodrome. Leur localisation
- dans le bois ou sur ses rives, dans des concessions -, leur
niveau d’équipement - restaurants, sanitaires,
vestiaires, volumes bâtis, résistance des sols…
-, leur confère une capacité d’accueil et
diversification d’usages qui mériteraient d’être
étudiées.
Les
hauts lieux concernent aussi les espaces paysagers qui font
l’essence du bois : les massifs forestiers et les grandes
clairières. Ces derniers doivent être préservés,
restaurés voire étendus… en équilibrant
les impératifs patrimoniaux - héritage du XIXe
siècle -, écologiques - faune, flore, qualité
des milieux -, et environnementaux : îlots de fraîcheur…
Ces
enjeux se traduisent par le renforcement des liens entre les
deux massifs forestiers, grâce à l’évolution
des emprises sportives, à la création de continuités
plantées accompagnant de nouvelles promenades, au développement
d’espaces de biodiversité protégés
(ZIEP). Les grandes clairières de Fontenay doivent aussi
être préservées d’un renfermement
trop important des boisements. Le patrimoine des jardins est
considéré à la fois comme paysage patrimonial
mais également comme espaces didactiques liés
au vivant : Parc Floral, JAT, Arboretum, zoo, Ferme de Paris.
L’enrichissement des rapports à l’eau - promenade,
jeux et pratiques aquatiques, biodiversité -, offre toute
une gamme de lieux dont la répartition et le caractère
permanent ou éphémère peuvent guider les
aménagements et les usages : rivières, lacs, mares,
bain, baignade, jeux d’eau.
Leur
situation en limite du bois en fait aussi des lieux potentiels
de qualification des entrées, des espaces qui mériteraient
d’être davantage traversés et mis en relation
: Parc Floral/Cartoucherie, JAT/Cirad, Zoo/lac Daumesnil. Cette
situation se retrouve à une autre échelle au sud
du bois, dans les liens à chercher d’un massif
forestier à l’autre, de l’École Du
Breuil à la Ferme de Paris, en lien avec l’Arboretum
et l’hippodrome.
Les
merveilles des bois naissent de la rencontre de ces caractéristiques
paysagères, architecturales, programmatiques, de la proximité
des lieux singuliers et du territoire environnant - porte Dorée/lac
Daumesnil/Zoo ; esplanade du château/Parc Floral/Cartoucherie
; Porte Jaune/lac des Minimes/chalet et pavillons ; JAT ; secteur
de Gravelle -, des synergies et mutualisations possibles - autour
du vivant, de la nature, de l’agriculture, de la culture
-, des capacités et disponibilités des lieux :
bâtiments abandonnés ou sous-occupés.
L’opportunité
de lancer par exemple des appels à projet groupés,
pour développer des usages et réhabiliter certains
sites, est à explorer pour ces hauts lieux qui sont en
capacité de réinventer les bois.
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Le Parc zoologique de Paris
©
Jacques Leroy -Ville de Paris

Le Parc Floral et la Cartoucherie
©
ph.guignard@air-images.net
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Le château de Vincennes
©
Jacques Leroy -Ville de Paris

La pelouse de Reuilly
© ph.guignard@air-images.net
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Des
hauts lieux à révéler, à rénover |
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Travail du sol avec cheval de trait,
Ferme de Paris ©
Clément Dorval – Ville de Paris
L’École
Du Breuil
©
Apur |
Les
serres historiques du Jardin d’Agronomie Tropicale à
restaurer ©
Apur
- JC Bonijol
Le
vélodrome de la Cipale
©
Apur |
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©
doc Apur in : L’art des Jardins/A. Alphand, baron Ernouf

La rotonde,
la grotte de l’île de Reuilly et le lac Daumesnil en
1886… |
sd [1886], p 123

...et
aujourd’hui, une vue pittoresque préservée
©
Apur |
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..... .Ouvrage
Les bois de Boulogne et de Vincennes : 1840 hectares
de nature à revisiter
................Atelier
parisien d’urbanisme
......... |
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....
Les deux bois restent encore des espaces fragmentés,
à la fois par les infrastructures routières
et par les concessions qui les morcellent. L’enjeu
est d’atteindre un juste équilibre entre les
différents usages, les activités économiques,
la préservation et la valorisation du patrimoine
paysager et bâti et le développement de la
biodiversité.
L'ouvrage présente, 17 ans après les Chartes
des bois, un diagnostic mettant en avant, dans une vision
holistique, les actions réalisées, et esquisse
des pistes d’évolutions. Aujourd’hui,
à la fois l’urgence climatique, les nouvelles
attentes des citadins, et l’exigence patrimoniale
nous invitent à engager une nouvelle étape
de développement des deux bois. Ce diagnostic prospectif
peut constituer un socle commun pour nourrir les échanges
et choix à venir par la Ville de Paris et les collectivités
riveraines..
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©
Apur - Bois de Vincennes
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©
Atelier parisien d’urbanisme, Paris 2020
Directrice
de la publication : Dominique ALBA, directrice générale
de l’Apur
Directrice de la rédaction : Patricia PELLOUX,
directrice adjointe - Rédacteurs en chef
: Patricia PELLOUX et Frédéric BERTRAND
Étude réalisée par : Frédéric
BERTRAND, Florence HANAPPE, Vincent NOUAILHAT, Yann-Fanch
VAULÉON - Avec le concours de : Anne-Marie
VILLOT
Cartographie et traitement statistique : Marie-Thérèse
BESSE, Christine DELAHAYE, Tristan LAITHIER, Nathan PAULOT
Photographies et illustrations : Apur sauf mention
contraire
Dépôt
légal : mai 2020 - ISBN : 978-2-36089-017-0 - ISSN
: 1773-7974
apur.org |
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