Livre blanc Énergies renouvelables : s'inscrire dans l'élan mondial

(2)
Hydroélectricité : Donner à la filière les moyens de jouer son rôle
Solaire photovoltaïque : Faire rayonner la France sur le marché mondial
Solaire thermodynamique : Développer l’offre française pour la porter à l’international


Pour illustrer la révolution mondiale des énergies renouvelables, rappelons quelques chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIÉ) :
les énergies renouvelables électriques représentent plus de 23 % du mix électrique mondial avec un parc de 1 969 gw. L’AIÉ prévoit
une capacité de 825 gw supplémentaires installés en 2021 : + 42 % de croissance. Cette tendance générale est portée
par la compétitivité de ces formes de production d’énergie.
Depuis la publication du précédent Livre blanc
du Syndicat des énergies renouvelables fin 2011, le contexte des énergies renouvelables
en France et dans le monde a profondément évolué.

Hydroélectricité : Donner à la filière les moyens de jouer son rôle

Alors que la contribution de l’hydroélectricité au système électrique ne cesse de croître - équilibrage des énergies variables, capacité de stockage, socle des territoires à énergie positive... -, la filière est aujourd’hui confrontée à un contexte économique dégradé. Pour faire face à cette situation, le SER propose cinq leviers d’actions.

Un outil de production solide

La 1ère filière énergie renouvelable électrique française

Avec plus de 25 000 mw de puissance installée, l’énergie hydraulique délivre chaque année 70 twh d’électricité, soit 65 % de l’électricité produite par les énergies renouvelables, constituant ainsi la 1ère filière de production d’énergie électrique renouvelable en France. L’activité génère plus de 20 000 emplois à l’échelle nationale.
La qualité de l’ingénierie hydraulique française est reconnue au niveau international, les entreprises françaises participant au développement de projets hydroélectriques dans le monde entier. Au-delà de la production d’énergie verte, l’hydroélectricité joue un rôle important dans l’aménagement du territoire avec de nombreux services rendus comme le multi-usage de l’eau ou l’entretien des fleuves et des rivières.
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) prévoit d’augmenter la puissance hydroélectrique de 500 à 750 mw et la production de 2 à 3 twh d’ici 2023. La PPE prévoit également le développement de 1 000 à 2 000 mw de projets de stockage sous forme de Station de Transfert d’Énergie par Pompage entre 2025 et 2030.


Travaux de maintenance à la centrale hydroélectrique CNR de Pierre-Bénite (Rhône)

Cinq propositions pour soutenir la filière

1. Améliorer la gouvernance liée à l’hydroélectricité au niveau de l’État pour mieux articuler les politiques publiques qui lui sont applicables
2. Concilier politique environnementale et énergétique
3. Rémunérer à leur juste valeur les services rendus aux réseaux électriques de transport et de distribution
4. Définir une fiscalité écologique et équitable pour l’hydroélectricité
5. Poursuivre la dynamique de développement de nouvelles capacités et mettre en place un système de soutien pour la rénovation

© CNR/ Stéphanie Tétu – La Company

Solaire photovoltaïque : Faire rayonner la France sur le marché mondial


Installation de panneaux photovoltaïques au Centre Équestre du Vieux Moulin
(Loire-sur-Rhône)
© Helios


Nettoyage et premier tri des plaquettes © EDF ENR PWT


(1) The Power to Change : Solar and Wind Cost Reduction Potential to 2025, irena, 2016.
(2) Arrêté du 10 juillet 2006 fixant les conditions d’achat de l’électricité produite par les installations utilisant l’énergie radiative du soleil telles que visées au 3° de l’article 2 du décret n° 2000-1196 du 6 décembre 2000 (abrogé).
(3) The Power to Change : Solar and Wind Cost Reduction Potential to 2025, irena, 2016.
(4) Renewable Energy – Medium Term Market Report, iea, 2016.
(5) Bloomberg New Energy Finance, 2016.
(6) SER-SOLER, 2016, à partir des données publiques publiées par les fabricants.

Le solaire photovoltaïque devient l’un des moyens de production d’électricité les plus compétitifs. Un consortium européen permettrait de proposer une offre industrielle solide dans un marché mondial en très forte croissance. L’autoconsommation va se développer massivement dans les prochaines années, plaçant le photovoltaïque au coeur de la révolution numérique de l’énergie.

Un contexte favorable

Le prix du kWh photovoltaïque de plus en plus attractif
Aujourd’hui, le regard que le monde entier porte sur le solaire photovoltaïque a changé. Nous devons ce changement de perspective à la décroissance particulièrement rapide qu’ont connue les coûts de cette source d’énergie ces dernières années. Ainsi, le prix des panneaux photovoltaïques a enregistré une baisse de 80 % entre 2009 et 2015, et celui des systèmes complets, une baisse de 59 % (1). En France, le kilowattheure produit par le photovoltaïque au sol est passé de 0,30 €/kwh en 2006 à 0,07 €/kwh en 2016 (2). Cette baisse du prix du kilowattheure va se poursuivre - les prévisions font état d’une baisse de 59 % d’ici à 2025 (3) - et fera bientôt de l’électricité solaire photovoltaïque l’un des moyens de production d’électricité les moins coûteux qui soit, permettant l’accès à l’électricité du plus grand nombre, que ce soit dans les pays développés ou en développement.

Une très forte croissance mondiale

Conséquence directe de cette remarquable baisse des coûts, le parc photovoltaïque mondial est passé de 10 gw en 2006 à 225 gw en 2015. Celui-ci devrait atteindre 547 à 654 gw en 2021 (4), soit une multiplication du parc mondial d’un facteur compris entre 2 et 3 en six ans.

Créer un consortium industriel européen

Un moyen de peser significativement dans le marché mondial
Les ambitions affichées par la France pour les années à venir - 10,2 gw en 2018 et 18,2 à 20,2 gw en 2023 - indiquent la bonne direction. ser-soler estime que la ppe est en phase avec l’objectif de développement qu’il préconise pour permettre à la filière pour se déployer à l’international : un parc installé de 40 gw à l’horizon 2030. Mais, au-delà de l’atteinte de ces objectifs, une question fondamentale – et récurrente – demeure : quelle place la France entend- elle prendre dans le marché mondial du solaire photovoltaïque ?
En effet, il ne reste en Europe que deux pays disposant, à la fois, de centres de recherche mondialement reconnus, d’équipementiers et d’industriels intégrant chaque étape de production d’un panneau solaire : l’Allemagne et la France. Si aucune initiative européenne d’envergure n’est menée, cet écosystème pourrait particulièrement souffrir de la domination asiatique, qui représente d’ores et déjà plus de 90 % du marché, et dont les cinq plus gros acteurs ont porté en 2016 leurs capacités individuelles de production à 5 000 mw par an (5), contre 784 mw (6) par an pour l’ensemble des dix opérateurs français. Ainsi, l’Inde envisage de porter à 5 000 mw par an ses capacités de production d’ici 2019 pour satisfaire une forte demande intérieure, rééquilibrer sa balance commerciale avec la Chine et se positionner sur le marché mondial. Si une installation photovoltaïque ne se réduit pas, bien entendu, à la cellule et au module, il n’en demeure pas moins que ces éléments de la chaîne de la valeur revêtent un caractère éminemment stratégique pour les États préoccupés de leur souveraineté énergétique car ils constituent les éléments actifs de la conversion de la lumière en électricité.

Se positionner à chaque étape
Pour peser économiquement et industriellement sur le marché mondial, nous devons être en mesure de contribuer directement à la r&d, à la conception et à la production de chacune des étapes d’un panneau solaire, et ce, à une échelle suffisante face à nos concurrents internationaux.
Les investissements nécessaires au déploiement d’une usine intégrant les étapes de fabrication d’un panneau solaire photovoltaïque (de la fabrication du lingot à l’encapsulation de la cellule), d’une capacité à terme de 5 000 à 1 0 000 mw, sont aujourd’hui de l’ordre de 5 à 10 milliards d’euros. En regard de ces montants, les États ont un rôle stratégique à jouer. C’est la raison pour laquelle ser-soler lance un appel à la création d’un consortium industriel européen, reposant sur une initiative franco-allemande, et ayant pour ambition de fédérer sur le sol européen chacune des étapes de fabrication d’un panneau solaire photovoltaïque. Ce consortium constituerait le fer-delance d’un écosystème d’industries et de services associés de tout premier plan, et serait orienté vers une réponse solide à la demande mondiale en énergie décarbonée et décentralisée, dont seules les prémices sont perceptibles à ce jour.

L’émergence de nouveaux usages

Vers la révolution numérique de l’énergie
Le photovoltaïque porte en lui une part de rêve : chacun pourrait, grâce à cette technologie, répondre par lui-même et pour lui-même à une part importante de ses besoins électriques, à partir d’une source inépuisable et respectueuse de l’environnement, le soleil. Voilà pourquoi, à travers des applications centralisées ou décentralisées, en injection directe sur le réseau ou en autoconsommation, avec l’émergence des bâtiments et des territoires à énergie positive, le solaire photovoltaïque, du fait de sa grande modularité et de sa progression vers la pertinence économique, va être amené à s’insérer pour longtemps dans notre environnement immédiat. Il va le faire aux côtés des réseaux intelligents, des solutions de stockage, dont le coût ne cesse de baisser, des véhicules électriques, et des technologies de l’information et de la communication, pour constituer le coeur de ce qu’il convient d’appeler la révolution numérique de l’énergie. De cette diversité d’usages, mariée à la richesse de nos territoires de métropole et d’outre-mer, émergeront les idées, les applications et les produits innovants dont le monde entier a besoin.

Nécessité de récurrence et de visibilité
Dans l’attente du déploiement opérationnel de ces solutions, il est néanmoins impératif de maintenir les mécanismes de soutien actuels : soutenir le rythme des appels d’offres pluriannuels avec des volumes suffisants ; maintenir un cadre législatif et réglementaire simple favorable à la production photovoltaïque, qu’elle soit injectée sur le réseau ou autoconsommée ; fixer des objectifs ambitieux de bâtiments à énergie positive en facilitant l’intégration des énergies renouvelables, et du photovoltaïque en particulier, dans toute construction neuve ; soutenir les initiatives collectives de développement de projets à l’international portés par la filière photovoltaïque française. Récurrence, visibilité et taille critique des marchés permettront à la filière d’investir, de gagner en productivité, en qualité, en efficacité et, in fine, en compétitivité.

Des enjeux considérables

Une source de croissance
Les enjeux économiques et de société, associés au solaire photovoltaïque, sont donc considérables. Cette source d’énergie, décarbonée et décentralisée par excellence, est un choix qui, à terme, s’imposera naturellement, en France comme dans le reste du monde. Il est, par conséquent, crucial que les acteurs de l’industrie et des services de la filière photovoltaïque française puissent, dès à présent, se positionner sur ces marchés, source de croissance, de nouveaux métiers et de nombreux emplois, afin d’apporter des innovations et des savoir-faire stratégiques pour notre pays, exportables sur ce marché mondial en pleine mutation.

Solaire thermodynamique : Développer l’offre française pour la porter à l’international

La France est riche d’acteurs sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’industrie du solaire thermodynamique. Cette expertise a été initiée grâce à la réalisation de la première centrale à tour au monde en 1983 : la centrale Thémis dans les Pyrénées-Orientales. Depuis, les acteurs français ont su faire évoluer leurs technologies pour se positionner sur un marché international en forte croissance.

Un marché international en forte croissance

Une accélération dans les pays à fort ensoleillement
Le solaire thermodynamique est l’une des technologies de valorisation du rayonnement solaire direct en chaleur et électricité. Elle consiste à concentrer le rayonnement solaire pour chauffer un fluide à haute température et produire de l’électricité ou alimenter en énergie - vapeur - des procédés industriels : agroalimentaire, extraction de matières premières… Le solaire thermodynamique connaît une accélération de son développement dans les pays du monde dont l’ensoleillement direct est élevé comme en Espagne, en Italie, au Maroc, en Chine, aux Émirats Arabes Unis, ou encore dans l’État de Californie (États-Unis). Cette technologie se distingue par une capacité à stocker l’énergie à moindre coût pour la restituer au réseau à la demande. Elle permet également une production d’énergie thermique à haute température compétitive par rapport aux ressources fossiles.

Une centrale en construction en France

En France, l’appel d’offres solaire clos en juillet 2012 a permis la sélection du projet de Llo de 9 mw avec 4 heures de stockage aujourd’hui en phase de construction dans les Pyrénées-Orientales. Pour promouvoir l’offre des acteurs français, le SER propose plusieurs directions.

Promouvoir l'offre française

1. Lancer une tranche de 100 mw avec stockage longue durée - minimum 4 heures - dédiée au solaire thermodynamique dans le prochain appel d’offres pour des installations solaires d’une puissance supérieure à 500 kw
2. Établir un cadre réglementaire pour subventionner la R&D
3. Étendre le programme Fonds chaleur de l’Ademe aux technologies solaires à concentration

4. Financer la R&D dédiée au solaire thermodynamique au sein d’un Institut pour la transition énergétique

5. Adapter les aides au développement pour mieux soutenir les industriels à l’export

© SUNCNIM
© SUNCNIM
Construction de la centrale solaire à concentration de Ll0 (66), munie de miroirs de Fresnel, d’une puissance de 9 MW
Le Syndicat des énergies renouvelables

Qui sommes-nous ?

Créé en 1993, le Syndicat des énergies renouvelables regroupe, directement ou indirectement, plusieurs milliers d’entreprises, producteurs de ressources - forestiers, agriculteurs -, concepteurs, industriels et installateurs, développeurs et exploitants de centrales de production et associations professionnelles spécialisées, représentant les différentes filières.

Quelle est notre vocation ?

Développer la part des énergies renouvelables dans la production énergétique de la France et promouvoir les intérêts des industriels et professionnels français du secteur.

Qui sont nos adhérents ?

Parmi les adhérents du SER figurent les plus grands énergéticiens mondiaux comme des groupes ou acteurs locaux des énergies renouvelables mais surtout un très grand nombre de PME et d’ETI.

Chiffres clés

360 adhérents qui représentent 80 000 emplois directs

2/3
des adhérents du SER sont composés de PME & ETI

8
filières :

  • Bioénergies : bois énergie, biocarburants, biogaz, déchets ménagers
  • Éolien
  • Énergies marines renouvelables
  • Géothermie
  • Hydroélectricité
  • Solaire photovoltaïque
  • Solaire thermique
  • Solaire thermodynamique


Livre blanc Énergies renouvelables : s'inscrire dans l'élan mondial
Janvier 2017

Rédaction : Syndicat des énergies renouvelables

Le Livre blanc des énergies renouvelables expose les grandes orientations stratégiques visant à donner de la visibilité aux énergies renouvelables, consolider leur cadre réglementaire
et impulser de nouvelles dynamiques industrielles tout en soutenant l’initiative locale. Parallèlement, il détaille des mesures très opérationnelles, filière par filière.
La France dispose des ressources pour participer à l’élan mondial des énergies renouvelables et s’inscrire pleinement dans la révolution énergétique en cours.

 

Livre blanc
Énergies renouvelables : s'inscrire dans l'élan mondial


Directeur de publication : Jean-Louis BAL, Président du SER
Rédaction : Syndicat des énergies renouvelables
Ses permanents : Robin APOLIT, Nicolas AUDIGANE, Élodie BILLEREY, Céline BORTOLOTTI, Ony BURIE,
Cyril CARABOT, Stéphanie CONAN, Paul DUCLOS, Sabrina FUSELIEZ, Louis de GAULMYN, Mathieu GONDOLO, Françoise JOUET, Marlène KIERSNOWSKI, Claire Le GUEN, Delphine LEQUATRE, Marion LETTRY,
Mathilde MATHIEU, Damien MATHON, Catherine MOLTON, Romain POUBEAU, Axel RICHARD.
Ses conseillers : Philippe CHARTIER et Éric GUIGNARD, et ses adhérents.
Conception et réalisation graphique : Atelier Marge Design
Secrétariat de rédaction : Atelier Marge Design

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