Oceans
2015 Initiative
Des
chercheurs analysent le futur des océans
et alertent les décideurs qui se retrouveront en décembre
pour la COP21.
L’Initiative Océans 2015 a pour objectif de fournir
aux négociateurs de COP21 des informations
clés sur le futur des océans. Elle regroupe une vingtaine
d’auteurs issus de laboratoires du monde entier,
préoccupés par le futur de l’océan. Cette initiative
est coordonnée par le CNRS, l’UPMC et l’Iddri. Elle
est soutenue par
la Fondation Prince Albert II de Monaco, le Centre de coordination international
sur l’acidification des océans de l’Agence
Internationale de l’énergie atomique, la Fondation BNP Paribas,
et l’Association Monégasque pour l'acidification des océans.
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L’océan
tempère le réchauffement global du climat au prix d’une
altération profonde de son fonctionnement physique et chimique,
de ses écosystèmes
et des services qu’ils fournissent à l’humanité.
Regroupés sous le nom Oceans 2015 Initiative, une vingtaine
de chercheurs du monde entier, notamment du CNRS,
de l’Iddri et de l'UPMC, publient dans Science une étude
qui évalue et compare, pour deux scénarios contrastés
d’émissions de CO2, les risques d’impacts
sur les écosystèmes marins et côtiers et les services
écosystémiques rendus par les Océans d’ici
à 2100. Avec cette analyse du futur des océans, les chercheurs
souhaitent alerter les décideurs qui se retrouveront en fin d’année
à Paris pour la COP21. Jean-Pierre Gattuso, premier auteur de
l’article,
rappelle queles mers et océans n’ont pas été
jusque-là considéré à leur juste valeur
dans les négociations climatiques.
Notre étude avance des arguments incontestables pour que cela
change dès la COP21.
4 messages-clés :
1. L’avenir de Humanité dépend de celui de l’océan
2. Les impacts sont déjà détectables, à
diverses latitudes
3. Des efforts immédiats de réduction drastique des émissions
de CO2 sont plus que jamais indispensables
4. Plus les émissions augmenteront, moins les solutions pour
faire face aux risques seront nombreuses et efficaces
Depuis
le début des années 1970, l'océan a absorbé
plus de 90 % de l’excès de chaleur liée à
l’augmentation de l’effet de serre,
limitant ainsi la température de l’air mais en réchauffant
l’eau et augmentant le niveau de la mer. Il a également
absorbé
plus du quart des émissions de CO2 d’origine anthropique
depuis 1750, ce qui acidifie l’eau de mer.
Enfin, l’océan reçoit la totalité de l’eau
libérée par la fonte des glaciers et des calottes polaires,
ce qui contribue à l’élévation du niveau
de la mer.
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L’océan,
un acteur clé du changement climatique :
- Il
régule le climat.
- Il
est une réserve de biodiversité :
- il
maintient la vie en réserve.
- Il
nourrit les hommes.
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Figure
:
Modifications physiques et chimiques de l'océan et impact
sur les organismes et les services écosystémiques selon
deux scénarios : atténuation élevée (RCP2.6)
et business-as-usual (RCP8.5). Les changements de température (T)
et de pH (acidité ; pH) en 2090-2099 sont exprimés par rapport
à la période pré-industrielle (1870-1899). L'augmentation
du niveau de la mer (SLR) en 2100 est exprimée par rapport à
1901. RCP2.6 est beaucoup plus favorable à l'océan même
si plusieurs écosystèmes, biens et services restent très
vulnérables. Ce scénario fournit également des options
de gestion plus efficaces. h, l, m : latitudes hautes, moyennes et basses.
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Coraux,
bivalves - huitres, moules - sont impactés.
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Tous
les pays sont exposés, sans division Nord / Sud.
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Les
impacts des émissions de CO2 dans l’atmosphère sur
l’océan, sur ses êtres vivants, sur ses écosystèmes
et sur les activités humaines qui en dépendent sont déjà
détectables, à diverses latitudes. De nombreuses régions
auront à faire face
à des risques impacts élevés bien avant 2100, même
dans le cas d’une trajectoire d’émission bas carbone. |
D’un risque modéré à un risque très
élevé Les chercheurs montrent que même le scénario
à faible émissions, qui correspond à l’objectif
de +2°C en 2100 fixé par l’accord de Copenhague, comporte
des risques de dommages majeurs, notamment sur les coraux tropicaux et
les bivalves des latitudes moyennes. Le risque d’impacts sur d’autres
organismes et écosystèmes restera modéré dans
le cas d’un tel scénario. En revanche, des scénarios
plus émetteurs de CO2 – par exemple si la trajectoire actuelle
des émissions est poursuivie – aggraveront considérablement
la situation : presque tous les organismes étudiés par l’initiative
Océans 2015 (coraux, ptéropodes, poissons, krill, par ex.)
auront à faire face à des risques de dommages très
élevés, tel que des mortalités massives et d'importants
déplacements d'espèces. De même, les services rendus
par les écosystèmes marins et côtiers, la protection
des côtes par les mangroves ou les récifs coralliens, par
exemple, l’aquaculture, le tourisme ou la pêche, auront à
faire face à des risques élevés à très
élevés d’ici à 2100. On s’attend par
exemple à des contraintes fortes sur les pêches tropicales
dès la moitié de ce siècle, même dans le cas
d’un scénario à faible émissions de CO2. Cette
étude montre également que plus l’océan se
réchauffera et s’acidifiera, plus la gamme des solutions
possibles (atténuer, protéger, réparer, adapter)
se réduira. Comment, par exemple, accroître la résilience
de récifs coralliens s’il ne subsiste pas de récifs
en bonne santé ? Certaines options sont aussi antagonistes. Par
exemple, si la gestion du rayonnement solaire est mise en oeuvre pour
limiter l’augmentation de la température, elle aurait l’effet
pervers de réduire les incitations à diminuer les émissions
de gaz à effet de serre, ne réglant donc pas le problème
de l'acidification de l’océan. Au regard de l’étendue
des changements attendus, aucun pays n’est à l’abri,
ce qui fait de cette question un enjeu mondial, au--delà des
classiques divisions Nord/Sud, explique Alexandre Magnan, chercheur
à l’Iddri et co--auteur de l’article.
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Des
efforts immédiats de réduction des émissions de CO2
sont donc plus que jamais indispensables pour prévenir le risque
de modifications brutales et irréversibles des écosystèmes
marins et les services qu’ils nous fournissent.
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Parmi les solutions permettant de faire face à ces
risques, les
options de protection, adaptation et de réparation deviennent
moins nombreuses et moins efficaces au fur et à mesure que
la concentration de CO2 dans l’atmosphère augmentera. Au
regard des futurs possibles mis en lumière dans cet article, les
perspectives d’impacts sur l’océan apportent des arguments
supplémentaires en faveur d’une diminution rapide, rigoureuse
et ambitieuse des émissions de CO2. Un accord global
sur le climat qui ne minimiserait pas les impacts
sur l’océan serait incomplet et inadéquat.
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