Éco-quartier Clichy-Batignolles

(1) Présentation - Ses points forts : énergie - biodiversité, eau et climat


Situé dans le XVIIe arrondissement de Paris, Clichy-Batignolles est un projet ambitieux d’éco-quartier en cours de réalisation.
Comme nombre de grandes opérations parisiennes récentes ou en cours, il investit une emprise foncière historiquement occupée
par des activités logistiques et fortement marquée par la présence d’infrastructures lourdes de transport :
le faisceau ferroviaire Saint-Lazare et le boulevard périphérique.

L’un des enjeux du projet est donc la formation d’un tissu urbain dense dans un environnement contraint, et la création de continuités urbaines entre des quartiers longtemps séparés par cette enclave ferroviaire, afin de créer les conditions d’une production importante de logements, dans un quartier résolument mixte.
Le projet Clichy-Batignolles, aujourd’hui engagé dans la label-lisation ÉcoQuartier délivrée par le ministère de l'Écologie, a été conçu dès l’origine comme un éco-quartier.


La Ville de Paris a voulu faire de Clichy-Batignolles un modèle de développement urbain durable, concrétisant notamment dans ce projet ses ambitions en matière de mixité fonctionnelle et sociale, de sobriété énergétique et de réduction des émis-sions de gaz à effet de serre - Plan Climat -, de biodiversité.


© Vectuel-Studiosezz-PBA - Perspective générale
54 ha
10 ha de parc
3 400 logements
140 000 m2 de bureaux
120 000 m2 pour le palais de justice
et la direction régionale de la police judiciaire
31 000 m2 de commerces, culture, loisirs
38 000 m2 d’équipements publics

© Vectuel-Studiosezz-PBA

Perspective Clichy-Batignolles, palais de justice de Paris

Le parti d’aménagement, qui s’appuie sur la topographie existante, fait de Clichy-Batignolles un espace de liaison entre les quartiers limitrophes. Ainsi, le quartier est organisé autour d’un parc de 10 ha, très accessible et traversant, qui compte déjà parmi les grands parcs parisiens. Le palais de justice de Paris s’installera dans un bâtiment emblématique de 160 m conçu par l’architecte inter-national Renzo Piano. Les programmes immobiliers, à vocation résidentielle ou tertiaire, font de Clichy-Batignolles à la fois un quartier à vivre et un pôle tertiaire. À terme, Clichy-Batignolles réunira 7 500 habitants et 12 700 emplois. Ils bénéficieront d’une excellente desserte en transports en commun, assurée par deux lignes de métro, dont l’extension de la ligne 14 dans le cadre du Grand Paris Express, deux lignes de trains régionaux et une ligne de tramway.


Énergie
 

Économies d'énergie :
des bâtiments peu énergivores

Les consommations énergétiques des bâtiments sont limitées à 50 kWh/ m2/an soit en dessous de la réglementation thermique en vigueur à Paris : RT 2012 : de l’ordre de 70 kWh/m2/an pour les logements.*
Les besoins en chauffage, poste domestique le plus énergivore, ne doivent pas dépasser 15 kWh/m2/an, soit un niveau équivalent au label allemand Passiv Haus.

Afin d’atteindre ces objectifs, la conception des bâtiments vise à limiter leurs besoins en énergie primaire :

• Compacité des volumes pour limiter les zones de contact avec l’extérieur
• Double orientation et protections solaires, végétalisation des toitures
• Isolation par l’extérieur

Des solutions innovantes de régulation thermique et de récupération d’énergie permettent d’optimiser les consommations des usagers.
Les dispositifs de climatisation sont réduits au strict minimum afin de limiter les consommations d’électricité pour des usages spécifiques de type locaux serveur ou appoint lors des périodes de canicule.
Avec moins de 75 kWh/m2/an, soit environ la moitié de la consommation des plus récentes tours de bureaux livrées à La Défense, le palais de justice de Paris devient une nouvelle référence de consommation éner-gétique pour un immeuble de grande hauteur.

* Pour les logements, la réglementation permet de déduire la production d’électricité photovoltaïque dans le calcul des consommations, à hauteur de 12 kWh/m2/an. Sur Clichy- Batignolles, la production photovoltaïque n’est pas déduite. Les bâtiments doivent donc être très performant pour atteindre 50 kWh/m2/an.

À terme, Clichy-Batignolles représentera plus de 550 000 m2 de surfaces de plancher.
En France, les bâtiments tertiaires et résidentiels représentent près de 25 % des émissions de gaz à effets de serre et 43 % des consommations totales
d’énergie finale.
Source : ministère de l’Écologie

© Sergio Grazia

Compacité : Lot E1 Paris Habitat et Franklin Azzi

Une forme cubique très compacte, qui réduit au maximum les surfaces donnant sur l’extérieur, principaux lieux des déperditions thermiques, et une double isolation extérieure en laine minérale très performante assurent au bâtiment un besoin minimal en énergie primaire.
© Sergio Grazia

Dalle thermique
Lot 05 Jean-Paul Viguier et Search Architecture

La masse de béton du bâtiment est utilisée comme réservoir de chaleur ou de fraîcheur et permet de chauffer ou de rafraîchir avec des besoins énergétiques faibles : les plateaux de bureaux sont refroidis naturellement en été et la base du chauffage est assurée en hiver.

Conception bioclimatique
Lot 07 Chartier-Dalix + Brenac &Gonzalez

La façade présente une variation des surfaces vitrées, importantes dans les étages inférieurs, plus réduites à mesure que l’on prend de la hauteur, qui assure un bon équilibre entre apport de chaleur et de lumière naturelle et protection solaire.

Double orientation

Lot 01 Le Penhuel, Saison Menu et Sud Architectes
Dans ce bâtiment de logements les accès au soleil d’hiver sont maximisés par la double orientation de la quasi-totalité des logements.

Puits canadien
Lot E4 Philéas K Architecte

Le centre de loisir du groupe scolaire est réchauffé à moindres frais grâce à l’utilisation d’un puits canadien. Cette technique utilise de manière passive l’énergie géothermique : l’air extérieur passe par une conduite dans le sol, plus chaud que l’air en hiver, où il se réchauffe avant de se diffuser.

Récupération de la chaleur des eaux grises
Lot E7 Antonini et Darmon

Les eaux issues des lavabos, éviers, machines à laver, douches… sont acheminées vers une station en sous-sol où leur chaleur est récupérée puis réinjectée dans l’installation de production d’eau chaude sanitaire. On couvre ainsi 58 % des besoins en énergie pour l’eau chaude sanitaire.

© Chartier-Dalix - Brenac & Gonzalez


Rafraîchissement géothermique
Lot 03 Le Penhuel, Saison Menu, Sud Architecte

Le rafraîchissement par géothermie ou geocooling permet ici d’utiliser directement et avec un rendement inégalé - sans pertes dues à l’utilisation d’une pompe à chaleur - la fraîcheur de l’eau du sous-sol pour faire baisser la température des bureaux.
Rafraîchissement adiabatique
Plusieurs immeubles de bureaux utilisent cette méthode ancienne consistant à faire passer l’air chaud et sec à travers un échangeur humide qui le refroidit par l’évaporation de l’eau.

Géothermie : une énergie renouvelable pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire

Tous les bâtiments de Clichy-Batignolles seront raccordés à un réseau de chaleur alimenté par géothermie, c’est-à-dire utilisant la chaleur naturelle d’une nappe d’eau chaude souterraine. La géothermie permet d’assurer une production de chaleur comprenant au moins 85 % d’énergies renouvelables ou fatales : le chauffage urbain parisien restant nécessaire en appoint pour répondre aux besoins du quartier. Les émissions de CO2 sont très faibles, générées essentiellement par l’électricité des pompes à chaleur. On économise ainsi près de 4 000 tonnes de CO2 par an par rapport à un réseau de chaleur fonctionnant au gaz, soit les émissions générées par le chauffage de 3 000 appartements.

   

Fonctionnement de la géothermie
De l’eau à 28° est puisée à 650 m de profondeur dans la nappe de l’Albien par Eau de Paris. Acheminée jusqu’à des échangeurs à plaque calorifugés, l’eau transmet alors sa chaleur, à travers un système de pompes, à un réseau urbain de la Compagnie parisienne de chauffage urbain qui distribue la chaleur aux différents bâtiments puis aux canalisations de chauffage et d’eau chaude sanitaire qui atteignent des températures respectives de 45° et 65°. L’eau est ensuite renvoyée dans la nappe à 650 m de profondeur à une température de 10° pour se recharger en chaleur. La séparation de ce système en trois réseaux distincts et son fonctionnement en boucle permettent de préserver l’eau de la nappe de toute pollutionet de bénéficier d’une énergie renouvelable et disponible à volonté.

 

Solaire : un quartier producteur d’électricité

Des panneaux photovoltaïques sont installés partout où ils peuvent produire de manière optimale de l’électricité à savoir sur les toitures les mieux exposées mais aussi sur certaines façades.

Les cellules photovoltaïques intégrées aux panneaux captent et trans-forment la lumière du soleil en courant électrique. 35 000 m2 de panneaux seront installés à terme sur site, où ils produiront près de 3 500 MWh/an. Le courant électrique produit, acheté par EDF, est injecté dans le réseau général d’électricité.
Les panneaux photovoltaïques produisent une énergie équivalente à envi-ron 40% de la consommation d’électricité des bâtiments de Clichy-Ba-tignolles, liée essentiellement à l’éclairage.

Vue aérienne sur les toitures photovoltaïques

© Sergio Grazia

© Philippe Guignard - Air Images

Intégration architecturale des panneaux photovoltaïques
Lot E2 Périphériques
L’immeuble de logements Quintessence accueille sur son toit une centrale électrique de plus de 600 m2 produisant par an l’équivalent de la consommation électrique de 30 foyers environ. Le jeu de pente sur la partie supérieure du bâtiment permet d’intégrer les cellules photovoltaïques dans le plan des toitures selon une exposition très favorable et... esthétique.

Des panneaux en façades :
Lot 05 Viguier et Associés + Agence Search
Pour atteindre une production photovoltaïque annuelle de 248 000 kWh, deux dispositifs sont prévus : des panneaux classiques situés sur les quatre toitures du bâtiment mais également 388 brise-soleil photovoltaïques en silicium monocristallin installés en façade. L’orientation sud, le haut rendement des panneaux - plus de 18 % - et une pente de l’ordre de 30° leur assurent une production optimale d’électricité.

Biodiversité
, eau et climat

Biodiversité : Une place centrale faite au vivant


© Sergio Grazia

Le parc et les espaces de nature de l’éco-quartier viennent compléter la trame verte du nord-ouest parisien, support indispensable au maintien de la biodi-versité régionale.
Au grand parc de 10 ha s’ajoutent plus de 6 500 m2 d’espaces verts privés en coeur d’îlot et 16 000 m2 de toitures végétalisées qui assurent aux espèces des relais écologiques de proche en proche.
La conception des espaces verts réunit une grande diversité de milieux, offrant les conditions nécessaires à l’habitat de nombreuses espèces : grands arbres, arbustes, herbacées, ronciers, zones pierreuses, mais aussi bassins et fossés humides. Au total, près de 500 espèces végétales sont présentes dans le parc Martin Luther King.
Les essences sont choisies pour leurs vertus écologiques : les oiseaux apprécient les baies des amélanchiers ; aux platanes ont été préférés les tilleuls, dont les feuilles mortes font un meilleur compost ; les graminées réclament peu d’irrigation…
Le parc fait l’objet d’une gestion raisonnée et différenciée, adaptée à chaque type de végétation. Il a reçu le label Écojardin en 2015, référence de gestion écologique des espaces verts.

 

Bassin biotope
Le parc accueille un bassin paysager biotope, rare dans les jardins parisiens, propice à la reproduction de nombreuses espèces animales et végétales. Plantes aquatiques, canards, poules d’eau, libellules et grenouilles forment ainsi un écosystème riche au coeur du quartier.

Une gestion différenciée des milieux
Un guide référençant chaque espèce permet aux jardiniers du parc d’adapter leur gestion selon les besoins de chacune. Les degrés et les fréquences d’arrosage, de taille et d’entretien sont propres à chaque milieu : constant et intense pour les plates-bandes fleuries, plus souple et rare pour les bords des fossés humides où se cachent insectes et batraciens.
© QuerKraft Architekten - Sam Architecture

Vue sur le coeur d’îlot et les toitures végétalisées

Un grand jardin en coeur d’îlot
Lot 04b Aavp+Aires Mateus
Ce bâtiment résidentiel accueille en son coeur un jardin en pleine terre de plus de 500 m2. Ses trois strates, arborée, arbustive et herbacée, lui confèrent une diversité de milieux très favorable au développement de la faune et de la flore.


Schéma de principe lot 04b - © Aavp - Aires Mateus


Eaux pluviales : Favoriser le cycle naturel de l’eau

Les chaussées imperméables ne représentent que 12 % de la superficie totale de l’éco-quartier.

Grâce au parc et aux nombreux espaces végétalisés en toiture comme en coeur d’îlot, les volumes d’eau pluviale rejetés au réseau sont limités à 50% dans l’espace public et à 70 % sur les parcelles privées.

Dans l’espace privé, la gestion de l’eau se fait à la parcelle. Les eaux ruisselantes collectées sont employées à l’arrosage des espaces verts, au lavage des sols ou aux WC, seules les quantités excédentaires étant reje-tées au réseau.

La végétalisation de 30 % environ des surfaces de toiture participe à la gestion naturelle des eaux pluviales et à la création d’un microclimat plus frais en favorisant le rejet de vapeur d’eau dans l’atmosphère.
Dans le parc, les eaux de pluie sont collectées et acheminées vers les milieux humides. En outre, elles couvrent 40 % des besoins en irrigation du parc.

© Jean-Claude Forget - Mairie de Paris
 
© Polymago

Récupération des eaux de pluie pour alimenter le bassin biotope
L’importance des surfaces perméables du parc favorise l’infiltration naturelle des eaux pluviales dans la nappe phréatique. Le surplus est récupéré dans un fossé humide à ciel ouvert puis stocké dans une cuve située en sous-sol et alimentant un bassin biotope. Les plantes aquatiques filtrantes présentes dans ce bassin épurent l’eau naturellement. En période sèche, une pompe fonctionnant à l’énergie éolienne prélève dans la cuve de quoi remplir les fossés humides.
 

Adaptation au réchauffement climatique : lutter contre l’îlot de chaleur urbain

Anticipant la fréquence croissante des épisodes caniculaires, l’éco-quartier est conçu pour se prémunir contre les îlots de chaleur urbains : élévations locales de température de l’air et des surfaces.
Le parc agit comme un véritable climatiseur urbain grâce à l’ombre des arbres et au phénomène naturel d’évapo-transpiration généré par ses végétaux. Ceux-ci recueillent l’eau de pluie, d’arrosage ou l’eau du sous-sol et les transforment en vapeur d’eau qui rafraîchit l’air ambiant. Ce phénomène est accentué par une forte présence de l’eau dans le parc, et par la diffusion de la végétation en coeurs d’îlots, sur les toitures, les murs et façades des bâtiments.

L’eau protéiforme du parc
Les jets d’eau et fontaines favorisent l’évaporation. Les quatre bassins d’eau étale et les fossés humides stockent beaucoup moins de chaleur que les surfaces minérales, ce qui facilite le refroidissement nocturne. Le canal planté, d’une longueur de 300 m, agit comme un circuit de refroidissement au coeur du parc.

© Sergio Grazia

© TVK - Tolila Gilliland

Des îlots de fraîcheur au sein des immeubles
Lot 08 TVK + Tolila Gilliland
Ce bâtiment multi-programmes ménage plus de 3 200 m2 de surfaces
végétalisées en pleine terre, sur dalle et en toiture. Jardins plantés, grands arbres, prairies et haies permettent ainsi d’atteindre un coefficient de régulation thermique - capacité à ne pas piéger la chaleur - très élevé pour un îlot aussi dense.

Rédactrice du dossier : Jeanne Bazard

© Sergio Grazia
Mur végétal
Lot E4 Philéas K Architecte
L’école Bernard Buffet et la résidence pour étudiants Martin Luther King se partagent un mur végétalisé de 520 m2 dont les plantes rafraîchissent l’air ambiant.


L'éco-quartier Clichy-Batignolles : une référence de développement urbain durable à Paris


Aménageur du projet Clichy-Batignolles : Paris Batignolles Aménagement

Société publique locale au capital de 6 M€
Détenue par la Ville et le Département de Paris, elle est présidée par Annick Lepetit et dirigée par Jean-François Danon.
PBA est concessionnaire des ZAC Cardinet Chalabre et Clichy-Batignolles.

La conception urbaine et paysagère du projet a été assurée par l’architecte urbaniste François Grether, Grand Prix de l’Urbanisme 2012,
la paysagiste Jacqueline Osty, et le bureau d’études technique OGI. Le parti d’aménagement, qui s’appuie sur la topographie existante,
fait de Clichy-Batignolles un espace de liaison entre les quartiers limitrophes.

Les visuels signés Sergio Grazia sont exceptionnellement reproduits avec l'autorisation du photographe, et ont pour source : sergiograzia.fr

clichy-batignolles.fr