L’un des enjeux du projet est donc la formation
d’un tissu urbain dense dans un environnement contraint,
et la création de continuités urbaines entre des
quartiers longtemps séparés par cette enclave
ferroviaire, afin de créer les conditions d’une
production importante de logements, dans un quartier résolument
mixte.
Le projet Clichy-Batignolles, aujourd’hui engagé
dans la label-lisation ÉcoQuartier délivrée
par le ministère de l'Écologie, a été
conçu dès l’origine comme un éco-quartier.
La Ville de Paris a voulu faire de Clichy-Batignolles un modèle
de développement urbain durable, concrétisant
notamment dans ce projet ses ambitions en matière de
mixité fonctionnelle et sociale, de sobriété
énergétique et de réduction des émis-sions
de gaz à effet de serre - Plan Climat -, de biodiversité.
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Vectuel-Studiosezz-PBA
- Perspective générale |
54 ha
10 ha de parc
3 400 logements
140 000 m2 de bureaux
120 000 m2 pour le palais de justice
et la direction régionale de la police judiciaire
31 000 m2 de commerces, culture, loisirs
38 000 m2 d’équipements publics
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Vectuel-Studiosezz-PBA
Perspective
Clichy-Batignolles, palais de justice de Paris
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Le parti d’aménagement, qui s’appuie sur la
topographie existante, fait de Clichy-Batignolles un espace de
liaison entre les quartiers limitrophes. Ainsi, le quartier est
organisé autour d’un parc de 10 ha, très accessible
et traversant, qui compte déjà parmi les grands
parcs parisiens. Le palais de justice de Paris s’installera
dans un bâtiment emblématique de 160 m conçu
par l’architecte inter-national Renzo Piano. Les programmes
immobiliers, à vocation résidentielle ou tertiaire,
font de Clichy-Batignolles à la fois un quartier à
vivre et un pôle tertiaire. À terme, Clichy-Batignolles
réunira 7 500 habitants et 12 700 emplois. Ils bénéficieront
d’une excellente desserte en transports en commun, assurée
par deux lignes de métro, dont l’extension de la
ligne 14 dans le cadre du Grand Paris Express, deux lignes de
trains régionaux et une ligne de tramway. |
Énergie
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Économies d'énergie :
des bâtiments peu énergivores
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Les consommations énergétiques des bâtiments
sont limitées à 50 kWh/ m2/an soit en dessous de
la réglementation thermique en vigueur à Paris :
RT 2012 : de l’ordre de 70 kWh/m2/an pour les logements.*
Les besoins en chauffage, poste domestique le plus énergivore,
ne doivent pas dépasser 15 kWh/m2/an, soit un niveau équivalent
au label allemand Passiv Haus.
Afin d’atteindre ces objectifs, la conception des bâtiments
vise à limiter leurs besoins en énergie primaire
:
• Compacité des volumes pour limiter les zones de
contact avec l’extérieur
• Double orientation et protections solaires, végétalisation
des toitures
• Isolation par l’extérieur
Des
solutions innovantes de régulation thermique et de récupération
d’énergie permettent d’optimiser les consommations
des usagers.
Les dispositifs de climatisation sont réduits au strict
minimum afin de limiter les consommations d’électricité
pour des usages spécifiques de type locaux serveur ou appoint
lors des périodes de canicule.
Avec moins de 75 kWh/m2/an, soit environ la moitié de la
consommation des plus récentes tours de bureaux livrées
à La Défense, le palais de justice de Paris devient
une nouvelle référence de consommation éner-gétique
pour un immeuble de grande hauteur.
*
Pour les logements, la réglementation permet de déduire
la production d’électricité photovoltaïque
dans le calcul des consommations, à hauteur de 12 kWh/m2/an.
Sur Clichy- Batignolles, la production photovoltaïque n’est
pas déduite. Les bâtiments doivent donc être
très performant pour atteindre 50 kWh/m2/an.
À
terme, Clichy-Batignolles représentera plus de 550 000
m2 de surfaces de plancher.
En France, les bâtiments tertiaires et résidentiels
représentent près de 25 % des émissions de
gaz à effets de serre et 43 % des consommations totales
d’énergie finale. Source
: ministère de l’Écologie |
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Sergio Grazia
Compacité : Lot E1 Paris Habitat et Franklin Azzi
Une forme cubique très compacte, qui réduit au
maximum les surfaces donnant sur l’extérieur, principaux
lieux des déperditions thermiques, et une double isolation
extérieure en laine minérale très performante
assurent au bâtiment un besoin minimal en énergie
primaire.
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Sergio Grazia

Dalle
thermique
Lot 05 Jean-Paul Viguier et Search Architecture
La masse de béton du bâtiment est utilisée
comme réservoir de chaleur ou de fraîcheur et permet
de chauffer ou de rafraîchir avec des besoins énergétiques
faibles : les plateaux de bureaux sont refroidis naturellement
en été et la base du chauffage est assurée
en hiver.
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Conception
bioclimatique
Lot 07 Chartier-Dalix + Brenac &Gonzalez
La façade présente une variation des surfaces vitrées,
importantes dans les étages inférieurs, plus réduites
à mesure que l’on prend de la hauteur, qui assure
un bon équilibre entre apport de chaleur et de lumière
naturelle et protection solaire.
Double orientation
Lot 01 Le Penhuel, Saison Menu et Sud Architectes
Dans ce bâtiment de logements les accès au soleil
d’hiver sont maximisés par la double orientation
de la quasi-totalité des logements.
Puits canadien
Lot E4 Philéas K Architecte
Le centre de loisir du groupe scolaire est réchauffé
à moindres frais grâce à l’utilisation
d’un puits canadien. Cette technique utilise de manière
passive l’énergie géothermique : l’air
extérieur passe par une conduite dans le sol, plus chaud
que l’air en hiver, où il se réchauffe avant
de se diffuser.
Récupération
de la chaleur des eaux grises
Lot E7 Antonini et Darmon
Les eaux issues des lavabos, éviers, machines à
laver, douches… sont acheminées vers une station
en sous-sol où leur chaleur est récupérée
puis réinjectée dans l’installation de production
d’eau chaude sanitaire. On couvre ainsi 58 % des besoins
en énergie pour l’eau chaude sanitaire.
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Chartier-Dalix - Brenac & Gonzalez |

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Rafraîchissement
géothermique
Lot 03 Le Penhuel, Saison Menu, Sud Architecte
Le rafraîchissement par géothermie ou geocooling
permet ici d’utiliser directement et avec un rendement inégalé
- sans pertes dues à l’utilisation d’une pompe
à chaleur - la fraîcheur de l’eau du sous-sol
pour faire baisser la température des bureaux. |
Rafraîchissement
adiabatique
Plusieurs immeubles de bureaux utilisent cette méthode ancienne
consistant à faire passer l’air chaud et sec à
travers un échangeur humide qui le refroidit par l’évaporation
de l’eau. |
Géothermie : une énergie renouvelable pour
le chauffage et l’eau chaude sanitaire
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Tous
les bâtiments de Clichy-Batignolles seront raccordés
à un réseau de chaleur alimenté par géothermie,
c’est-à-dire utilisant la chaleur naturelle d’une
nappe d’eau chaude souterraine. La géothermie permet
d’assurer une production de chaleur comprenant au moins
85 % d’énergies renouvelables ou fatales : le chauffage
urbain parisien restant nécessaire en appoint pour répondre
aux besoins du quartier. Les émissions de CO2 sont très
faibles, générées essentiellement par l’électricité
des pompes à chaleur. On économise ainsi près
de 4 000 tonnes de CO2 par an par rapport à un réseau
de chaleur fonctionnant au gaz, soit les émissions générées
par le chauffage de 3 000 appartements.
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Fonctionnement
de la géothermie
De l’eau à 28° est puisée
à 650 m de profondeur dans la nappe de l’Albien par
Eau de Paris. Acheminée jusqu’à des échangeurs
à plaque calorifugés, l’eau transmet alors
sa chaleur, à travers un système de pompes, à
un réseau urbain de la Compagnie parisienne de chauffage
urbain qui distribue la chaleur aux différents bâtiments
puis aux canalisations de chauffage et d’eau chaude sanitaire
qui atteignent des températures respectives de 45°
et 65°. L’eau est ensuite renvoyée dans la nappe
à 650 m de profondeur à une température de
10° pour se recharger en chaleur. La séparation de
ce système en trois réseaux distincts et son fonctionnement
en boucle permettent de préserver l’eau de la nappe
de toute pollutionet de bénéficier d’une énergie
renouvelable et disponible à volonté.
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Solaire : un quartier producteur d’électricité |
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Des panneaux photovoltaïques sont installés partout
où ils peuvent produire de manière optimale de
l’électricité à savoir sur les toitures
les mieux exposées mais aussi sur certaines façades.
Les cellules photovoltaïques intégrées aux
panneaux captent et trans-forment la lumière du soleil
en courant électrique. 35 000 m2 de panneaux seront installés
à terme sur site, où ils produiront près
de 3 500 MWh/an. Le courant électrique produit, acheté
par EDF, est injecté dans le réseau général
d’électricité.
Les panneaux photovoltaïques produisent une énergie
équivalente à envi-ron 40% de la consommation
d’électricité des bâtiments de Clichy-Ba-tignolles,
liée essentiellement à l’éclairage.
Vue
aérienne sur les toitures photovoltaïques
©
Sergio Grazia

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©
Philippe Guignard
- Air
Images
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Intégration
architecturale des panneaux photovoltaïques
Lot E2 Périphériques
L’immeuble
de logements Quintessence accueille sur son toit une centrale
électrique de plus de 600 m2 produisant par an l’équivalent
de la consommation électrique de 30 foyers environ. Le
jeu de pente sur la partie supérieure du bâtiment
permet d’intégrer les cellules photovoltaïques
dans le plan des toitures selon une exposition très favorable
et... esthétique.
Des panneaux en façades :
Lot 05 Viguier et Associés + Agence Search
Pour atteindre une production photovoltaïque annuelle de
248 000 kWh, deux dispositifs sont prévus : des panneaux
classiques situés sur les quatre toitures du bâtiment
mais également 388 brise-soleil photovoltaïques en
silicium monocristallin installés en façade. L’orientation
sud, le haut rendement des panneaux - plus de 18 % - et une pente
de l’ordre de 30° leur assurent une production optimale
d’électricité. |
Biodiversité,
eau et climat |
Biodiversité : Une place centrale faite au vivant
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Sergio Grazia |
Le parc et les espaces de nature de l’éco-quartier
viennent compléter la trame verte du nord-ouest parisien,
support indispensable au maintien de la biodi-versité
régionale.
Au grand parc de 10 ha s’ajoutent plus de 6 500 m2 d’espaces
verts privés en coeur d’îlot et 16 000 m2
de toitures végétalisées qui assurent aux
espèces des relais écologiques de proche en proche.
La conception des espaces verts réunit une grande diversité
de milieux, offrant les conditions nécessaires à
l’habitat de nombreuses espèces : grands arbres,
arbustes, herbacées, ronciers, zones pierreuses, mais
aussi bassins et fossés humides. Au total, près
de 500 espèces végétales sont présentes
dans le parc Martin Luther King.
Les essences sont choisies pour leurs vertus écologiques
: les oiseaux apprécient les baies des amélanchiers
; aux platanes ont été préférés
les tilleuls, dont les feuilles mortes font un meilleur compost
; les graminées réclament peu d’irrigation…
Le parc fait l’objet d’une gestion raisonnée
et différenciée, adaptée à chaque
type de végétation. Il a reçu le label
Écojardin en 2015, référence de
gestion écologique des espaces verts.
Bassin
biotope
Le parc accueille un bassin paysager biotope, rare dans les
jardins parisiens, propice à la reproduction de nombreuses
espèces animales et végétales. Plantes
aquatiques, canards, poules d’eau, libellules et grenouilles
forment ainsi un écosystème riche au coeur du
quartier.
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Une
gestion différenciée des milieux
Un guide référençant chaque espèce permet
aux jardiniers du parc d’adapter leur gestion selon les besoins
de chacune. Les degrés et les fréquences d’arrosage,
de taille et d’entretien sont propres à chaque milieu
: constant et intense pour les plates-bandes fleuries, plus souple
et rare pour les bords des fossés humides où se cachent
insectes et batraciens. |
©
QuerKraft Architekten - Sam Architecture

Vue
sur le coeur d’îlot et les toitures végétalisées
Un
grand jardin en coeur d’îlot
Lot 04b Aavp+Aires Mateus
Ce bâtiment résidentiel accueille en son coeur un
jardin en pleine terre de plus de 500 m2. Ses trois strates, arborée,
arbustive et herbacée, lui confèrent une diversité
de milieux très favorable au développement de la
faune et de la flore. |
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Schéma
de principe lot 04b - ©
Aavp - Aires Mateus
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Eaux pluviales : Favoriser le cycle naturel de l’eau |
Les
chaussées imperméables ne représentent que
12 % de la superficie totale de l’éco-quartier.
Grâce au parc et aux nombreux espaces végétalisés
en toiture comme en coeur d’îlot, les volumes d’eau
pluviale rejetés au réseau sont limités à
50% dans l’espace public et à 70 % sur les parcelles
privées.
Dans l’espace privé, la gestion de l’eau se
fait à la parcelle. Les eaux ruisselantes collectées
sont employées à l’arrosage des espaces verts,
au lavage des sols ou aux WC, seules les quantités excédentaires
étant reje-tées au réseau.
La végétalisation de 30 % environ des surfaces de
toiture participe à la gestion naturelle des eaux pluviales
et à la création d’un microclimat plus frais
en favorisant le rejet de vapeur d’eau dans l’atmosphère.
Dans le parc, les eaux de pluie sont collectées et acheminées
vers les milieux humides. En outre, elles couvrent 40 % des besoins
en irrigation du parc. |
©
Jean-Claude Forget - Mairie de Paris
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©
Polymago

Récupération des eaux de pluie pour alimenter
le bassin biotope
L’importance des surfaces perméables du parc favorise
l’infiltration naturelle des eaux pluviales dans la nappe
phréatique. Le surplus est récupéré
dans un fossé humide à ciel ouvert puis stocké
dans une cuve située en sous-sol et alimentant un bassin
biotope. Les plantes aquatiques filtrantes présentes dans
ce bassin épurent l’eau naturellement. En période
sèche, une pompe fonctionnant à l’énergie
éolienne prélève dans la cuve de quoi remplir
les fossés humides. |
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Adaptation au réchauffement climatique : lutter contre l’îlot
de chaleur urbain
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Anticipant
la fréquence croissante des épisodes caniculaires,
l’éco-quartier est conçu pour se prémunir
contre les îlots de chaleur urbains : élévations
locales de température de l’air et des surfaces.
Le parc agit comme un véritable climatiseur urbain
grâce à l’ombre des arbres et au phénomène
naturel d’évapo-transpiration généré
par ses végétaux. Ceux-ci recueillent l’eau
de pluie, d’arrosage ou l’eau du sous-sol et les transforment
en vapeur d’eau qui rafraîchit l’air ambiant.
Ce phénomène est accentué par une forte présence
de l’eau dans le parc, et par la diffusion de la végétation
en coeurs d’îlots, sur les toitures, les murs et façades
des bâtiments.
L’eau
protéiforme du parc
Les jets d’eau et fontaines favorisent l’évaporation.
Les quatre bassins d’eau étale et les fossés
humides stockent beaucoup moins de chaleur que les surfaces minérales,
ce qui facilite le refroidissement nocturne. Le canal planté,
d’une longueur de 300 m, agit comme un circuit de refroidissement
au coeur du parc. |
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Sergio Grazia  |
©
TVK - Tolila Gilliland

Des
îlots de fraîcheur au sein des immeubles
Lot 08 TVK + Tolila Gilliland
Ce bâtiment multi-programmes ménage plus de 3 200
m2 de surfaces
végétalisées en pleine terre, sur dalle
et en toiture. Jardins plantés, grands arbres, prairies
et haies permettent ainsi d’atteindre un coefficient de
régulation thermique - capacité à ne pas
piéger la chaleur - très élevé
pour un îlot aussi dense.
Rédactrice
du dossier : Jeanne
Bazard
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Sergio Grazia
Mur
végétal
Lot E4 Philéas K Architecte
L’école Bernard Buffet et la résidence pour
étudiants Martin Luther King se partagent un mur végétalisé
de 520 m2 dont les plantes rafraîchissent l’air ambiant.
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L'éco-quartier
Clichy-Batignolles : une référence de développement
urbain durable à Paris
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Aménageur
du projet Clichy-Batignolles
: Paris Batignolles Aménagement
Société publique locale au capital de
6 M€
Détenue par la Ville et le Département de Paris,
elle est présidée par Annick Lepetit et dirigée
par Jean-François Danon.
PBA est concessionnaire des ZAC Cardinet Chalabre et Clichy-Batignolles.
La
conception urbaine et paysagère du projet a été
assurée par l’architecte urbaniste François
Grether, Grand Prix de l’Urbanisme 2012,
la paysagiste Jacqueline Osty, et le bureau d’études
technique OGI. Le parti d’aménagement, qui s’appuie
sur la topographie existante,
fait de Clichy-Batignolles un espace de liaison entre les quartiers
limitrophes.
Les
visuels signés Sergio Grazia sont exceptionnellement
reproduits avec l'autorisation du photographe, et ont pour source
: sergiograzia.fr
clichy-batignolles.fr
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